La signature de l'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne, attendue lors du sommet des chefs d'Etat du bloc sud-américain à Foz do Iguaçu, dans le sud du Brésil, a été reportée à janvier en raison des réticences de certains pays européens, rapportent les médias brésiliens. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait confirmé aux 27 Etats membres que la formalisation du traité ne pourrait pas intervenir comme prévu, alors que des agriculteurs faisaient entendre leur colère à Bruxelles. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avait ouvert la voie à ce report quelques heures plus tôt, à l'issue d'un échange téléphonique avec la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni. Celle-ci lui aurait demandé de faire preuve de patience pendant un mois au maximum, tout en assurant que l'Italie soutiendrait l'accord in fine, a-t-il relaté. Lula a affirmé que l'accord de libre-échange entre le Mercosur, qui regroupe le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, et l'Union européenne est « plus favorable » au bloc européen, tout en réaffirmant la pleine disposition des pays sud-américains à le conclure, malgré les résistances persistantes de plusieurs Etats membres de l'UE. Lire aussi : Bruxelles : Grande manifestation des agriculteurs européens opposés à l'accord UE-Mercosur Le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, a estimé pour sa part que ce report ne remettait pas en cause la viabilité du traité, négocié depuis plus de deux décennies. « Si, à présent, l'Europe, ou certains pays européens, ont besoin de plus de temps pour expliquer cet accord à l'opinion publique et aux producteurs, je pense que, si ce délai est court, il peut être pertinent d'attendre », a-t-il déclaré, jugeant que le texte dépasse le seul cadre commercial et revêt une dimension géopolitique dans un contexte de fragmentation croissante de l'économie mondiale. Selon M. Haddad, l'accord négocié comporte déjà des mécanismes de protection destinés aux producteurs européens. Il a souligné que certains gouvernements pourraient avoir besoin de davantage de temps pour en expliquer les enjeux à leurs opinions publiques et à leurs secteurs productifs. Le ministre a également indiqué qu'il entretient un dialogue direct avec des dirigeants européens et qu'il a échangé des messages avec le président français Emmanuel Macron au sujet de l'accord. « J'ai envoyé un message à (Emmanuel Macron) en lui disant que ce qui était en jeu allait bien au-delà d'un accord commercial. Il s'agissait d'un accord de nature politique, adressant au monde un signal clair selon lequel nous ne pouvions pas nous orienter vers un climat de tension entre deux blocs fermés. Il fallait ouvrir un espace dans la sphère géopolitique, et l'accord Union européenne-Mercosur constituait précisément cette ouverture dont le monde avait besoin », a-t-il ajouté. Négocié depuis 26 ans, ce traité de libre-échange concerne un marché de quelque 722 millions de personnes et représente un PIB cumulé d'environ 22.000 milliards de dollars.