La recrudescence des accidents impliquant des bus dans la région d'Agadir met en évidence les failles du système de transport public, notamment les défaillances mécaniques et l'insuffisance du suivi par le délégataire actuel. Le manque de contrôle dans les zones rurales, où l'entretien des véhicules est souvent négligé, aggrave les risques pour les usagers. Agadir, l'une des plus grandes villes touristiques du Royaume, est une nouvelle fois au cœur de l'actualité. Samedi dernier, un bus de transport urbain a brusquement glissé sur une chaussée humide, traversé la voie opposée, percuté un palmier, avant de poursuivre sa trajectoire incontrôlée. Les passagers, pris de panique, ont assisté à une scène de chaos, tandis que la circulation urbaine était fortement perturbée, selon les informations relayées par les médias. En effet, pour de nombreux habitants, cet incident n'est que la répétition d'un scénario déjà connu. Glissades, collisions, pièces détachées tombant en pleine route, et la liste des défaillances s'allonge depuis des mois, sans qu'aucune solution durable n'ait été apportée. Ce nouvel accident relance le débat sur l'état des infrastructures et la gestion des flottes de transport, surtout dans une ville comme Agadir qui, contrairement à de nombreuses petites communes marocaines, bénéficie d'une position stratégique et d'un dynamisme économique certain. Selon plusieurs témoignages recueillis par les médias, l'état de délabrement des véhicules en circulation, notamment des pneus et des freins, est pointé du doigt. Un bus en bon état n'aurait pas dû déraper de la sorte, estiment certains usagers. D'autres soulignent un relâchement du délégataire actuel, à l'approche de la fin de son contrat en décembre 2025. Lire aussi : Vandalisme à Casablanca : Tolérance zéro sur le réseau de transport public Face à cette situation, le groupement des communes du Grand Agadir a lancé un appel d'offres pour un nouveau contrat de gestion du transport urbain et périurbain, d'une durée de dix ans. L'objectif est d'attirer une entreprise capable de gérer un réseau mixte composé de bus classiques et de véhicules à haut niveau de service (BHNS) circulant sur des voies dédiées. Parallèlement, un programme prévoit l'acquisition de 274 bus supplémentaires d'ici 2027, avec des systèmes de suivi en temps réel, billetterie intelligente, caméras de surveillance et connexion Wi-Fi à bord. Cependant, la modernisation reste encore à venir. Actuellement, selon les mêmes sources, Agadir dispose d'environ 171 bus pour desservir 24 communes. Les infrastructures d'entretien, elles, peinent à suivre. Un second centre de maintenance à Drarga est en projet, mais le manque d'ateliers et de révisions périodiques régulières favorise l'usure prématurée des éléments roulants et systèmes de freinage. Crise du transport hors grandes villes En outre, si les grandes villes comme Agadir souffrent déjà de lacunes visibles, la situation est encore plus critique dans les petites et moyennes localités. Selon les chiffres de GIZ Maroc REMATP, les indicateurs révèlent un retard de 20 à 40 % par rapport aux grandes agglomérations, avec des intervalles d'attente plus longs, des vitesses commerciales plus faibles et une flotte vieillissante. Dans certaines communes rurales, l'absence de structures de maintenance et la rareté des contrôles techniques fiables augmentent considérablement le risque d'accidents. Par ailleurs, dans des villes comme Tiznit, Taroudant ou Sidi Ifni, la situation prend une dimension encore plus préoccupante. Selon les médias, les habitants se plaignent d'un réseau de transport urbain quasi inexistant, obligeant beaucoup d'entre eux à recourir à des taxis collectifs ou à marcher de longues distances. Les rares bus en circulation sont souvent vétustes, surchargés et dépourvus de climatisation, ce qui rend les trajets pénibles, notamment en période de forte chaleur. À Sidi Ifni par exemple, certains bus ne passent que deux ou trois fois par jour, laissant les usagers sans solution rapide pour se déplacer, que ce soit pour se rendre au travail, à l'école ou aux hôpitaux. Même à Tanger, malgré son statut de grande métropole, les habitants dénoncent des bus souvent vétustes, en retard et insuffisants pour couvrir l'ensemble des quartiers périphériques, ce qui provoque une surcharge aux heures de pointe et des trajets interminables.