La suspension des visas délivrés par tirage au sort aux Etats-Unis, annoncée après la fusillade de l'université Brown, ouvre une phase d'incertitude autour d'un programme migratoire mis en place depuis plus de trente ans. La ministre américaine de la Sécurité intérieure, Mme Kristi Noem, a annoncé, ce vendredi 19 décembre 2025 à Washington, la suspension temporaire du programme des « visas diversité » délivrés par tirage au sort, après la fusillade survenue à l'université Brown, dont le suspect était entré aux Etats-Unis grâce à ce programme migratoire. Cette décision, prise dans un contexte de forte émotion nationale, a immédiatement relancé le débat sur les mécanismes d'immigration légale et leurs implications sécuritaires. Lors d'une déclaration publique, la responsable américaine a indiqué avoir ordonné au service de la citoyenneté et de l'immigration de suspendre l'octroi de ces visas, estimant que le programme devait être réexaminé. La ministre a fait savoir que l'auteur présumé de la fusillade, entré sur le territoire américain en 2017 grâce au système de loterie et devenu résident permanent, n'aurait pas dû, selon elle, bénéficier de cette autorisation. Cette annonce s'inscrivait dans la continuité des orientations migratoires adoptées par l'administration du président Donald Trump depuis le début de son second mandat. La décision intervenait quelques jours après une série de mesures restrictives prises par les autorités américaines. Début novembre, le département d'Etat avait demandé aux agents consulaires de renforcer les critères sanitaires dans l'examen des demandes de visa. Dans le même temps, à la suite d'une attaque mortelle à Washington, l'administration avait gelé les décisions relatives à l'asile, confirmant une volonté de durcissement global de la politique migratoire. Lire aussi : Fusillade à Washington: le FBI enquête sur un éventuel acte terroriste La fusillade de Brown bouleverse les projets de milliers de candidats Le programme des visas diversité, mis en place en 1990, permettait chaque année à environ 50 000 personnes d'accéder à la résidence permanente aux Etats-Unis, sous réserve de conditions liées au niveau d'études ou à l'expérience professionnelle, ainsi qu'à des contrôles administratifs et sécuritaires. Pour plusieurs pays, dont le Maroc, ce dispositif constituait l'une des principales voies légales d'immigration, en dehors des regroupements familiaux ou des recrutements professionnels ciblés. L'annonce de cette suspension a suscité une inquiétude immédiate parmi les candidats marocains. Les lauréats du programme DV 2025, dont certains n'avaient pas encore passé leur entretien au consulat américain de Casablanca, se retrouvaient confrontés à un gel de fait de leur dossier. Les bénéficiaires de la DV 2026, sélectionnés en mai et engagés dans les démarches préparatoires, voyaient leurs projets remis en question, alors même que des frais administratifs et médicaux avaient déjà été engagés. La fusillade de l'université Brown, à l'origine de cette décision, avait profondément choqué l'opinion publique américaine. Le suspect, ressortissant portugais âgé de 48 ans, avait été retrouvé mort après avoir tué deux étudiants et un professeur. Selon la police, il aurait agi seul et se serait donné la mort. Aucun mobile précis n'avait été officiellement établi. Ce drame relançait toutefois le débat récurrent sur la circulation des armes à feu aux Etats-Unis, où les violences armées continuaient de faire des milliers de victimes chaque année.