Des milliers d'agriculteurs venus de plusieurs pays d'Europe mènent jeudi une grande manifestation dans le centre de Bruxelles, pour faire entendre leurs revendications et exprimer le rejet du projet d'accord de libre échange entre l'UE et le Mercosur. Près de 8.000 manifestants et plus de 500 tracteurs ont convergé vers le centre de la capitale belge et européenne, alors que se tient un Conseil européen devant examiner, entre autres, l'accord commercial UE-Mercosur, qui fait face à une forte opposition de la part du secteur agricole mais aussi de certains Etats membres. Les agriculteurs européens s'inquiètent également du prochain budget de la Politique agricole commune (PAC), qui pourrait être raboté. Des tensions ont éclaté dans la matinée entre les agriculteurs et la police dans le quartier européen. La police a fait usage d'un canon à eau et des gaz lacrymogènes à l'encontre de quelques tracteurs installés dans le cadre de cette manifestation, alors que certains agriculteurs ont tenté de passer outre le périmètre de sécurité établi par les autorités, a affirmé la police. Lire aussi : Droits de douane : le gouvernement US promet une aide « conséquente » aux agriculteurs Alors que le rassemblement était annoncé du côté de la gare du Nord, une partie importante de manifestants ont établi leur quartier sur la place du Luxembourg, en face du Parlement européen, ainsi que sur la rue de la Loi, près des institutions européennes. « Le monde agricole est en souffrance. Un métier que l'on dit essentiel ne peut pas se vivre à découvert », a scandé jeudi devant les milliers de manifestants Caroline Jaspart, de l'Union des Agricultrices Wallonnes (UAW), affirmant que les agriculteurs européens se sentent « isolés, abandonnés et surtout pas protégés ». La quarantaine de fédérations présentes jeudi à Bruxelles dénonce la politique de la Commission européenne, qui « déclare la guerre à ceux qui la nourrissent », et rappelle que la souveraineté alimentaire « ne doit pas être prise pour acquise ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher le traité UE-Mercosur lors du sommet du groupement sud-américain, samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles. La France, la Pologne, la Hongrie et l'Italie, qui ne souhaitent pas signer l'accord en l'état, semblent être en mesure de former une minorité de blocage au sein des 27 qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.