Le secteur de la santé au Maroc présente "d'importantes insuffisances", malgré les acquis, indique une étude sur "le droit au développement au Maroc entre pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et Objectifs du Millénaire pour le développement", présentée mercredi à Rabat. "Malgré les acquis, le secteur de la santé présente encore d'importantes insuffisances, souvent exacerbées par des inégalités d'ordre géographique et catégoriel", selon cette étude réalisée par le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et consacrée aux droits relevant de quatre secteurs jugés prioritaires au vu de l'état du développement humain au Maroc, à savoir l'emploi, l'éducation, la santé et le logement. Les "insuffisances" dans ce domaine tiennent en l'absence de contrôle de la gestion et de reddition des comptes, "particulièrement nécessaires dans un contexte dominé par l'exercice illégal de la médecine, le gaspillage des ressources, l'absentéisme, la pratique de la corruption dans les établissements de soins", le tout aggravé par la faiblesse des programmes sociaux et des moyens de motivation du personnel", estime cette étude. Concernant l'accès aux soins de santé, l'étude fait ressortir que les iniquités catégorielles sont davantage le lot des groupes vulnérables (femmes, enfants, personnes âgées et personnes handicapées). Elles se conjuguent à des écarts entre régions et milieux (urbain, périurbain et rural), notamment en matière de répartition des ressources humaines, des établissements sanitaires de base et du financement public, notant que l'offre globale publique et privée est marquée par une "faible complémentarité" entre les deux secteurs. "Cette offre n'a pas permis d'établir l'équilibre entre les différentes régions et encore moins entre les différentes provinces en matière de services de santé de base", précise la même source. Selon cette étude, le taux de mortalité maternelle et infantile au Maroc est "l'une des plus élevés au monde", avec en plus des "disparités flagrantes" entre régions et entre l'urbain et le rural, ajoutant que ces décès sont essentiellement dus aux conditions défavorables des accouchements tout en soulignant que bon nombre de femmes continuent à accoucher chez elles, loin de tout encadrement médical. Elle relève que les plus démunis, surtout en milieu rural, éprouvent de "multiples difficultés" (économiques, géographiques, socioculturelles...) pour accéder aux services de soins, lesquels connaissent une répartition "inéquitable", tant au niveau médical que paramédical. Pour ce qui est du cadre juridique, l'étude indique que le droit marocain contient un ensemble de textes juridiques dont l'agencement révèle un certain degré d'intégration du droit à la santé, soulignant que l'arsenal législatif et règlementaire qui le compose demeure cependant "insuffisant", "des fois inachevé ou obsolète". Cet arsenal "n'exprime pas une politique nationale de santé et ne reflète pas l'existence d'un système national de santé", fait remarquer cette étude ajoutant que le dispositif mis en place "n'encadre pas la totalité des structures et actions sanitaires". Dans le domaine de la gouvernance, l'étude estime que les autorités sanitaires ont multiplié les interventions pour adapter l'action sanitaire au contexte socio-économique, dans le but de corriger les inégalités d'accès aux soins provoqués par les incessants déficits budgétaires et de réduire les effets de la crise financière dont ont souffert les secteurs sociaux en général et celui de la santé en particulier. "Des insuffisances importantes en matière de gouvernance du secteur subsistent, malgré le programme de réforme en cours", affirment les auteurs de l'étude en précisant qu'il s'agit notamment des "carences" en matière de collaboration et de coordination, qui touchent les structures du ministère en interne et les rapports de ce dernier avec les autres secteurs. Il s'agit également d'une "hypertrophie" de l'administration centrale et la "modestie" en moyens, autant matériels qu'humains, des services au niveau provincial, ajoute l'étude qui relève que l'édification de la législation sanitaire est un "monopole de l'administration publique", le rôle du secteur privé est "quasi-nul" tout en faisant état d'une "disparité" dans la répartition des structures des soins publiques et privées entre les différentes régions du pays. L'étude estime qu'il est important de souligner l'impact globalement positif des progrès réalisés sur l'état de santé de la population. Les acquis dans ce domaine, souligne la même source, se reflètent au niveau de la maîtrise des principaux indicateurs socio-économiques, comme le taux d'accroissement démographique (1,4 pc), l'indice synthétique de fécondité (2,5 enfants par femme) et l'espérance de vie à la naissance (72 ans en moyenne). Ceci grâce à la baisse significative de la mortalité des enfants, à la forte réduction de la prévalence de plusieurs maladies transmissibles dont l'élimination des plus meurtrières d'entre elles et à l'extension notable de l'offre de soins publique et privée, y compris le développement des capacités d'intervention des professionnels de santé, relève l'étude.