Plus qu'une hypothèse d'école, l'idée d'un affrontement entre le Maroc et l'Algérie n'a jamais quitté les esprits depuis 1963. Ce que l'on a appelé la « guerre des sables », déclenchée par l'Algérie en octobre de cette année-là contre le Maroc, à Figuig notamment, s'était soldée par un échec des forces algériennes et, par la suite, a crée un complexe dont on n'a jamais mesuré à la fois la profondeur et l'irresponsabilité. Après avoir inventé ce slogan de « Hogra » du Maroc contre le peuple algérien , ses dirigeants, enterrant de facto le soutien du Maroc à leur révolution, ne se sont jamais résolu à cette idée que notre pays, agressé par l'ALN ( armée de libération nationale algérienne) , ne céderait jamais sur les questions territoriales, quand bien même la France l'aura, c'est le moins que l'on puisse dire, amputé quasi entièrement et tout offert à l'Algérie indépendante. Et jusqu'à aujourd'hui, ce principe d'intégrité territoriale préside à la conduite de notre diplomatie. Un an après l'indépendance, les dirigeants algériens ont lancé le 8 octobre 1963 leurs forces contre Hassi Beida et Tindjoub, deux localités marocaines que la France avait tout simplement et arbitrairement concédées à l'Algérie. Pourtant, non contente d'avoir récupéré, aux dépens du Maroc, un très vaste territoire, cette dernière entendait encore arracher la quasi région de Figuig. Jusqu'à il y a quelques mois encore, en 2024, la même tentation expansionniste sera affichée chez les dirigeants algériens tandis que le Maroc, comme à son habitude, restera calme, il ne cédera pas au chantage rédhibitoire d'un Chengriha, devenu le revanchard provocateur. L'empereur d'Ethiopie Hailé Selassié et l'ONU ont, bien entendu, intercédé en novembre 1963 pour mettre fin à la guerre entre le Maroc et l'Algérie. Mais comme une blessure béante, l'injustice est demeurée. On l'a dit, contre mauvaise fortune, bon cœur, le Maroc en a fait son credo. La méfiance entre les deux pays du Maghreb s'est muée en conflit latent, toujours à deux doigts d'une provocation. L'Algérie, tirant fierté de ses richesses pétrolières et gazières, s'est cru aussi l'Etat pourvoyeur des soutiens à toutes les révoltions du monde, la Mecque du Tiers Monde, le soutien implacable de l'anti-impérialisme, qui va de Che Guevarra aux Blacks Panthers, aux opposants marocains... Les recettes du gaz et du pétrole aidant, l'Algérie n'a jamais cessé de prétendre au leadership du Maghreb voire d'Afrique et jusqu'à nos jours, elle entend former cette caricaturale coalition avec la Tunisie, voire la Mauritanie contre le Maroc. Le pétrole algérien était autrefois devenu l'arme fatale d'une politique hégémonique et de corruption, notamment au sein de l'OUA ( Organisation de l'Unité africaine), transformée par la grâce du dictateur Kadhafi en Union africaine (UA), cheval de l'expansionnisme libyen en Afrique. L'argent du pétrole et du gaz algériens, sonnant et trébuchant, achetait des voix lors des votes au Conseil de l'Union africaine contre le Maroc, au point qu'en novembre 1984, au fameux Sommet d'Addis Abeba, exaspéré par le chantage, le Roi Hassan II ordonna à Réda Guedira, qui dirigeait la délégation marocaine, de quitter illico presto les travaux du Sommet et donc de mettre fin à notre appartenance à l'OUA ( UA). L'Algérie se prévalait à coup sûr de sa victoire à ce Sommet de l'OUA, et le polisario jubiler si aisément. Cependant, ni l'une, ni l'autre ne croyaient si bien dire, ni penser, ni faire. Par l'un de ses retournements épisodiques, l'Histoire a fait tourner la roue et le Maroc, relativement isolé aux yeux des stipendiés d'Alger, a cultivé une politique de rapprochement direct d'Etat à Etat, misant notamment sur le développement des relations économiques, creusant l'écart ainsi avec une Algérie qui dépense la bagatelle de 500 Milliards de dollars en soutien désastreux des mercenaires du polisario, tant et si bien que le Maroc, avec l'Afrique du sud, se présente aujourd'hui comme l'un des tout premiers investisseurs dans le continent. Est-ce à dire que le principe d'un conflit armé est omniprésent, en tout cas tant qu'un soudard appelé Saïd Chengriha préside aux destinées à la fois de l'armée et du destin du peuple algérien. Sans doute, l'intitulé de cette menace soulèvera-t-il quelques interrogations justifiées ! Nous sommes en effet placés devant ce paradoxe inextricable que l'affrontement avec l'Algérie n'a jamais été aussi proche, aussi prévisible qu'aujourd'hui. Nous le vivons tandis qu'un fil ténu de la raison nous rappelle, en revanche, à une impérieuse prudence. Le théoricien allemand de la guerre, Carl von Clausewitz ne disait-il pas déjà au XIXème siècle que « la guerre est la continuité de la politique par d'autres moyens » ! Ce constat lumineux, nous ne cessons d'en faire l'apophtegme inscrit sur notre fronton depuis un demi-siècle. Depuis cinquante ans en effet, la guerre est à nos portes, imminente, je dirais même qu'il n'est pas d'autre alternative que cette option face à la folie d'un général chamarré dénommé Saïd Chengriha, aujourd'hui plus que jamais conforté par l'éclipse politique de Abdelmajid Tebboune, de plus en plus évanescent, ombre de lui-même... Le paradigme selon lequel l'armée est depuis 1962 la véritable détentrice du pouvoir en Algérie est confirmé depuis des lustres. Le généralissime