Tarif unique, catalogue éclectique ... La Fête du Cinéma avait tous les ingrédients pour séduire. Pourtant, avec seulement 60.000 spectateurs, l'événement révèle la tourmente inexorable qui s'abat sur les salles de cinéma, depuis quelques décennies. Suivez La Vie éco sur Telegram Quatre jours, un tarif unique de 30 dirhams, plus de 50 films projetés dans vingt salles – de l'Alcazar au Ciné Atlas, en passant par Camera et Lutetia – dans huit villes du Royaume : sur le papier, la Fête du Cinéma 2025, qui s'est déroulée du 11 au 14 septembre, avait de quoi faire rêver. Mais avec seulement 60.000 spectateurs au compteur, la réalité rattrape vite l'enthousiasme. Derrière les chiffres flatteurs, les salles obscures marocaines peinent à retrouver leur public. L'année dernière, le Centre cinématographique marocain (CCM) se réjouissait d'une fréquentation en hausse : 2,18 millions d'entrées en 2024, contre 1,72 million en 2023, pour des recettes dépassant 127 millions de dirhams. Une embellie certes, mais qui ne doit pas faire illusion. La Fête du Cinéma 2025, avec ses modestes 60.000 billets vendus, met en lumière une cruelle réalité : attirer le spectateur marocain reste un défi de taille. «J'arrive au cinéma, je tends mon billet, et on me dit : 30 dirhams, c'est la Fête du Cinéma ! J'étais même pas au courant», confie un jeune Casablancais, hilare, à la sortie d'une séance. Cette anecdote, drôle en apparence, révèle un problème sérieux : pour sa deuxième édition, l'événement a souffert d'un manque de visibilité criant. Et comment remplir les salles quand personne ne sait qu'elles existent ? Pensée pour démocratiser l'accès au 7e art, la Fête proposait un catalogue éclectique, mêlant productions marocaines et films internationaux. En plus, l'initiative a pris des airs de solidarité : grâce à un partenariat avec l'association Yed Najma, plus de 150 enfants défavorisés ont pu découvrir la magie du grand écran. Un geste applaudi, mais qui ne suffit pas à combler le vide dans les rangs des spectateurs. «Avec 60.000 spectateurs, nous montrons que le cinéma a son public au Maroc, prêt à être fidélisé», plaident les organisateurs. Optimisme louable, mais un peu candide. Car si la Fête du Cinéma est une première étape, elle ne peut à elle seule enrayer la désaffection chronique des salles, plombées par des fermetures en cascade et la concurrence du streaming. Alors, que faire pour inverser la tendance ? La Fête du Cinéma montre la voie : tarifs attractifs, ambition inclusive, diversité des films... Mais il faudra multiplier les initiatives, investir dans la communication et repenser l'expérience en salle. Comme le rappelle un exploitant : «Les gens viendront si on leur donne une bonne raison de le faire». En attendant, la Fête du Cinéma aura au moins rappelé une chose : le cinéma, lorsqu'il est accessible, peut encore rassembler. Reste à transformer l'essai pour qu'il refasse clair au ciel des salles obscures.
Cinémas participants : Alcazar, Avenida, Ritz, Ciné Roxy, Cinémathèque de Tanger, les Megarama, Renaissance, Rif, Eden Club, Pathé, Ciné Atlas, Lutetia, Le Colisée. Villes : Casablanca, Rabat, El Jadida, Marrakech, Meknès, Fès, Tanger, Tétouan.