Mouhamadou Youssifou : "Le Maroc a placé la barre très haut"    Ouahbi face aux avocats : Après une trêve fragile, la discorde ! [INTEGRAL]    Interview avec Pr Mohamed Taher Sraïri : « Si la pluviométrie se maintient, la croissance agricole sera robuste »    CAN 2025 : Les Lions de l'Atlas sereins avant d'affronter la Zambie    Globe Soccer Awards 2025 : Dembélé au sommet, le PSG et le Barça à l'honneur    CAN 2025: Los Leones del Atlas tranquilos antes de enfrentarse a Zambia    Moroccan national team gears up for decisive Africa Cup clash against Zambia    Missing student's body recovered days after floods in Tinghir province    Exercice « Acharq 25 » : les FAR resserrent les rangs face aux menaces conventionnelles    Service militaire : Fin de la première phase de formation des appelés du 40e contingent    Ouahbi face aux avocats : Après une trêve fragile, la discorde !    CAN Maroc 2025 : le Nigéria déjà qualifié, suspense total dans les groupes C et D    Mercato : Gessime Yassine dans le viseur de deux clubs de Ligue 1    La "Bûche de la Fraternité" rassemble chrétiens, juifs et musulmans à Casablanca    Atlantic Business International passe sous contrôle total de BCP    Fiscalité : Le FMI salue la digitalisation de plus de 90 % des procédures au Maroc    Interview avec Rabiaa Harrak : « Face aux fléaux climatiques, une coopération internationale s'impose pour protéger notre patrimoine culturel »    MAGAZINE : Chris Rea, la guitare perd son slide    CAN 2025 : Lekjaa présent lors de la dernière séance d'entrainement des Lions de l'Atlas    Trump se félicite d'un appel téléphonique "très productif" avec Poutine    En crise avec la Somalie, le Maroc ne condamne pas la reconnaissance par Israël du Somaliland    La « Bûche de la Fraternité » rassemble chrétiens, juifs et musulmans à Casablanca    Santé : les syndicats annoncent une grève nationale fin janvier    CAN 2025: Le Soudan prend le dessus sur la Guinée Equatoriale    CAN 2025 : Regragui tente de rassurer sur la suite de la compétition, et annonce le retour de Hakimi    Stress hydrique : Amara met en garde contre une crise « sans précédent »    Soudan : un système de santé au bord de l'effondrement après bientôt mille jours de guerre    Change : le dirham s'apprécie face au dollar et se déprécie vis-à-vis de l'euro    Alerte météo : averses orageuses, chutes de neige et fortes rafales de vent, dimanche et lundi    Hauteurs de pluie    Alerte météo : Fortes averses orageuses et chutes de neige de samedi à lundi    Coopératives : Vaste offensive de contrôle fiscal dans les grandes villes    El Jadida : Mobilisation générale pour faire face aux répercussions des précipitations    L'icône du cinéma français, Brigitte Bardot, n'est plus    UPF : la Conférence Inaugurale animée par un "Nobel de l'architecture"    Un léger tremblement de terre signalé à Rabat sans dégâts ni victimes    Energie électrique : la production augmente de 6,1% à fin octobre 2025    Un nul sans âme met à nu les failles des Lions de l'Atlas et les limites de Regragui face au Mali    Perturbations météorologiques : Suspension des cours à Taroudant    Le temps qu'il fera ce samedi 27 décembre 2025    Les Etats unis mènent des frappes contre l'Etat islamique au Nigéria    Renforcer la moralisation des opérations électorales, principal enjeu des législatives de 2026    2025: Une dynamique de percées inédites du Maroc dans les responsabilités de gouvernance des Organisations Internationales    Israël reconnaît le "Somaliland", Trump se dit "opposé", l'UA condamne    CAN 2025. Le Kenzi Menara Palace célèbre le Nouvel An 2025, avec une soirée événement : L'Afrique en Fête    Le Tifinagh sur la monnaie marocaine : un acte de souveraineté culturelle et de réconciliation historique    WeCasablanca Festival : quand Soukaina Fahsi et Duke font vibrer le cœur de Casablanca    "Bollywood roadshow de dancing Dj Naz" signé Tendansia : Un grand spectacle 100% bollywood investit le maroc les 28 et 29 janvier    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Renault à Tanger : Le vrai scandale
Publié dans Maghreb Observateur le 13 - 02 - 2012

Ce projet a suscité une vive polémique en France. Les délocalisations restent un sujet à dimension ô combien démagogique, si ce n'est populiste en France, en particulier dans un contexte de chômage à 9,9 % et à quelques encablures des élections présidentielles. Les réactions des décideurs français traduisent malheureusement leur incompréhension de la dynamique de la mondialisation.
