Bien plus qu'une transaction financière, le rachat par l'émiratie AMEA Power des parts d'Italgen Maroc dans Energie Eolienne du Maroc s'inscrit dans une stratégie marocaine de repositionnement énergétique. Ce mouvement illustre l'intérêt croissant d'acteurs non-européens pour le marché marocain des énergies renouvelables, et traduit une volonté marocaine de diversifier ses partenariats tout en renforçant sa position en tant que hub énergétique régional. L'entreprise émiratie AMEA Power LLC, l'une des sociétés d'énergie renouvelable connaissant la croissance la plus rapide dans la région, avec un portefeuille de plus de 6 GW de projets dans une vingtaine de pays, a pris le contrôle total de la société Energie Eolienne du Maroc SA. Cette opération a été officialisée par le décret n° 2.24.385, publié dans le Bulletin officiel n° 7370 bis. Cette acquisition s'inscrit dans la stratégie économique du Maroc visant à renforcer ses partenariats avec les pays du Golfe, notamment dans le domaine stratégique de l'énergie. Basée à Dubaï, la société bénéficiaire AMEA Power LLC est spécialisée dans le développement de projets liés à plusieurs technologies clés, notamment l'éolien terrestre, le solaire photovoltaïque, le stockage par batteries, ainsi que l'hydrogène vert et l'ammoniac. Elle exploite déjà plusieurs projets au Maroc, pour une capacité totale de production dépassant les 200 MW, et prévoit d'y renforcer sa présence à travers de nouveaux investissements, notamment dans l'hydrogène vert et le dessalement d'eau de mer. Un projet emblématique, d'une capacité pouvant atteindre 1 GW, est d'ailleurs envisagé dans le sud du Royaume. Lire aussi : Energies renouvelables : le Maroc, leader du solaire en Afrique Cette décision s'inscrit dans la stratégie du Maroc visant à intensifier ses partenariats avec les pays du Golfe, en particulier les Emirats arabes unis, afin de contrebalancer l'influence historique de l'Europe dans le secteur énergétique. AMEA Power bénéficie du soutien implicite des autorités émiraties, qui considèrent le Maroc comme un hub stratégique pour leurs ambitions en Afrique. Cette acquisition renforce ainsi les liens économiques entre Rabat et Abou Dhabi, dans un contexte où les Emirats cherchent à étendre leur présence sur les marchés énergétiques émergents. Dans la même dynamique de coopération énergétique, l'Etat de Kano, au Nigeria, a signé en avril 2025 un partenariat stratégique avec plusieurs entreprises marocaines, visant à attirer 10 milliards de dollars d'investissements sur cinq ans dans les énergies renouvelables et les ressources minières. Parallèlement, le projet de gazoduc de plus de 6 000 km reliant le Nigeria au Maroc, passant par plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, continue de représenter un autre axe majeur de la coopération entre les deux pays. Le Maroc a également conclu un partenariat stratégique avec Zhongnan, entreprise chinoise spécialisée dans les technologies de pointe, pour le développement de systèmes de prédiction de la production d'énergie solaire, notamment au profit du complexe solaire Noor Tafilalt. En s'associant à un acteur technologique de premier plan, le Royaume affirme son ambition de se positionner comme un leader régional dans deux domaines clés en 2025, l'adoption des technologies propres et la transition vers une économie verte. En outre, le Royaume bénéficie d'une coopération étroite avec l'Allemagne dans les secteurs de l'énergie et du transport durable. Cette collaboration, soutenue par l'Agence allemande de coopération internationale (GIZ), vise la décarbonation du secteur des transports et la modernisation des infrastructures énergétiques, à travers plusieurs projets destinés à réduire les émissions de CO2. Autant d'initiatives qui confirment l'ambition du Maroc de s'imposer comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique, en misant sur une diplomatie énergétique proactive et une stratégie de partenariats diversifiés au service de la souveraineté énergétique du continent.