D'ici quelques jours, un nouveau président prendra les rênes de la Banque africaine de développement (BAD). Cinq candidats ont officiellement été retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina, dont le second mandat arrive à terme. L'élection se tiendra le 29 mai 2025, à l'occasion de l'Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la BAD, prévue du 26 au 30 mai à Abidjan, en Côte d'Ivoire, siège de l'institution. Elu une première fois le 28 mai 2015, Akinwumi Adesina a pris ses fonctions le 1er septembre 2015. Son leadership a été reconduit en août 2020 pour un second mandat, qui s'achèvera à la fin du mois. Sous sa direction, le capital souscrit de la Banque a plus que doublé, atteignant près de 200 milliards de dollars, consolidant la BAD comme un acteur clé du financement du développement en Afrique. Conformément aux règles de procédure, l'élection du nouveau président se tient lors de l'Assemblée annuelle précédant la fin du mandat du président en exercice. Le scrutin sera tranché par le Conseil des gouverneurs, composé des représentants des 81 pays membres – 54 africains et 27 non-africains –, qui sont généralement des ministres des Finances, du Plan, ou des gouverneurs de banques centrales. Qui sont les cinq personnalités en compétition ? La seule femme candidate, Swazi Bajabulile Tshabalala, représente l'Afrique du Sud. Actuelle première vice-présidente par intérim et directrice financière de la BAD, Swazi Tshabalala est la candidate la plus familière de l'institution. Ancienne dirigeante de la banque sud-africaine Standard Bank et du South African Industrial Development Corporation (IDC), elle dispose de plus de 30 ans d'expérience dans les secteurs bancaire, financier et de développement. Son profil rassure par sa connaissance interne de la Banque. Lire aussi : « High 5 » de la BAD : 565 millions de vies impactées Le Sénégalais Amadou Hott, ancien ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération du Sénégal (2019–2022), M. Amadou est un économiste formé à la Sorbonne et à New York. Il a également occupé le poste de vice-président de la BAD en charge de l'énergie, du climat et de la croissance verte entre 2016 et 2019. Avant cela, il a travaillé dans la banque d'investissement, notamment chez J.P. Morgan, BNP Paribas et Millennium Finance Corporation. Son profil combine expertise technique, vision stratégique et solide réseau international. Mauritanien Sidi Ould Tah, il a été ministre de l'Economie et du Développement de la Mauritanie de 2008 à 2015, M. Ould Tah dirige depuis 2015 la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), où il a piloté une profonde transformation de l'institution. Docteur en économie, il est reconnu pour sa compréhension des défis de développement du continent et son expérience dans les partenariats interrégionaux, notamment avec le monde arabe. Samuel Munzele Maimbo, originaire de la Zambie, un économiste en chef et directeur général pour les politiques de partenariat et les opérations à la Banque mondiale, Samuel Maimbo possède une longue expérience dans les institutions financières internationales. Titulaire d'un doctorat de l'Université de Manchester, il est un spécialiste du financement du développement, de l'inclusion financière et des systèmes bancaires africains. Il a également travaillé à la Banque de Zambie en début de carrière. Le Tchadien Mahamat Abbas Tolli, gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) de 2017 à 2024, Mahamat Abbas Tolli est un acteur reconnu de la finance régionale. Il a aussi été ministre de l'Economie et du Plan du Tchad et représentant résident de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU. Il est salué pour sa rigueur technocratique, sa capacité de réforme et sa vision panafricaine. Toutefois, la succession d'Adesina à la tête de la BAD intervient dans un contexte où l'Afrique fait face à de nombreux défis : financement de la transition énergétique, sécurité alimentaire, industrialisation, accès à l'eau, infrastructures résilientes et adaptation au changement climatique. Le ou la futur(e) président(e) devra s'imposer comme un leader visionnaire, capable de mobiliser des ressources tout en renforçant l'impact de la BAD sur le terrain. Fondée en 1964, la Banque africaine de développement est l'une des principales institutions financières multilatérales du continent. Elle mobilise des fonds via les contributions des Etats membres, les marchés internationaux, ainsi que les remboursements et revenus issus des prêts octroyés.