qui préside aux destinées de l'Algérie n'en démord pas ! Et sa folie meurtrière, comme une lame de fond, aiguise ses appétits, désormais ouvertement, sans ambages, sa raison d'être est d'en découdre avec cet ennemi historique qu'est le Royaume du Maroc. Il s'inscrit dans le sillage des dictatures latino-américaines de pacotille des années quatre-vingt du siècle passé , comme Vidéla en Argentine et Pinochet au Chili. Ni plus ni moins. Depuis la fameuse et obscure réunion, dans tous les sens et tenue en 1965 sous Boumediene dans un cabinet sombre, digne du complot noir , le Maroc a été désigné « ennemi historique, l'adversaire puissant et l'adversaire à combattre et à abattre » sous peine de voir se détruire la « révolution algérienne » ... Le petit fonctionnaire de la sécurité algérienne, qui innovait en formules dans un implacable réquisitoire, a énuméré en effet tous les angles d'attaque contre le Maroc pour l'affaiblir, dont bien entendu entre autres le renvoi chez eux des centaines de Marocains, installés en Algérie...Un projet criminel qui sera exécuté sans état d'âme en novembre 1975 avec cette cruelle nuance que qu'ici, ce sont pas moins de 350.00 citoyens marocains qui furent expulsés un jour de l'aïd al-kabir, laissant derrière eux leurs biens et, ironie de l'Histoire, leur mouton égorgé et suspendu, les femmes marocaines, contrôlées au passage vers la frontière marocaine, leurs bijoux arrachés par la police de Boumediene, leur âme arrachée... Sans doute, en effet, les images de cette tragédie nous ont-elles fait défaut, du fait que ni les télévisions, ni les réseaux sociaux ou autres témoignages directs n'existaient à cette époque pour nous en rendre compte ! Pour autant, la communauté internationale a été témoin d'une forfaiture du régime militaire d'Alger, et d'un président sans cœur – Boukharrouba, alias Boumediene – qui avait oublié comment le Maroc avait soutenu les combattants algériens, dont lui-même qui avait passé des années durant planqué à Oujda. Le mimétisme algérien du Maroc Il est utile de rappeler – sans doute sans espoir – que le fameux clan d'Oujda, dont Ben Bella, Boumediene et Bouteflika faisaient partie, s'était tout simplement révélé plus tard le plus hostile au Maroc. Paradoxe congénital d'une culture de traîtrise, cynisme affiché d'un régime indigne qui a, en l'occurrence, produit une congénitale succession peu glorieuse quant à elle, plongée dans une irascible propension de « vengeance » fabriquée, illustration de la haine tout simplement. On ne dira jamais assez que pour survivre, les dirigeants de l'Algérie ne se contentent pas seulement de haïr le Maroc, ciblé comme le bouc émissaire, le miroir grossissant à la fois de ses réussites spectaculaires et de leur échec patent... Pourtant ils n'ont de cesse de prendre exemple sur tout ce que réalise le Maroc. Ils imitent avec une invraisemblable impudence, tout à leur honte bue. Le Roi Mohammed VI lance-t-il il y a deux ans déjà l'initiative de l'Afrique atlantique, et voilà que Tebboune sur les pas du Roi du Maroc, décide lui aussi de l'imiter avec le même paradigme voire le même argumentaire, croyant sans doute le court-circuiter, réduit en tout cas à un désastreux mimétisme. Il reste que les pays d'Afrique concernés par le projet royal, séduits , convaincus et aussi de sa consistance, peu enclins à céder au chantage algérien, ont plus qu'adhéré à l'initiative du Roi du Maroc. Ils en sont devenus les défenseurs acharnés. Alger aura, là aussi, beau les allécher, tenter de les corrompre avec son gaz et son pétrole, comme elle tente de le faire avec Donald Trump , rien n'y fait. La scène est on ne peut plus à la fois similaire et instructive. On se rend compte de nouveau que l'émissaire dûment désigné par le secrétaire général de l'ONU, je veux dire Monsieur De Mistura aux fins de facilitation du processus de règlement du conflit du Sahara, n'est autre qu'une pâle figure de ce qu'avait été Christopher Ross en son temps. Autrement dit, un allié objectif du gouvernement algérien, Un opposant au droit inaliénable du Maroc, et pour peu que l'on y prête attention, un adversaire patenté du règlement juste de conflit du Sahara. Quand Massad Boulos tire les oreilles de De Mistura Ce n'est donc pas un hasard si Massad Boulos, Conseiller spécial pour l'Afrique et le Moyen Orient de Donald Trump a ni plus ni moins remis à sa place cet « émissaire spécieux » au Sahara qu'est De Mistura après leur rencontre vendredi 5 septembre, notamment à lui adressant un message qui ne souffre aucune ambiguïté sur la position des Etats-Unis : pas d'autre solution que le Plan d'autonomie présenté par le Maroc en avril 2007 au Conseil de sécurité. Inutile de dire que le message de Massad Boulos a non seulement renvoyé dos à dos l'Algérie et Staffan de Mistura, mais écarté toute autre alternative. Ce qu'il convient de souligner c'est que la position américaine, en plus de rester fidèle à la Déclaration de 2020 faite par Trump, réaffirme aussi l'attachement à la souveraineté indéfectible du Maroc sur son territoire. Et, de ce fait, s'inscrit dans le sillage des déclarations d'un Emmanuel Macron, ou d'un Pedro Sanchez pour ne citer que ces derniers... Les travaux de la prochaine session des Nations unies et du Conseil de sécurité d'octobre 2025, clarifieront bien entendu les choses.