De Christian Estrosi à Dominique de Villepin en passant par Louis Alliot, la droite française s'est distinguée par son protectionnisme viscéral. Pour le premier, ancien ministre de l'industrie, l'entreprise automobile joue « contre la politique du gouvernement et contre l'industrie française » en pratiquant du « dumping social ». Le deuxième, candidat à la présidentielle et ancien premier ministre, condamne la « course au low cost », une « erreur stratégique » selon
lui. De manière peu étonnante le numéro deux du Front national voit dans ce projet marocain « un véritable scandale » et propose que l'on taxe ces voitures produites au Maroc quand elles arriveront en France.
Ces hommes politiques n'ont visiblement pas saisi le concept de spécialisation de gamme. Renault entend s'attaquer plus sérieusement au créneau de la voiture low cost, sur lequel d'ailleurs les chinois sont en pointe. Réponse cinglante du patron de Renault, Carlos Ghosn : « La question du low cost, c'est de faire au Maroc ou de ne pas faire du tout ». Au vu du coût du travail en France il n'est pas possible d'y produire du low cost (et même ce low cost serait encore trop cher pour certains marchés comme l'Inde : Renault pense à des plateformes ultra-low-cost pour produire des véhicules à 3000€). Certains dénoncent alors les « salaires d'esclavage » marocains de 250€, en oubliant les différences de niveau de développement économique entre le Maroc et la France : 250€ au Maroc n'est pas un salaire d'esclavage, et de nombreux travailleurs seront heureux de pouvoir être embauchés.
Autre incompréhension : autour de l'internationalisation des chaines de valeur. La production s'internationalise en fonction des avantages comparatifs que chaque localisation peut permettre d'obtenir (compétences, coût du travail, accès aux ressources, financement, accès aux marchés etc.). Dans ce contexte quand « la France » cherche à renchérir le coût des importations qui vont en réalité servir à produire de la valeur « française », « elle » se tire une balle dans
le pied (une idée à retenir pour ceux qui prônent une TVA soi-disant « sociale » en France).
Il faut ensuite rappeler que cette entité macroéconomique quelque peu artificielle qu'on appelle « la France » va en réalité gagner dans ce projet marocain. Comme le rappelle Carlos Tavares, numéro deux de Renault chaque voiture fabriquée à Tanger « rapportera 800 euros à la France parce qu'il y a 400 euros de pièces livrées depuis la France et 400 euros d'ingénierie ». Mais poussons le raisonnement, car il y a d'autres personnages oubliés dans cette « personnification de la France » par nos hommes politiques : l'acheteur low cost français, qui sera heureux de pouvoir s'offrir un véhicule neuf garanti Renault à un tarif en accord avec ses moyens – à moins que le Front national ne le lui interdise ; tous les partenaires économiques de ce même acheteur low cost,qui, parce que ce dernier aura payé sa voiture moins cher, disposera d'un revenu disponible supplémentaire pour leur acheter davantage de biens et services.
Nos hommes politiques raisonnent dans un monde fermé, statique, dans lequel ce qui est gagné par l'un et forcément perdu par l'autre. Deux siècles et demi de développement économique sans précédent contredisent ce raisonnement. Car le monde économique n'est pas un gâteau à taille fixe, mais un gâteau qui grossit, c'est un processus dynamique. Si les marocains s'enrichissent grâce à ce projet qui va les embaucher, c'est une bonne nouvelle pour les français : les
marocains pourront acheter davantage aux entreprises françaises.
En fait le problème réside certainement dans ce « nationalisme » macroéconomique qui nous vient tout droit du mercantilisme, et qui a été dénoncé depuis fort longtemps par certains économistes, comme Frédéric Bastiat… au 19ème siècle déjà ! Pouvoir payer un bien moins cher est un bienfait. Faudrait-il taxer le soleil parce qu'il crée une concurrence déloyale aux centrales nucléaires françaises en fournissant de l'énergie gratuitement ?
Bien sûr il y a des ajustements nécessaires dans ce processus dynamique, du fait de la concurrence. Mais l'idée alors n'est pas de stopper cette dernière – elle permet de nous enrichir, mais au contraire de la faciliter, de sorte que les entreprises puissent créer de la nouvelle valeur, prendre des risques pour trouver des nouveaux services et innover. Or, en France on empêche tout ceci. Produire dans l'hexagone est toujours plus coûteux, non pas en termes de coût du
travail net, mais en termes de charges sociales, de fiscalité et de législation sociale très rigide (notamment un coût du licenciement exorbitant – et donc prohibitif pour l'embauche).
La législation française en matière de travail et de fiscalité reflète en réalité la vision totalement erronée de la dynamique économique qu'ont les dirigeants politiques du pays. Malheureusement la campagne présidentielle, avec son retour démagogique sur le « Made in France » avec un fond largement protectionniste, n'est pas près d'éclairer les français sur les véritables solutions pour s'attaquer aux racines, politiques, de ce fléau du chômage. Le vrai scandale dans cette
polémique est celui de l'incompétence économique des élites politiques françaises.
Auteur : Emmanuel Martin
Emmanuel Martin est analyste sur www.UnMondeLibre.org.
Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.