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Maroc–Union européenne : Vers un aggiornamento des relations euro-méditerranéennes
Publié dans Maroc Diplomatique le 11 - 09 - 2025

À l'ouverture de la Retraite de haut niveau sur « L'avenir des relations euro-méditerranéennes », le ministre des Affaires étrangères, M. Nasser Bourita, et la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Šuica, ont exposé deux lectures convergentes sur la nécessité de refonder un partenariat souvent perçu comme inachevé. Derrière les formules de coopération et de respect mutuel, c'est une bataille d'influence qui se joue, dans un espace méditerranéen redevenu stratégique au regard des tensions au Proche-Orient et de la compétition globale pour l'Afrique.
M. Nasser Bourita a situé son discours dans la continuité de la Vision Royale. La Méditerranée, a-t-il affirmé, n'est pas seulement une frontière maritime mais « un espace vital et d'appartenance pour le Royaume ». Cette formulation, lourde de sens, illustre l'ambition marocaine de se positionner comme un acteur incontournable dans la redéfinition de l'architecture euro-méditerranéenne.
Le ministre a rappelé que Rabat ne se contente pas d'un rôle périphérique : fort de son expérience dans le cadre du processus de Barcelone, initié en 1995, le Maroc entend « partager une vision et une approche » à la veille du 30e anniversaire de cette initiative. Le calendrier est symbolique : trente ans après les promesses de Barcelone, souvent restées lettre morte, le Royaume appelle à un aggiornamento.
L'insistance sur l'égalité des relations n'est pas anodine. « Ce ne sont pas des relations entre un professeur et un élève », a souligné M. Bourita, critiquant implicitement une approche paternaliste de l'Union européenne. Le Maroc veut rompre avec une logique d'assistance pour faire valoir celle de la complémentarité, en miroir de son affirmation croissante comme puissance régionale.
La commissaire Dubravka Šuica a livré un discours au ton plus institutionnel. Pour elle, l'avenir du partenariat repose sur trois piliers : « les citoyens, et notamment les jeunes ; les économies, via des connexions accrues ; et la paix, indissociable de la prospérité ». Cette structuration reflète la volonté de la Commission de replacer la dimension humaine au centre, dans un contexte où les flux migratoires, l'emploi des jeunes et la stabilité sociale constituent autant de priorités pour l'Europe.
Elle a également mis en avant la préparation d'un « nouveau conseil euro-méditerranéen » qui doit être présenté en novembre. Cette instance, appelée à être « continue », ambitionne de donner un cadre plus tangible à une coopération qui a souvent souffert d'un déficit de gouvernance. En citant la Coupe du monde 2030 comme symbole de coopération transnationale, la commissaire a tenté de projeter une image positive et inclusive de la Méditerranée, où culture et sport deviennent des leviers de diplomatie douce.
Surtout, Šuica a salué le Maroc comme un partenaire « spécial », différent des autres pays du voisinage sud, en raison de ses réformes et de son rôle de passerelle vers l'Afrique. L'Union européenne voit en Rabat un point d'appui stratégique face à la montée en puissance de la Chine, des Etats-Unis et du Golfe sur le continent.
La crise de Gaza comme révélateur
Au-delà des considérations institutionnelles, la conférence a été dominée par la guerre à Gaza. M. Bourita a dénoncé les « violations flagrantes du droit international » commises par Israël, rappelant que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité Al-Qods, avait condamné fermement les déplacements forcés et les famines imposées aux civils palestiniens. Pour Rabat, la question palestinienne reste indissociable de l'équilibre euro-méditerranéen : « Barcelone en 1995 est né après Madrid en 1994 », a rappelé le ministre, établissant un lien direct entre processus de paix et coopération régionale.
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Šuica a confirmé la convergence avec Rabat. Elle a qualifié les déclarations visant à déplacer les Palestiniens de Gaza de « dangereuses et absolument inacceptables », et réaffirmé l'attachement de Bruxelles à la solution à deux Etats. Pour la commissaire, la guerre actuelle constitue un test majeur pour la crédibilité du droit international et des institutions multilatérales, mises à rude épreuve.
Cette convergence illustre une volonté partagée d'articuler la Méditerranée autour d'un socle de stabilité politique. Mais elle révèle aussi une fragilité : sans règlement durable au Proche-Orient, tout projet euro-méditerranéen reste précaire.
Un espace convoité dans la compétition mondiale
Derrière les appels au partenariat, les enjeux stratégiques dépassent largement le cadre euro-méditerranéen. Le Maroc, en insistant sur une relation équilibrée, cherche à capitaliser sur sa position géographique pour consolider son rôle de hub vers l'Afrique. Cette ambition s'inscrit dans une dynamique où Rabat attire des investissements européens tout en diversifiant ses partenariats avec la Chine, les Etats-Unis, la Russie et les puissances du Golfe.
L'Union européenne, de son côté, voit dans la Méditerranée non seulement un voisinage, mais une zone de projection de son influence dans un monde multipolaire. Face à l'expansion des Nouvelles routes de la soie chinoises et à l'offensive diplomatique des BRICS, Bruxelles veut redonner du contenu à une relation qu'elle avait longtemps considérée comme acquise.
Le Maroc apparaît dès lors comme un test : pays relativement stable, moteur en Afrique du Nord, il incarne pour l'UE la possibilité d'un partenariat « modèle ». Mais il impose ses conditions : une reconnaissance claire de son rôle central, un rejet de la logique d'aide verticale et une ouverture accrue vers les besoins africains.
Vers une refondation ou un énième ajustement ?
La tenue de la Retraite de Rabat, à deux mois du 30e anniversaire du processus de Barcelone, a valeur de symbole. Mais la question demeure : s'agit-il d'un tournant réel ou d'une nouvelle étape dans une série de réajustements sans profondeur ?
Pour le Maroc, l'objectif est de consolider une position de pivot régional, au moment où le Royaume déploie une diplomatie active sur plusieurs fronts — de l'Atlantique aux BRICS en passant par le dossier du Sahara. Pour l'Union européenne, il s'agit de prouver que son discours sur la « prospérité partagée » peut encore séduire, dans un contexte de perte d'influence en Afrique et de concurrence accrue.
La réussite de cette refondation dépendra de la capacité des deux parties à dépasser les asymétries héritées et à traduire leurs convergences diplomatiques en projets concrets. Le pari est ambitieux : transformer la Méditerranée d'une zone de fractures en un espace de co-développement et de stabilité.


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