Le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UpM), Youssef Amrani, a plaidé, jeudi à Madrid, pour l'accroissement de la capacité opérationnelle des actions régionales dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen (PEM). Dans le contexte actuel et eu égard aux nombreux défis et aux nouvelles opportunités qui s'ouvrent dans plusieurs domaines, "il est aujourd'hui indispensable de réfléchir sur une méthodologie et un instrument efficaces qui puissent accroître la capacité opérationnelle des actions régionales et leur suivi adéquat ", dans le cadre du PEM, a-t-il dit lors d'une conférence sur "La politique européenne de voisinage et les transformations dans le monde arabe". Intervenant devant un parterre de chercheurs, d'universitaires, d'intellectuels et de décideurs politiques, M. Amrani a souligné que l'avenir du PEM est intimement lié à la stratégie qui sera adoptée par les pays membres de l'UpM, qui "sont appelés à choisir entre une perspective de construction régionale économique et technique ou bien une perspective plus globale qui préserverait les acquis du PEM et intégrerait une vision stratégique des relations euro-méditerranéennes à long terme qui réponde concrètement aux nouvelles attentes régionales". Le SG de l'UpM a relevé, en outre, que "le renforcement et la revitalisation du PEM dans toutes ses composantes suppose la prise en compte de quatre paramètres fondamentaux selon lesquels l'espace méditerranéen est, à la fois, une évidence géographique, une nécessité économique, une responsabilité politique et un besoin stratégique incontournable". "Il est également fondamental de s'assurer que les objectifs de la future Politique européenne de voisinage (PEV) convergent avec ceux qui guideront la future trajectoire de l'UpM", a-t-il poursuivi, estimant que "cette trame de fond commune devra permettre aux projets bilatéraux et régionaux d'avancer dans la même direction". Et d'ajouter que les outils et instruments dont dispose l'UpM sont "utiles et nécessaires", jugeant, toutefois, impératif de "passer à la vitesse supérieure si nous voulons répondre rapidement aux attentes des populations euro-méditerranéennes". Evoquant les transformations qui sont en train de se produire dans le monde arabe, M. Amrani a fait observer que ces événements "ne peuvent être dissociés de leur contexte régional et global". Il a ajouté qu'il faut reconnaître que si les pays arabes méditerranéens partagent les mêmes aspirations collectives en termes notamment de libertés, de démocratie, d'emploi ou d'intégration régionale, "les contextes nationaux et les modèles politiques et institutionnels sont diamétralement distincts et ne peuvent en aucun cas être comparés les uns aux autres". "En effet, ces pays ont des régimes politiques et des systèmes économiques différents, et ont opté pour des choix d'ouverture et des orientations internationales différentes. Pour ces raisons, les solutions qui pourront être apportées se doivent également d'être différentes et adaptées à la spécificité de chaque pays", a-t-il insisté. Dans le même sens, il a indiqué que l'Union européenne (UE), en tant qu'acteur historiquement et géographiquement le plus proche et le plus concerné par cette situation, "devrait pleinement saisir cette opportunité sans précédent pour soutenir cette marche des pays sud-méditerranéens vers une plus grande ouverture sur les plans politique et économique". "Pour saisir cette opportunité exceptionnelle, l'UE doit adopter une vision stratégique qui prenne en compte l'ensemble de ces défis et de ces nouveaux besoins dans ses relations avec ses voisins méridionaux, avec pour priorité le développement socioéconomique et démocratique de la région", a dit M. Amrani. C'est en raison de ce poids stratégique particulier que l'UE doit saisir l'opportunité que constituent ces événements pour renforcer son implication en Méditerranée dans les domaines vitaux et incontournables pour l'avenir des pays riverains et des pays avoisinants, a-t-il encore dit. Le SG de l'UpM a salué, à cet égard, la récente communication de la Commission européenne du 25 mai 2011, corroborée par l'appui du Conseil européen du 20 juin, sur l'ambition européenne de réviser et de renforcer la PEV, "une première étape dans la définition de nouveaux paramètres pour la coopération régionale euro-méditerranéenne". Cette conférence a été organisé par la Fondation Ideas, en collaboration avec l'Institut Friedrich Ebert.