En 2022, le Haut-Commissariat au Plan a indiqué que seules 33,2 % des femmes diplômées participaient au marché du travail, contre 92,2 % chez les hommes. Au Maroc, la participation des femmes au marché du travail représente l'un des taux les plus faibles au monde, selon la Banque mondiale. En 2023, seules 19 % des femmes âgées de 15 ans et plus étaient actives, contre 69 % des hommes, selon le Haut-Commissariat au Plan. Une situation qui révèle un déséquilibre structurel profond, dans un contexte où le pays tente de relancer son économie et de renforcer l'inclusion. En effet, malgré une légère amélioration de l'emploi global, les indicateurs continuent de dévoiler des inégalités. Selon un rapport publié le 5 mai 2025 par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), intitulé « La situation du marché du travail au premier trimestre de 2025 », 24,4 % des femmes occupées exercent un emploi non rémunéré, contre seulement 5,4 % chez les hommes. Cette proportion est encore plus marquée en milieu rural où plus d'une femme sur cinq travaille sans être rémunérée. En matière de chômage, selon HCP, les femmes sont également davantage touchées. Le taux atteint 19,9 %, contre 11,5 % pour les hommes. Cette disparité est encore plus visible chez les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, une tranche d'âge où le taux de chômage dépasse les 37 %. Si le taux de chômage national a reculé légèrement de 0,4 point pour s'établir à 13,3 %, cette amélioration reste inégalement répartie. Lire aussi : Emploi féminin : Focus sur les secteurs et les régions les plus dynamiques Autre réalité préoccupante : la forte inactivité féminine. En effet, selon un rapport de Xpertize Research Institute (XRI), intitulé « Les femmes dans le marché de l'emploi du Maroc », publié en novembre 2024, plus de 85 % des femmes marocaines ne participent pas au marché du travail, contre 48 % des hommes. Selon la même source, cette situation s'explique par une série de facteurs structurels, culturels et économiques. D'abord, les rôles sociaux traditionnels assignent aux femmes des responsabilités domestiques et familiales, ce qui limite leur disponibilité pour exercer une activité professionnelle. Ensuite, l'absence de politiques facilitant la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle (comme les crèches ou les horaires flexibles) constitue un frein majeur à leur insertion professionnelle. À cela s'ajoutent les discriminations et stéréotypes de genre encore fortement présents dans le monde du travail. Encore trop d'obstacles Dans ce sens, la ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, Mme Aouatif Hayar, a déclaré lors d'une table ronde organisée par l'Association pour le développement de la responsabilité sociétale des organisations au Maroc (RSO MAROC), le jeudi 10 juillet 2025 à Casablanca, que le secteur privé est appelé à renforcer l'approche genre pour favoriser l'emploi des femmes et améliorer leur situation sociale. Elle a aussi souligné l'importance d'une approche globale et de mesures concrètes, comme la création de crèches, dans le cadre des efforts du Maroc pour consolider les acquis en matière d'égalité, de droits des femmes et de développement durable. En réalité, les stéréotypes de genre, toujours bien ancrés dans les mentalités, continuent également de jouer un rôle important dans la marginalisation professionnelle des femmes. Ces derniers influencent les choix d'orientation dès le plus jeune âge, réduisant l'accès des femmes à certains secteurs à forte valeur ajoutée. Les disparités ne se limitent pas à l'accès à l'emploi. Selon le XRI, plus de la moitié des femmes actives travaillent sans contrat formel ni protection sociale. Près de 57 % d'entre elles occupent des postes d'aides familiales non rémunérés, et 41,5 % sont employées dans le secteur agricole. Ce dernier, exposé aux aléas climatiques et aux faibles niveaux de rémunération, représente l'un des secteurs les plus précaires du pays. En outre, plusieurs facteurs expliquent cette ségrégation verticale. Les femmes continuent d'assumer une grande part des responsabilités familiales, ce qui les empêche souvent d'accéder à des postes à fortes exigences horaires ou impliquant des déplacements. De plus, les réseaux professionnels masculins facilitent l'accès des hommes à des postes stratégiques. À l'inverse, les femmes sont surreprésentées dans les emplois les moins bien payés. Elles sont aussi davantage exposées à des contrats précaires, à temps partiel ou saisonniers, avec peu de perspectives d'évolution, selon le même rapport.