La conclusion de la tournée d'une délégation bipartisane du Congrès américain au Maroc illustre la centralité de Rabat dans l'agenda diplomatique des Etats-Unis en Afrique du Nord. Une étape, menée après Tunis, a mis en évidence l'importance accordée par Washington à la stabilité régionale, à la coopération sécuritaire et à l'avenir du dossier du Sahara. Les élus américains ont rencontré le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, ainsi que le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'administration de la défense nationale, Abdeltif Loudyi. Les discussions ont porté sur l'approfondissement de la coopération bilatérale, notamment en matière de sécurité et de défense, mais également sur la consolidation des accords d'Abraham, dont le Maroc constitue un pilier régional. Le congressman Mike Lawler, figure de la délégation, a tenu à souligner sur X « l'importance stratégique du partenariat avec le Maroc », le qualifiant de « l'un des plus importants partenaires diplomatiques des Etats-Unis en Afrique du Nord ». Il a rappelé, dans une dimension historique, que le royaume fut « le premier pays à reconnaître la souveraineté américaine en 1777 ». Following key visits to Italy and Tunisia, our bipartisan Congressional Delegation concluded in Morocco. In Morocco, the delegation held meetings with dignitaries, including Foreign Minister Nasser Bourita and Minister Delegate Abdeltif Loudyi, to deepen bilateral cooperation... pic.twitter.com/mnIrFgcy7e — Congressman Mike Lawler (@RepMikeLawler) September 9, 2025 La question du Sahara a occupé une place centrale dans les échanges. La délégation américaine a réaffirmé son soutien au plan d'autonomie marocain, présenté par Mike Lawler comme « un cadre pragmatique pour une sécurité durable et le progrès ». Cette déclaration s'inscrit dans la continuité de la reconnaissance par l'administration Trump, en décembre 2020, de la souveraineté marocaine sur le territoire. Si l'administration Biden a adopté une approche plus prudente, les signaux envoyés par le Congrès traduisent une volonté de consolider la position américaine. Pour Washington, l'appui au plan marocain va au-delà de la seule question territoriale : il s'agit de favoriser la stabilité d'une zone en proie à des menaces sécuritaires, qu'il s'agisse de la montée des réseaux jihadistes au Sahel ou des rivalités régionales exacerbées par la crise libyenne. Un contexte régional sous tension La visite intervient alors que l'Afrique du Nord traverse une phase de recomposition stratégique. En Tunisie, fragilisée par ses difficultés économiques et ses tensions politiques, Washington cherche à maintenir une relation équilibrée sans rompre avec un partenaire en crise. Au Maroc, en revanche, les Etats-Unis disposent d'un interlocuteur stable et proactif, engagé dans une diplomatie multipolaire et disposant d'alliances solides, que ce soit avec l'Union européenne, Israël ou encore les pays du Golfe. Lire aussi : Algérie–Mozambique : une coopération bilatérale instrumentalisée par Alger autour du Sahara La rivalité entre Rabat et Alger sur le dossier du Sahara continue d'alimenter les fractures régionales. L'Algérie, principal soutien du Front Polisario, mise sur ses ressources gazières pour renforcer ses positions en Europe et en Afrique. Face à cela, les Etats-Unis trouvent au Maroc un partenaire aligné sur leurs priorités de sécurité et ouvert aux investissements américains dans des secteurs stratégiques, qu'il s'agisse de la transition énergétique, de l'industrie militaire ou des infrastructures. Le message politique délivré par la délégation américaine est clair : Rabat reste un allié incontournable dans la stratégie de Washington en Méditerranée et au Sahel. En mettant en avant la profondeur historique du lien bilatéral — « le premier pays à reconnaître l'Amérique en 1777 » — et en qualifiant le Maroc de « partenaire diplomatique majeur », Mike Lawler a voulu rappeler que la relation n'est pas seulement conjoncturelle mais structurelle.