Cette fin de semaine une première exposition éphémère de Velma Ljubuncic Zovko et de Franck Pizzo. Ces artistes donnent une seconde vie à des objets délaissés et les élèvent au rang de pièces uniques. Suivez La Vie éco sur Telegram Ce week-end, la galerie la Passerelle des Arts à Agadir se mue en laboratoire de création où le verre récupéré devient design d'auteur. Avec l'expo éphémère FRANKIVEL ART, l'économie circulaire sort de la théorie : l'objet du quotidien se réinvente, la durabilité s'esthétise, et l'upcycling prend rang d'écriture contemporaine. À l'origine, une conviction simple : l'upcycling n'est pas qu'une tendance, c'est une filière culturelle et économique. L'artiste Velma Ljubuncic Zovko en décline le vocabulaire avec une écriture visuelle singulière : peinture sur poterie, vases et bouteilles recyclés, tableaux composés de matériaux récupérés. Fille d'un médecin amoureux d'art, passée par l'aquarelle et la peinture sur tissu, elle marie aujourd'hui esthétique et engagement en donnant une seconde vie à la matière. Chaque pièce porte l'empreinte du geste — couleurs, textures, reflets — et l'exigence d'une pièce unique, pensée hors des logiques de série. Ce parti pris rencontre la démarche de Franck Pizzo. Né d'une déambulation en période de confinement, son projet Ekoverre capte les bouteilles délaissées, les détourne et les élève au rang de luminaires, objets de décoration, verres originaux. « Eko » pour l'écologie, « verre » pour la matière : l'équation est limpide. Avec Velma, l'aventure change d'échelle : le verre se relooke à la main, l'objet raconte une nouvelle trajectoire, la lampe ne ressemble à aucune autre. Ici, aucun doublon : chaque création est un prototype signé, édité en exemplaire unique. Le lieu, lui, n'est pas neutre. La Passerelle des Arts est née du tournant professionnel de Christine Lorcy, ancienne professeure au Lycée français international d'Agadir. Construite à la main avec des matériaux de récupération, la Passerelle n'est pas qu'un espace d'exposition : c'est un atelier d'idées, un pont entre générations, une scène ouverte aux pratiques et aux publics. Dans un contexte où les territoires cherchent des relais d'attractivité hors saison, ce type de tiers-lieu culturel structure un écosystème local : artisans, fournisseurs, petites structures créatives, écoles, associations. Au-delà du geste artistique, l'exposition pose les termes d'une économie circulaire désirable. Le verre récupéré passe en atelier, devient plus sobre en empreinte carbone que le neuf, et gagne en valeur par le design. Le visiteur y voit d'abord de la poésie — une bouteille qui diffuse un éclat, une courbe qui capte la lumière — mais l'entrepreneur y lira un signal de marché : le consommateur « premium durable » existe, prêt à payer pour des pièces singulières, traçables, locales. Pour Agadir, qui multiplie les initiatives de montée en gamme, cette grammaire du « beau responsable » complète utilement l'offre touristique et résidentielle.