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Légation Américaine de Tanger, témoin de l'histoire
Publié dans Maroc Diplomatique le 15 - 10 - 2019

Avec l'avènement de la sai­son estivale, la ville du Détroit se transforme en un véritable hub touristique régional, avec une grande affluence des tou­ristes marocains et étrangers. Impossible de ne pas succom­ber au charme de sa côte mé­diterranéenne, ses cafés-ter­rasses et ses multiples centres commerciaux. L'un des lieux mythiques de la ville est la lé­gation diplomatique améri­caine, qui est la plus ancienne représentation diplomatique des Etats-Unis dans le monde. Un endroit toutefois méconnu auprès du grand public maro­cain. Reportage.
Le Tanger international était investi par le mythe, les lé­gendes et les fabulations faites d'énigmes, celles que nous racontent aujourd'hui la littérature contemporaine et la presse étrangère.
Dans ses écrits sur le cinéma des an­nées 70, le réalisateur marocain Mou­men Smihi décrivait Tanger comme étant « la représentation d'une Afrique méditerranéenne, d'une société marocaine diversifiée par les sons, les couleurs, traversée par plusieurs courants culturels, arabe, berbère, andalou, le tout recouvert par l'islam et enfin, à un moment de l'histoire par l'aventure colonialiste».
Le statut internatio­nal de Tanger, entre 1923 et 1956, fait que cette ville était tou­jours au centre des rivalités et des enjeux diplomatiques, com­merciaux et militaires mondiaux. Mais d'un point de vue culturel, c'était un enrichisse­ment, qui a rendu Tan­ger un lieu d'échanges et d'inspiration pour de nombreux artistes, peintres, cinéastes et écrivains.
Le secret de cette ville, écrit le jour­naliste Olivier Piot, est «sans doute cette capacité de survivre aux diverses frénésies qui ont tenté de la faire basculer dans la modernité. Arabe au VIIIe siècle, dominée par les Européens dès le XVe siècle (Portugais, Espagnols puis Anglais), la ville fut déclarée "zone internationale" en 1923», extrait d'un article publié en 2009, dans le journal « le Monde », intitu­lé « Tanger, la mille est une ville ».
Dans cette cité des légendes existent plusieurs édifices qui ont marqué son histoire, notamment, la légation diplomatique américaine, qui est la plus ancienne représentation diplomatique des Etats-Unis dans le monde, un endroit mé­connu auprès du grand public marocain.
Ancienne Médina, lieu de l'intrigue
Derrière les murailles de l'an­cienne Médina se trouvent des quartiers qui nous transportent vers l'époque du Tanger inter­national du 20ème siècle, avec des ruelles étroites et une archi­tecture tantôt mauresque tantôt européenne, dont la plupart des habitants actuels sont des étran­gers.
Dès qu'on arrive à la Rue d'Amérique, on monte des es­caliers qui nous mènent vers un labyrinthe de petites ruelles, redorées de jolies couleurs des anciennes maisons. Selon les locaux, il fut un temps où ce quartier était l'un des endroits les plus luxueux de la ville, on y voyait seulement des person­nalités de renom (artistes, écri­vains, acteurs, diplomates, etc.).
On raconte que le dernier empereur de l'Allemagne Guil­laume II, accompagné par son cortège, s'était rendu aussi à l'ancienne médina, quand il est venu à Tanger pour rencontrer le Sultan Moulay Abdelaziz.
Tout près de la Rue d'Amérique, se trouve l'un des quartiers les plus anciens de la ville, Hay Bnider, où se situe la lé­gation américaine de Tanger. Autrefois représentation diplomatique des Etats-Unis au Maroc, elle est devenue en 1976 un musée. Ce quartier, abritant 17 syna­gogues, plusieurs mosquées et églises a une forte symbolique. Tous ces endroits de culte sont réunis dans le même quar­tier.
La légation américaine vue par Hollywood
Le 22 août 2019, Hay Bni­der, où se trouve l'ancienne légation américaine. On re­connait l'édifice de loin avec ses belles fleurs rouges qui enjolivent son balcon, dont la vue donne sur l'ancienne mé­dina. Ce jour-là, les visiteurs sont peu nombreux, la plupart d'entre eux sont des touristes étrangers.
