Le 19 septembre 2025, le siège de l'Unesco à Paris a vibré au rythme d'une cérémonie dédiée à l'avenir de la recherche scientifique mondiale : la remise du Prix international Unesco-Al Fozan pour la promotion des jeunes chercheurs en sciences et technologies. Parmi les lauréats de cette édition, une figure marocaine s'est imposée par son parcours exemplaire : la physicienne Mounia Laassiri, dont le travail et l'engagement témoignent du rayonnement scientifique du Royaume sur la scène internationale. Pour Mounia Laassiri, l'attribution de ce prix prestigieux dépasse la simple consécration personnelle. « C'est un grand honneur que j'accueille avec humilité, en pensant à tous les chercheurs de talent qui auraient aussi pu être distingués », confie-t-elle. À ses yeux, cette reconnaissance est à la fois une responsabilité et une opportunité : celle de poursuivre et renforcer son engagement scientifique au service de la communauté internationale, d'intensifier ses collaborations et élargir l'impact de ses projets. Sur le plan national, cette consécration constitue un symbole fort : « J'espère que ce prix témoigne de la qualité de l'éducation que j'ai reçue au Maroc, tant sur le plan académique que culturel. Cette formation solide m'a permis d'être compétitive au niveau international ». En même temps, elle exprime le vœu de voir davantage d'opportunités créées au Maroc pour permettre aux jeunes scientifiques d'exprimer pleinement leur potentiel et de contribuer au développement du pays. Un parcours scientifique d'exception Spécialiste en physique des hautes énergies, Mounia Laassiri consacre ses recherches à des projets de tout premier plan. Elle travaille pour l'expérience ATLAS au Grand collisionneur de hadrons (LHC), l'un des plus vastes instruments scientifiques jamais construits. Son rôle ne se limite pas à la recherche fondamentale : elle participe à l'amélioration des performances technologiques des détecteurs, indispensables pour la prochaine génération d'expériences en physique des particules. L'un de ses travaux majeurs concerne le projet Inner Tracker Upgrade (ITk), un système de détection de pointe conçu pour mesurer avec une précision extrême la direction et l'impulsion des particules dans l'environnement à haute luminosité prévu au LHC. Elle a également contribué à l'étalonnage avancé des détecteurs de traces pour l'expérience DUNE (Deep Underground Experiment), un projet international de grande envergure qui explore les propriétés fondamentales des neutrinos. Lire aussi : Rabat inaugure une chaire Unesco pour l'égalité des genres en sciences Mais les apports de la scientifique marocaine ne se limitent pas à la recherche théorique. Elle a développé des systèmes de détection pour des applications concrètes dans des domaines aussi stratégiques que la médecine nucléaire, la physique nucléaire appliquée et les réacteurs de recherche. Ces travaux ouvrent la voie à des innovations capables de transformer des secteurs clés et de former de nouvelles générations de chercheurs hautement compétitifs. Une vocation de transmission et de partage Au-delà de ses recherches, Mounia Laassiri incarne une passion pour l'enseignement et la transmission. Son action s'étend des universités aux lycées, en passant par les enseignants du secondaire, en Afrique comme dans les pays arabes. Elle conçoit la vulgarisation scientifique comme une mission essentielle, car la physique reste souvent perçue comme une discipline complexe et inaccessible. En formant ses étudiants, elle entend leur donner les moyens de se distinguer sur la scène internationale. Pour les enseignants, elle propose des approches pédagogiques innovantes afin d'améliorer la qualité de l'enseignement de la physique. Quant aux élèves, elle cherche avant tout à éveiller leur curiosité, à nourrir leur intérêt et à les encourager à persévérer dans la voie scientifique. Un modèle de résilience et d'inspiration Le domaine de la physique nucléaire et des particules reste marqué par une sous-représentation des femmes, des Africains et des Arabes, ce qui en rend l'accès particulièrement difficile. La scientifique marocaine reconnaît avoir parfois affronté des stéréotypes et des situations intimidantes. Pourtant, elle a choisi de transformer ces défis en force. « Nous recevons de nos pays une éducation solide qui nous permet d'oser aller là où personne ne nous attend », affirme-t-elle. Son message aux jeunes chercheurs marocains est clair : persévérer, même lorsqu'on se retrouve en minorité dans son environnement de recherche, et savoir s'entourer de mentors attentifs et bienveillants. Elle-même a bénéficié de tels soutiens et souhaite désormais devenir, à son tour, une source d'inspiration et un repère pour la jeunesse scientifique. Le cheminement de Mounia Laassiri illustre avec éclat le potentiel scientifique du Maroc. Le pays dispose de talents capables de briller dans les plus prestigieuses institutions de recherche internationales. En honorant l'une de ses figures les plus brillantes, le Prix Unesco-Al Fozan adresse aussi un signal fort : la recherche marocaine a sa place dans la dynamique scientifique mondiale.