Certains constats retentissent comme un coup de tonnerre. Celui dressé par Bank Al-Maghrib sur la situation des Très petites entreprises en est un. Oui, 94% du tissu productif national est constitué de TPE, et près de 80% peinent à dépasser un chiffre d'affaires annuel de 3 millions de dirhams. Oui, à chaque bourrasque économique, il faut rejouer le même scénario de sauvetage en urgence. Mais, pour la première fois, le discours change de registre. Fini les interventions d'urgence façon «sapeurs-pompiers» : place à une doctrine d'accompagnement structurée, durable, et surtout décentralisée. Il faut dire que le mal est plus profond que le seul accès au crédit. Derrière les refus bancaires, il y a des business plans mal ficelés, des hypothèses fragiles, une formation entrepreneuriale inégale, et une solitude accablante des porteurs de projet, surtout en dehors des grands centres urbains. L'expérience d'Intilaka a bien prouvé que, sans accompagnement, l'argent seul ne fait pas grand-chose. Le virage opéré aujourd'hui par la Banque centrale vers une logique d'«écosystème» est donc salutaire. Il implique tous les acteurs dans un effort collectif. La promesse d'un scoring national alimenté par l'intelligence artificielle est intéressante, mais elle ne portera ses fruits que si elle s'accompagne d'un véritable maillage territorial d'accompagnement entrepreneurial. Au fond, il ne s'agit plus seulement de faire survivre les TPE. Il faut leur permettre de croître, de franchir les paliers, de devenir, un jour, des PME capables d'exporter, d'innover, de créer de l'emploi stable. C'est à cette condition que le tissu économique marocain pourra sortir de sa fragilité chronique et contribuer pleinement à un développement inclusif, équitable et durable. Meriem Allam / Les Inspirations ECO