Le Maroc a vivement réagi à la publication d'un paragraphe jugé partial sur le Sahara marocain dans le rapport informatif annuel du Conseil de sécurité présenté à l'Assemblée générale pour l'année 2024. Dans une lettre adressée à la présidence du Conseil, l'ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès des Nations unies, Omar Hilale, dénonce un passage qui, selon Rabat, rompt avec la neutralité requise et altère la compréhension de la question saharienne. Le passage en cause, inséré dans la section relative au Sahara marocain, réaffirme « l'objectif d'une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable pour le Maroc et le Front Populaire pour la Libération de la Saguia el-Hamra et du Río de Oro, qui permette de créer les conditions pour l'autodétermination du peuple du Sahara marocain ». Une formulation que le Maroc considère comme une « singularisation injustifiée » de deux parties au détriment du cadre global des négociations, lequel repose, selon les résolutions du Conseil de sécurité, sur la participation de quatre acteurs : le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le polisario. Dans sa missive, M. Hilale souligne que depuis 2018, les résolutions du Conseil de sécurité mentionnent de manière systématique ces quatre parties, reconnaissant ainsi la complexité régionale de la question et la nécessité d'une approche inclusive. Le texte controversé, au contraire, met en exergue uniquement le Maroc et le polisario, une démarche qui, selon Rabat, reflète non pas un consensus onusien mais la position nationale du rédacteur du rapport et celle d'un membre non permanent du Conseil. Lire aussi : AG-ONU : Hilale dénonce un paragraphe biaisé sur le Sahara Cette approche, insiste l'ambassadeur, s'écarte des pratiques établies par les Nations unies et rompt avec la tradition de neutralité et de rigueur factuelle qui sous-tend habituellement les rapports soumis à l'Assemblée générale. Pour Rabat, un tel biais est d'autant plus préoccupant qu'il risque d'amoindrir la crédibilité des délibérations onusiennes et de semer la confusion sur les paramètres encadrant la recherche d'un règlement politique. La lettre de M. Hilale réaffirme en outre la pertinence de l'Initiative marocaine d'autonomie, présentée par le Royaume en 2007, comme seule base sérieuse et crédible pour parvenir à une solution politique définitive. Il rappelle que cette initiative bénéficie désormais de l'appui de 116 pays, parmi lesquels figurent plusieurs membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité ainsi que de nombreux acteurs influents, dont le Royaume-Uni. Ce soutien international, souligne Rabat, vient conforter la vision d'une solution fondée sur l'autonomie sous souveraineté marocaine, qui réponde aux aspirations légitimes des populations locales tout en préservant l'intégrité territoriale du Royaume. Dans ce contexte, le Maroc estime que toute tentative de réécriture des équilibres diplomatiques soigneusement établis depuis des années ne peut qu'entraver les efforts de règlement pacifique menés sous l'égide des Nations unies. La démarche du Maroc s'inscrit dans la volonté de préserver la cohérence et la crédibilité des résolutions onusiennes, en réaffirmant que les rapports soumis à l'Assemblée générale doivent refléter fidèlement les équilibres arrêtés par le Conseil de sécurité. Rabat appelle ainsi à un retour à une rédaction impartiale et conforme aux usages, seule à même de favoriser la confiance entre les parties et de créer les conditions propices à l'émergence d'une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable.