La Grèce est entrée une nouvelle fois en ébullition sociale. Les principaux syndicats du pays ont appelé à une grève générale contre un projet de réforme du gouvernement permettant d'allonger la durée quotidienne de travail jusqu'à 13 heures, une mesure perçue comme une remise en cause profonde des droits des travailleurs. Le texte défendu par l'exécutif de Kyriakos Mitsotakis entend autoriser, sous conditions, des journées de travail de 13 heures pour un seul employeur. Jusqu'ici, une telle durée n'était possible que par le biais de plusieurs emplois cumulés. Le projet prévoit que ces longues journées soient limitées à 37,5 jours par an, accompagnées d'une majoration salariale de 40 %. Le plafond légal hebdomadaire resterait fixé à 48 heures, tandis que le volume annuel d'heures supplémentaires serait plafonné à 150 heures. Selon la ministre du Travail Niki Kerameos, il s'agit d'« offrir davantage de flexibilité » et de donner aux salariés la possibilité de gagner plus sans multiplier les emplois. Un argument qui n'a pas convaincu les organisations syndicales. Les syndicats dénoncent une dérégulation Pour les centrales ouvrières, cette réforme revient à légaliser des pratiques abusives déjà répandues dans certains secteurs. Elles dénoncent une atteinte aux droits fondamentaux, une « dérégulation du code du travail » et un risque d'épuisement généralisé des salariés. « Derrière le volontariat affiché, il y a la pression implicite des employeurs. Un salarié qui refuse pourrait voir sa carrière freinée », alerte le professeur de relations industrielles Theodoros Koutroukis. LIRE AUSSI : Grève nationale en Belgique : aucun vol au départ de Brussels Airport le 14 octobre Les syndicats réclament au contraire une réduction du temps de travail hebdomadaire à 37,5 heures, arguant qu'il s'agit d'un enjeu de santé publique et de productivité. La grève touche de nombreux secteurs. Les transports maritimes sont particulièrement affectés : la fédération des marins (PNO) a immobilisé les ferries pour 24 heures, perturbant lourdement la desserte des îles. D'autres professions, dont les taxis et certains services publics, participent au mouvement. Des manifestations massives sont prévues dans le centre d'Athènes et dans plusieurs grandes villes. Une série noire de conflits sociaux Il s'agit de la sixième grève nationale depuis le début de l'année, un signe de la crispation sociale en Grèce face aux réformes du gouvernement. Déjà affaibli par plusieurs mouvements contre la libéralisation du travail, l'exécutif de Mitsotakis fait face à une contestation durable. Les syndicats affirment que ces mobilisations visent à alerter contre un glissement progressif vers un modèle de travail ultra-flexible, au détriment de la qualité de vie des salariés. Si le gouvernement insiste sur le fait que la réforme ne vise qu'à adapter la législation aux nouvelles réalités économiques, la contestation sociale pourrait freiner son adoption. La bataille autour de ce projet met en lumière un dilemme plus large : comment concilier compétitivité et protection sociale dans un pays encore marqué par les séquelles de la crise économique et les exigences de productivité.