Les relations entre Rabat et Pékin viennent de franchir un cap déterminant avec la mise en place d'un dialogue stratégique global, fruit d'un mémorandum d'entente signé à Pékin par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, et son homologue chinois, Wang Yi. Cette initiative ne se limite pas à un rapprochement diplomatique : elle s'accompagne d'annonces d'investissements massifs qui confirment la place grandissante de la Chine dans la transformation économique du Maroc. Depuis la visite d'Etat de S.M le Roi Mohammed VI à Pékin en mai 2016, la coopération bilatérale s'est traduite par la signature de treize accords majeurs couvrant l'industrie, l'énergie, l'agriculture, la culture et le tourisme. Cette dynamique a pris corps dans des projets structurants, au premier rang desquels la Cité Mohammed VI Tanger Tech, conçue comme un hub industriel et logistique destiné à attirer plusieurs dizaines de milliards de dollars d'investissements à moyen terme. Plus récemment, les flux financiers en provenance de Pékin se sont accélérés. Selon les données officielles, les investissements directs chinois au Maroc ont franchi en 2024 le seuil des 2 milliards de dollars, illustrant une montée en puissance soutenue. Parmi les projets emblématiques figure l'usine de batteries électriques de Kénitra, évaluée à 1,3 milliard de dollars, dont la mise en service est programmée pour 2026. À elle seule, cette unité devrait transformer la chaîne de valeur industrielle marocaine dans le secteur de la mobilité électrique, en lien avec les stratégies de transition énergétique. L'impact économique ne se limite pas à l'industrie. Le dialogue stratégique vise également à renforcer le tourisme, avec l'objectif affiché d'accueillir près d'un million de visiteurs chinois à l'horizon 2030. Ce chiffre suppose des investissements conséquents dans les infrastructures aériennes et hôtelières, soutenus par l'ouverture et la multiplication des vols directs entre Casablanca, Pékin et Shanghai. Au-delà des chiffres, ce nouveau mécanisme illustre une volonté partagée de bâtir une relation fondée sur la confiance, la solidarité et le respect mutuel. En plaçant les investissements au cœur de leur coopération, Rabat et Pékin ambitionnent de transformer la relation sino-marocaine en un partenariat d'envergure, capable d'aligner intérêts industriels, flux financiers et rapprochements culturels. Ce dialogue stratégique inaugure ainsi une nouvelle ère, où la diplomatie s'articule directement avec des engagements financiers massifs, destinés à renforcer la position du Maroc comme hub régional, tout en consolidant l'ancrage de la Chine dans le Maghreb et sur le continent africain.