Une fois à l'intérieur, on retrouve un patio qui illumine tout le bâtiment. Un lieu his­torique et emblématique. De grandes toiles et des portraits des figures historiques ornent les bureaux, les salles de réu­nion et de spectacles. Eugène Delacroix, Henri Matisse,... Les oeuvres de Paul Bowles y sont également exposés. L'écrivain et voyageur américain s'est ins­tallé à Tanger en 1947.
Les passionnés et les mordus de lecture trouveront leur compte dans la biblio­thèque, qui regorge plusieurs ouvrages sur l'histoire du Maroc et du Maghreb.
Les touristes étrangers poursuivent leur visite. Ils paraissent subjugués par la beau­té des meubles vintages qui embellissent l'endroit. Pour Selena, une touriste co­lombienne, « ce lieu magique est chargé d'histoire, c'est une véritable invitation au voyage dans le temps. Je suis contente d'être venue ici, je n'ai pas arrêté de prendre des photos depuis que je suis ar­rivée ».
De l'autre côté, un couple français contemplait avec admiration un tableau du célèbre peintre français Eugène Delacroix. « Ce n'est pas la pre­mière fois que je visite cet en­droit, à chaque fois que j'arrive ici, je suis fasci­né par la beauté de ce patrimoine culturel », confie l'un des deux par­tenaires. «Je ne sais pas pourquoi les Marocains ne viennent pas beau­coup ici, la plupart des visiteurs sont des étrangers» s'interroge-t-il. Et de poursuivre : «Il faut que les écoles commencent à or­ganiser des visites aux étudiants, pour qu'ils prennent conscience de l'importance de cette institution ».
Cette institution diplomatique est au­jourd'hui un symbole fort des relations di­plomatiques historiques liant les Etats-Unis et le Maroc, puisque le Royaume était l'un des premiers pays au monde à avoir reconnu l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique.
Younes Ali Cheikh raconte à Maroc di­plomatique l'histoire de ce bâtiment emblé­matique. Selon ce collectionneur d'oeuvres d'art, « En 1821, le Sultan alaouite Moulay Slimane décida d'offrir au Président amé­ricain James Monroe, cette représentation consulaire et diplomatique, en pleine médi­na de Tanger. Une preuve d'amitié ».
Parmi les événements qui ont marqué l'histoire de cette institution, l'enlèvement de Perdicaris. Une affaire que les tangérois ne sont pas prêts à oublier.
D'après Cheikh, «en 1904, Ion Perdicaris, un diplomate et homme d'affaires américain, installé à Tanger avec son épouse britannique et son beau-fils, fut enlevé par le leader des Jbalas, Moulay Ahmed Rais­souni, de sa résidence, qui porte son nom (le château de Perdicaris)». Son enlèvement avait déclenché un incident diplomatique inédit avec les Etats-Unis.
Quand le Président Theo­dore Roosevelt a appris la nouvelle, il a menacé de bom­barder Tanger. «Perdicaris vivant ou Raissouni mort», déclare-t-il.
D'après la même source, «sept navires de guerre de la flotte atlantique ont accosté le long de la côte marocaine», suite aux ordres du Chef d'Etat américain en exercice Roosevelt.
Pour résoudre cette crise di­plomatique, le sultan Moulay Abdelaziz a accepté de payer une rançon de 70 000 dollars à Ahmed Raissouni, pour qu'il libère l'amé­ricain Perdicaris et son beau-fils. Raissouni est devenu ensuite pacha de Tanger.
En 1975, Hollywood s'intéresse à l'af­faire Perdicaris. Le réalisateur John Milius en fait un film. Le long métrage s'intitule «The Wind and the Lion (Le vent et le lion)».
Une année plus tard, la légation diploma­tique américaine de Tanger s'est convertie en un musée et un centre culturel d'appren­tissage de la langue anglaise.
Cet édifice historique a joué un rôle in­contournable, pendant 140 ans, dans les rapports entre le Maroc et les Etats-Unis aux niveaux politique, économique, com­mercial et diplomatique.
Aujourd'hui, il est considéré comme étant le seul monument historique des Etats-Unis situé en dehors du territoire américain.


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