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Farida Loudaya : «Le ralliement britannique au Maroc crée une inflexion stratégique et constitue une occasion historique pour clore un contentieux long de cinq décennies»
L'ambassadrice du Maroc en Colombie et en Equateur, Farida Loudaya, a salué, dimanche 1er juin, la position désormais explicite du Royaume-Uni en faveur du plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007, dans le cadre d'une solution définitive au différend régional autour du Sahara. À ses yeux, ce soutien émanant d'un membre permanent du Conseil de sécurité traduit une inflexion significative au sein des puissances internationales majeures. «Le Royaume-Uni a exprimé un appui plein et entier au projet marocain d'autonomie, qu'il considère comme une solution sérieuse, crédible et réaliste pour mettre un terme à un différend qui, depuis cinq décennies, entrave l'édification d'un espace maghrébin apaisé et solidaire», a-t-elle déclaré au site Primicia Diario. «Une compréhension historique du différend» Mme Loudaya a souligné que cette position du Royaume-Uni revêt une portée particulière, compte tenu de l'histoire même de cette puissance européenne dans la région. «Ce soutien procède d'un discernement éclairé. Le Royaume-Uni possède une compréhension fine et informée des racines et de l'évolution de cette question, en raison de son rôle historique dans le nord de l'Afrique. Il ne s'agit donc pas d'une déclaration conjoncturelle, mais d'une position mûrie, construite et profondément ancrée dans une connaissance de fond du dossier saharien», a-t-elle affirmé. Elle a poursuivi : «Un tel positionnement contribue à conférer une légitimité accrue à la proposition marocaine. Il s'insère dans un large mouvement de reconnaissance de la pertinence de la proposition du Royaume, désormais appuyée par des acteurs majeurs tels que les Etats-Unis, la France et l'Espagne. Cette convergence manifeste renforce la centralité de la vision portée par le roi Mohammed VI». Un appui fondé sur la stabilité régionale Dans son propos, Mme Loudaya a rappelé que le différend autour du Sahara s'étire depuis 1975, année au cours de laquelle le Maroc a recouvré son territoire saharien, alors placé sous administration espagnole, en vertu des accords de Madrid. «Le Sahara marocain n'est ni une revendication circonstancielle ni un enjeu périphérique. Il constitue une cause nationale, enracinée au plus profond de la conscience de nos concitoyens. Il engage l'unité territoriale du Royaume, et se situe au cœur de la souveraineté nationale», a-t-elle insisté. La diplomate souligne que «face aux impasses générées par l'intransigeance de certaines parties et en réponse aux appels répétés du Conseil de sécurité des Nations unies à surmonter l'enlisement politique, le Maroc a présenté, en 2007, une proposition audacieuse et mesurée. Ce projet a été reconnu, à de multiples reprises, par l'ONU, comme une issue pragmatique, conforme au droit international et à l'aspiration des peuples à la paix». Elle a en outre relevé que la persistance de ce différend freine les perspectives de rapprochement régional : «L'absence de règlement ne nuit pas seulement au Maroc : elle retarde toute tentative sérieuse d'intégration maghrébine, affaiblit les coopérations africaines, et expose la région à des risques que l'histoire récente a suffisamment illustrés». Londres affirme son engagement dans un communiqué conjoint La position britannique a été formalisée dans un communiqué conjoint signé à Rabat par le secrétaire d'Etat britannique aux affaires étrangères, Commonwealth et développement, David Lammy et le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita. Le texte énonce que le Royaume-Uni «continuera d'agir, à l'échelle bilatérale, mais également régionale et internationale, dans le cadre de cette position, en vue de soutenir une résolution durable du différend». Il y est rappelé que Londres «reconnaît l'importance que revêt la question du Sahara pour le Maroc», ajoutant que sa résolution «contribuerait à renforcer la stabilité du nord de l'Afrique et à relancer la dynamique d'intégration régionale». Dans cette même logique, Londres a indiqué que UK Export Finance (UKEF) pourrait envisager l'accompagnement de projets économiques dans les provinces du Sud, dans le cadre d'un volume de soutien estimé à cinq milliards de livres sterling (environ 63 milliards MAD). Le communiqué conjoint précise également que les deux pays réitèrent leur attachement au processus politique conduit sous l'égide des Nations unies, et soutiennent les efforts de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura. Le Royaume-Uni se déclare «prêt, disposé et résolu à apporter un appui actif et durable à ce processus». Mme Loudaya a conclu en ces termes : «Cette reconnaissance britannique crée une inflexion stratégique. Elle marque une occasion historique pour clore un contentieux long de cinq décennies, et d'amorcer, enfin, la constitution d'un Maghreb apaisé, solidaire et tourné vers l'avenir».