Le voile des ambiguïtés se dissipe, les postures dilatoires s'essoufflent. En ce 5 septembre, au cœur d'un échange à haute intensité diplomatique avec Staffan de Mistura, envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Massad Boulos, Conseiller principal du Président américain pour le Moyen-Orient et l'Afrique, a prononcé des mots d'une rare netteté : « Une véritable autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution viable » au différend autour du Sahara. En une formule sèche et sans appel, le cap est tracé et la ligne stratégique américaine confirmée. Le Plan marocain n'est plus simplement « sérieux et crédible » – cette expression est désormais obsolète – il devient l'unique fondement politique légitime d'un règlement durable. Cette position, articulée à la veille d'un débat clé au Conseil de sécurité, ne surgit pas dans le vide, elle s'inscrit dans le prolongement direct de la reconnaissance historique de la souveraineté marocaine sur le Sahara, actée en décembre 2020 par le Président Donald Trump. L'administration américaine ne corrige pas cette ligne, au contraire, elle l'affermit, la confirme, l'élève au rang d'axe structurant de sa diplomatie régionale. Derrière cette déclaration, c'est l'architecture même d'un règlement onusien définitif qui se redessine. Ce n'est ni une déclaration d'intention, ni un simple écho diplomatique. C'est une borne stratégique, posée avec méthode et détermination, dans un moment où les lignes de fracture internationales évoluent et où les équilibres internes du Conseil de sécurité amorcent un réalignement. Ainsi, Washington ne parle plus en conjectures, il balise désormais un couloir clair, exclusif, pour sortir d'un différend figé depuis des décennies. Et dans le sillage de cette ligne rouge assumée, se dessine un règlement politique fondé sur la réalité, la stabilité et la souveraineté. Une prise de position américaine sans ambages Ce n'est ni un rappel de circonstance, ni un simple énoncé de principe mais une déclaration lourde de sens, mûrement pesée, délivrée à un moment charnière. À quelques semaines du renouvellement du mandat de la MINURSO au Conseil de sécurité, alors que les équilibres diplomatiques sur le dossier du Sahara se recomposent, Washington frappe un coup politique majeur. Certes le soutien américain au Plan d'autonomie proposé par le Maroc ne date pas d'hier, mais sa réaffirmation aujourd'hui, avec une telle clarté de ton et de timing, confère à cette position une résonance nouvelle. Elle s'inscrit dans une continuité assumée, mais franchit un cap symbolique. Elle passe du soutien à l'alignement stratégique. Bien évidemment, en tant que porte-plume de la résolution onusienne annuelle sur le Sahara, les Etats-Unis envoient un message sans équivoque à la communauté internationale : le Plan marocain n'est pas une option parmi d'autres, il est désormais l'option de référence, la seule que la diplomatie réaliste puisse sérieusement envisager. Au cœur de cette posture, c'est la cohérence de la démarche marocaine qui s'impose. Une initiative politique qui conjugue légitimité historique, faisabilité juridique et stabilité régionale ; une offre d'autonomie sérieuse, crédible et profondément ancrée dans le réel, loin des utopies figées et des revendications irréconciliables. LIRE AUSSI : Oui, le Roi Mohammed VI est une « énigme » – 6/6 Dans ce sens, Massad Boulos, rompu aux subtilités de la géopolitique régionale, ne s'est pas contenté de réciter une ligne diplomatique, il a, plutôt, scellé une orientation stratégique. En reprenant l'expression désormais clé « la seule solution viable », il clôt le chapitre des chimères référendaires et des discours figés, instrumentalisés à des fins politiques. Ce choix lexical n'est pas fortuit, il acte la fin des illusions. À l'ONU, le temps du statu quo touche à sa fin Dans les salons de New York, la diplomatie onusienne vibre au rythme d'une interrogation centrale : l'ONU peut-elle continuer à entretenir un statu quo devenu toxique et contre-productif ? Il est donc clair que la MINURSO, figée dans un mandat d'observation centré sur un cessez-le-feu désormais vidé de sa substance politique, incarne aujourd'hui plus l'enlisement que la perspective de paix. Pour faire court, le réalisme diplomatique est en train de s'imposer comme doctrine opérationnelle, et ce sont les Etats-Unis qui donnent le ton, portés par un alignement, dès lors, solide au sein du Conseil de sécurité. Onze membres sur quinze, dont Paris, Londres et Washington, soutiennent ouvertement ou par pragmatisme silencieux l'approche marocaine. C'est dans ce contexte qu'intervient, avec un poids particulier, la réaffirmation américaine du Plan d'autonomie comme « seule solution viable ». Ce rappel américain intervient à quelques semaines du renouvellement du mandat de la MINURSO au Conseil de sécurité. Bien plus qu'un positionnement politique, c'est un signal d'orientation destiné à la communauté internationale, adressé directement aux capitales européennes, aux chancelleries africaines, et surtout, à l'appareil onusien lui-même. Loin d'être isolé, le Maroc apparaît aujourd'hui en chef de file d'un consensus naissant, fruit d'une diplomatie de clarté, de constance et de projection stratégique. À force d'engagements bilatéraux, de partenariats économiques et de gestes symboliques forts, comme