Depuis la fin septembre 2025, la rue est secouée par une série de manifestations initiées par la génération Z, sous la bannière du mouvement « GenZ212 ». Si les premiers appels à la mobilisation affichaient des intentions revendicatives autour de l'éducation, de la santé et de la justice sociale, le mouvement a rapidement basculé dans une spirale de violence inédite. Le mardi 30 septembre 2025 a marqué un tournant dramatique dans les manifestations, avec l'éclatement de violents affrontements entre jeunes protestataires et forces de l'ordre dans plusieurs villes et localités du pays. Ce climat délétère fait suite à l'appel à manifester lancé par un collectif numérique émergent baptisé GenZ212, réclamant des réformes profondes des secteurs publics de la santé et de l'éducation. À Inzegane, dans la périphérie d'Agadir, des individus, souvent cagoulés, se sont livrés à des actes de grande violence : jets de pierres sur les unités de police, incendies de véhicules de fonction, de voitures particulières, de commerces, ainsi que des dégradations ciblant un centre commercial, des agences bancaires, des bureaux de poste et des pharmacies. LIRE AUSSI : Jeunesse et Etat : l'urgence de renouer le pacte national Des scènes similaires ont été rapportées à Beni Mellal, Aït Amira (région d'Agadir) et Oujda. Bien que les autorités n'aient pas encore publié de chiffrage officiel des destructions, les témoignages et images relayés sur les réseaux sociaux attestent de l'ampleur des dégâts. Les autorités, confrontées à une montée brutale de la violence, ont mobilisé d'importants moyens pour tenter de maîtriser les troubles. Les heurts se sont intensifiés pour le quatrième jour consécutif, alors que des appels à la mobilisation continuent à circuler sur les réseaux sociaux comme Discord. Le collectif GenZ212 reste sans figures identifiées, renforçant le caractère insaisissable de la mobilisation. Un message brouillé par l'anarchie Le mouvement GenZ212, qui entendait au départ être une « révolte pacifique » pour une société plus juste, a vu ses objectifs dilués dans la confusion et l'anarchie. Des voix au sein du mouvement ont certes appelé au calme, mais ces appels sont restés inaudibles face à la montée des tensions. Sur le plan politique, la majorité au pouvoir, conduite par le Rassemblement National des Indépendants (RNI), a diffusé un communiqué assurant qu'elle restait attentive aux revendications de cette jeunesse et qu'elle entendait y répondre de manière « constructive et responsable ». Mais ce message n'a manifestement pas suffi à apaiser la colère dans la rue : les protestations se sont poursuivies dans la soirée. Une interrogation s'impose alors : n'aurait-il pas fallu écouter et dialoguer plus tôt, avant que la situation ne s'envenime ? Pourquoi les signaux d'alerte initiaux ont-ils été ignorés ou minimisés ? Le gouvernement se retrouve aujourd'hui confronté à une double urgence : restaurer l'ordre et répondre aux attentes légitimes d'une jeunesse en mal de perspectives, tout en évitant que la violence ne devienne la norme d'expression des revendications sociales.