À la veille de la fête nationale française, l'ambassadeur de France au Maroc, M. Christophe Lecourtier, a livré à Maroc Diplomatique une déclaration dans un style qui conjugue le réalisme diplomatique à l'ambition prospective, il revient sur la dynamique de refondation des relations franco-marocaines et l'élan humain qui en constitue le socle. Une vision assumée d'un avenir construit à deux, au cœur d'un monde en recomposition. L'entretien intégral sera publié dans le prochain numéro du magazine de Maroc Diplomatique, à paraître en début de semaine prochaine. Alors que les préparatifs battent leur plein au sein de la chancellerie française à Rabat pour la célébration du 14 juillet, M. Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, a accordé une déclaration exclusive à Maroc Diplomatique. Loin de s'en tenir à une simple évocation festive, le diplomate a livré une lecture stratégique de ce moment symbolique, perçu comme un révélateur des profondes transformations à l'œuvre dans la relation bilatérale entre Paris et Rabat. « Le 14 juillet, ici au Maroc, ce n'est pas seulement la fête des Français. C'est celle des amis marocains, et surtout celle des Franco-Marocains, qui font vivre, au quotidien, ce lien unique entre nos deux pays », affirme-t-il d'emblée. Car, à ses yeux, derrière le rituel diplomatique, c'est une relation « magistralement refondée » qui s'exprime – une refondation qu'il attribue à la volonté politique conjointe de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du président Emmanuel Macron. Le point de bascule est clairement identifié : la visite d'Etat d'octobre dernier, qui a marqué, selon l'ambassadeur, « un moment très fort » et scellé un « agenda nouveau, ambitieux », pensé pour affronter les défis globaux de ce siècle. Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la poussée de grands blocs continentaux, la France et le Maroc veulent, ensemble, peser autrement sur la scène internationale. « Il s'agit de travailler main dans la main, mais aussi avec d'autres Européens et d'autres Africains, pour faire du XXIe siècle non pas celui de la marginalisation, mais celui de notre affirmation », insiste M. Lecourtier. Mais la nouveauté, selon lui, ne tient pas seulement à une dynamique étatique. Elle repose d'abord sur une force humaine « unique au monde » : les diasporas croisées, les anciens étudiants, les Marocains engagés dans les entreprises françaises, les familles tissées entre les deux rives. « Ce lien humain, c'est une trame vivante. Le scénario voulu par les chefs d'Etat est en train d'être écrit, mais ce sont les hommes et les femmes, en France et au Maroc, qui en tiennent la plume », souligne-t-il. Lire aussi : Christophe Lecourtier : « La France doit clarifier sa position sur le Sahara avec le Maroc » À l'instar d'un motif de broderie patiemment cousu, M. Lecourtier insiste sur l'engagement minutieux des équipes diplomatiques. « C'est une œuvre d'art diplomatique, faite de petits points, de gestes concrets », dit-il. Et d'illustrer son propos par l'exemple des provinces du Sud, où la France, affirme-t-il, agit « concrètement, pratiquement » dans la mise en œuvre de cette nouvelle ambition conjointe. Une allusion discrète mais claire au soutien de plus en plus assumé de la France à l'intégrité territoriale du Maroc, notamment dans le dossier du Sahara. Dans cette entreprise, l'ambassade de France à Rabat joue un rôle pivot. « C'est la troisième plus grande ambassade de France dans le monde en termes d'effectifs », rappelle-t-il. Une indication du poids stratégique que revêt désormais la relation bilatérale, que d'aucuns, encore récemment, disaient fragilisée, voire en crise. M. Lecourtier assume cette traversée : « Il y a eu des moments difficiles, il ne faut pas se le cacher. Mais aujourd'hui, nous sommes en train de réussir ce pari. Il y a dix-huit mois encore, personne n'y croyait. » Alors que la France s'apprête à célébrer sa fête nationale, c'est donc un message d'optimisme stratégique que l'ambassadeur entend adresser : celui d'un avenir voulu et construit ensemble, et non subi. « Nous voulons sortir d'une histoire subie. Être les maîtres, autant que possible, de notre avenir commun entre la France et le Maroc, entre l'Europe et l'Afrique. » Le 14 juillet 2025, à Rabat, portera la trace de cette ambition partagée. Celle d'une relation qui, au-delà des discours, se donne les moyens d'écrire une trajectoire nouvelle. L'entretien complet de M. Christophe Lecourtier sera publié dans le prochain numéro de Maroc Diplomatique, en kiosque dès le début de la semaine prochaine.