Riyad s'est érigée en épicentre du dialogue international en accueillant, les 14 et 15 décembre, la 11e édition du Forum mondial de l'Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC). Placé sous l'égide thématique « Deux décennies de dialogue pour l'humanité », cet événement s'est déroulé dans une conjoncture internationale particulièrement tendue, caractérisée par l'exacerbation des conflits, la recrudescence des rhétoriques haineuses et une profonde défiance envers les structures traditionnelles de la gouvernance mondiale. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a posé le ton lors de son allocution inaugurale, affirmant que « Le dialogue n'est pas un luxe, c'est une stratégie de survie ». La capitale saoudienne a ainsi réuni 161 délégations de l'UNAOC autour d'un constat paradigmatique : face à la polarisation globale croissante, l'impératif du dialogue interculturel est à la fois stratégique et non négociable. Le secrétaire général a mis en exergue le paradoxe d'une humanité « plus connectée, mais jamais aussi fragmentée », esquissant, selon les analyses d'UN News, deux trajectoires antithétiques : l'une menant à l'enfermement et à l'escalade conflictuelle, l'autre privilégiant l'édification de ponts entre les civilisations. Miguel Ángel Moratinos, haut représentant de l'Alliance, a lancé un avertissement solennel concernant la résurgence de l'intolérance : « La haine est de retour, et avec force. De larges pans de nos sociétés restent rejetés ou exclus en raison de leur foi, de leur apparence ou de leurs traditions. » Il a par ailleurs réitéré l'engagement inébranlable en faveur de la paix, rappelant les prémices de cette initiative : « Au Forum de Fès en 2022, nous avons proposé le lancement d'une "Alliance pour la paix". Nous avons réaffirmé cette idée dans la Déclaration de Cascais en 2024, et je la réaffirme aujourd'hui ici à Riyad, à un moment où la paix est plus nécessaire que jamais. » Lire aussi : Doha : 11e session de la Conférence des Nations Unies contre la corruption Intelligence artificielle, désinformation et résilience des sociétés Cette session a articulé ses travaux autour de plusieurs enjeux cruciaux : la désinformation liée à l'IA et sa dissémination accélérée, le rôle prépondérant des femmes dans les processus de paix, les défis de la migration et de la dignité humaine, ainsi que la nécessité de contrecarrer les discours de haine, condition sine qua non de la cohésion sociale. Dans cette perspective, Ismail Serageldin, co président du Nizami Ganjavi International Center et ancien vice-président du Groupe de la Banque mondiale, a souligné le caractère désormais incontournable de l'intelligence artificielle, exhortant les sociétés à l'adaptation plutôt qu'à l'appréhension. De son côté, Achraf Tasfaout, data scientist émérite du secteur bancaire, a mis en lumière l'accélération de la propagation des messages haineux et la difficulté croissante à discerner l'authenticité face à la prolifération des deep fakes. Le Communiqué de Riyad, adopté en conclusion des délibérations, réaffirme avec force que le dialogue transcende la simple option diplomatique pour s'établir comme un socle essentiel à la coexistence pacifique dans un monde multipolaire. Il insiste également sur la fonction structurante de l'éducation, de la jeunesse et des femmes, ainsi que sur la coopération interreligieuse dans l'édification de sociétés inclusives et pacifiques. Ce Forum s'inscrit, en outre, dans la continuité des postulats de la Déclaration de Fès de 2022. Celle-ci avait consacré l'universalité de l'UNAOC, reconnu le rôle catalyseur de la jeunesse et de la société civile, souligné l'indissociabilité des libertés de religion et d'expression, et appelé à l'implémentation de plans d'action nationaux alignés sur les objectifs de l'Alliance. La Déclaration rendait un hommage appuyé au Maroc et à la ville de Fès, reconnue comme terre de spiritualité et de dialogue, rappelant que le multilatéralisme et la résilience interculturelle constituent les piliers inébranlables d'un ordre international fondé sur la dignité humaine et la paix pérenne.