les ouvertures de consulats à Laâyoune et Dakhla, le Maroc a su transformer une proposition politique en axe géopolitique d'adhésion croissante. D'ailleurs, trois membres permanents du Conseil, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont consolidé leur appui à l'initiative marocaine, reléguant les défenseurs du statu quo à une marginalité de plus en plus manifeste. Le rôle stabilisateur de la MINURSO et la perspective d'une réforme Le réalisme diplomatique a fini par prévaloir. Même au sein des Nations Unies, l'idée d'un référendum au Sahara s'est peu à peu effacée, rattrapée par les contraintes du réel. Lors des échanges entre Boulos et de Mistura, la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) s'est retrouvée au centre des discussions. Si son rôle stabilisateur sur le terrain est largement reconnu, la logique de statu quo qu'elle incarne suscite de plus en plus de remises en question. Initialement conçue pour superviser une consultation populaire qui ne s'est jamais matérialisée, la MINURSO se retrouve en quête d'une nouvelle vocation. Dans les coulisses feutrées de New York, l'idée d'un mandat réorienté vers la facilitation d'un statut d'autonomie négocié, évoquée sous l'acronyme officieux de « MANSASO », commence à faire son chemin. Dans les cercles onusiens, cette transformation potentielle de la mission, qui marquerait un tournant majeur, s'appuie sur une dynamique nouvelle : celle d'un consensus émergent autour de l'inaccessibilité d'un référendum et de la nécessité d'une approche pragmatique. La réaffirmation de la position américaine en faveur d'une solution d'autonomie donne un coup d'accélérateur à cette évolution conceptuelle. En se plaçant à l'avant-garde de ce changement de paradigme, les Etats-Unis envoient un message clair que le statu quo n'est plus une option viable. L'alternative porte les noms d'instabilité régionale, de vide géopolitique et de montée des menaces sécuritaires, dans un Maghreb déjà fragilisé. Un projet de paix ancré dans le réel Au-delà de la seule question du Sahara, l'approche américaine s'inscrit dans une stratégie régionale plus vaste, celle de la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel. En soutenant la souveraineté du Maroc et en considérant l'autonomie comme l'issue politique la plus crédible, Washington vise à désamorcer une source persistante de tension et à consolider un partenaire stratégique de premier plan dans la région. Dans ce nouvel équilibre géopolitique, le Maroc s'impose comme un pilier de stabilité. Face aux menaces terroristes qui gangrènent le Sahel, à l'effondrement de l'Etat libyen, ou encore à la militarisation croissante du régime algérien, le Royaume propose une alternative politique structurée, celle d'une solution inclusive, respectueuse des spécificités locales, mais pleinement ancrée dans la souveraineté nationale. C'est précisément le sens de l'initiative d'Autonomie que Rabat défend depuis 2007, avec constance et méthode. Le soutien croissant de nombreux Etats, en Europe, en Afrique et dans le monde arabe, témoigne d'un basculement progressif mais décisif. De Rabat à Washington, en passant par Paris, Madrid ou Londres, l'idée s'impose : la paix régionale passe par la consécration de l'autonomie comme solution politique viable. Dans le champ diplomatique, les mots ont un poids stratégique, et lorsque Washington qualifie l'Autonomie marocaine de « seule solution réaliste et crédible », ce n'est pas une simple déclaration mais une pierre angulaire posée dans l'édifice d'un règlement durable. Ce que Massad Boulos vient d'énoncer, c'est moins une prise de position qu'un constat ; le Maroc est là, souverain, stable, force de paix et porteur de solutions. Il faut le dire clairement : le Maroc avance, et l'Histoire s'aligne. Car certains moments, dans le cours lent des relations internationales, font basculer les équilibres. Celui-ci en est un. La parole américaine ne fait plus que soutenir Rabat : elle s'inscrit dans sa vision. Il ne s'agit plus seulement de défendre une cause nationale. Il s'agit d'entériner une solution régionale fondée sur le droit international, la légitimité historique et l'adhésion croissante d'une majorité d'Etats membres de l'ONU. La question du Sahara n'est plus suspendue à l'hypothèse incertaine d'un référendum. Elle est désormais encadrée par une solution unique, portée par les grandes puissances et validée dans les faits par une majorité du Conseil de sécurité. Ce qui se joue, ce n'est pas uniquement le sort du Sahara. C'est la recomposition géopolitique du Maghreb, et au-delà, la capacité de l'Afrique du Nord à devenir un pôle de stabilité dans un environnement régional traversé de secousses. De fait, la déclaration de Massad Boulos n'est pas un épisode de plus dans la longue séquence diplomatique du dossier du Sahara. C'est un tournant, un jalon stratégique, une élévation du Plan marocain au rang de norme émergente du droit international. Il appartient désormais à la communauté internationale, et à l'Organisation des Nations Unies en premier lieu, de sortir de l'ambiguïté, d'embrasser une solution qui allie réalisme, légitimité et stabilité. La messe n'est pas dite, certes. Mais la partition se joue désormais en accords majeurs. Et le Maroc, par sa constance, sa clairvoyance stratégique et sa vision d'avenir, tient la baguette.