Le message a été délivré sans détour. En recevant à Washington, vendredi 5 septembre, Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Massad Boulos, conseiller du président américain Donald Trump pour les affaires arabes, du Moyen-Orient et d'Afrique, a rappelé « la position claire » des Etats-Unis : « une autonomie authentique sous souveraineté marocaine constitue la seule solution réalisable pour le Sahara occidental. » La déclaration publique, relayée par M. Boulos sur son compte officiel, n'est pas une simple prise de position conjoncturelle. Elle s'inscrit dans une ligne stratégique que Washington n'a cessé de réaffirmer depuis la reconnaissance officielle de la souveraineté marocaine par les Etats-Unis en décembre 2020. Déjà, le président Trump avait rappelé dans son message au roi Mohammed VI, le 30 juillet dernier, à l'occasion de la Fête du Trône, que l'initiative d'autonomie constituait « la seule base pour un règlement juste et durable ». Le secrétaire d'Etat Marco Rubio avait tenu le même discours lors de son entretien à Washington, en avril, avec le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita. Au-delà du rappel de principe, la rencontre de Washington intervient dans un contexte diplomatique particulier. Le Conseil de sécurité doit se prononcer en octobre sur une nouvelle résolution relative au Sahara. Selon les indications de Massad Boulos, cette résolution pourrait, pour la première fois, consacrer exclusivement l'option de l'autonomie sous souveraineté marocaine comme cadre de négociation, réduisant à néant l'argumentaire séparatiste. Lire aussi : Jacob Zuma, le Sahara et l'émergence d'une nouvelle dynamique panafricaine Un réexamen du mandat de la MINURSO n'est pas exclu, certains diplomates évoquant un repositionnement de son rôle vers une mission davantage orientée vers la stabilisation et l'accompagnement politique. La fermeté américaine tranche avec les incertitudes entretenues par d'autres capitales occidentales. Washington assume aujourd'hui son rôle de « penholder » au Conseil de sécurité sur ce dossier, c'est-à-dire de rédacteur des résolutions. La tournée régionale récente de Massad Boulos, marquée par une escale prolongée à Alger, illustre cette nouvelle dynamique. L'émissaire a tenu à afficher une volonté de dialogue régional tout en envoyant un signal clair : la donne a changé, le compromis ne pourra se faire qu'autour de la proposition marocaine. L'alignement entre les déclarations présidentielles, les messages officiels et les positions diplomatiques traduit un basculement stratégique. Washington ne se limite plus à réaffirmer son soutien, il travaille à inscrire ce choix comme norme internationale via les résolutions onusiennes. Si la résolution attendue en octobre venait à entériner cette orientation, elle consacrerait une inflexion majeure du cadre de négociation, reléguant à l'arrière-plan le scénario, désormais obsolète, du référendum d'autodétermination.