Nasser Bourita s'entretient avec Sergueï Lavrov en pleine préparation de la 8ème Commission Mixte    Retraite de haut niveau sur l'avenir des relations euro-méditerranéennes »    La police de l'environnement et les droits de l'Homme au menu du prochain Conseil de gouvernement    Le maire de Montpellier appelle les opérateurs français à saisir les opportunités d'investissement au Maroc    Enfin, une Ecole Numérique voit le jour à Samara    Le Maroc accueille 13,5 millions de touristes à fin août 2025    Ciment : Plus de 9,63 Mt de livraisons à fin août    Le Maroc condamne vivement l'agression israélienne odieuse et la violation de la souveraineté de l'Etat frère du Qatar    Partenariat: L'Institut Amadeus signe un MoU avec l'Emirates Center for Strategic Studies and Research    Omar El Hilali, débuts discrets mais inoubliables avec les Lions de l'Atlas    Côme et Fàbregas relancent la piste Hakim Ziyech    Hospitalisé à Casablanca, Badou Zaki manquera le match Tanzanie – Niger    "L'Equipe" : Hamza Igamane signe des « débuts tonitruants »    Salon du Cheval: El Bouari s'enquiert des préparatifs de la 16e édition    Météo : Averses orageuses avec chutes de grêle et rafales de vent prévues ce mardi    Enseignement : Saad Berrada inaugure des établissements scolaires à Errachidia    La Turquie, premier exportateur mondial de farine    Le Maroc figure parmi les exposants majeurs au Salon international de la construction de Benghazi    93e Assemblée générale d'Interpol : Le Maroc renforce sa position stratégique en sécurité    Musique : décès du maître gnaoua Mustapha Baqbou    Le prince Hicham Alaoui appelle à «rompre avec Netanyahu» mais pas avec «le peuple israélien»    Maroc : Le président de la commune de Sidi Kacem poursuivi pour falsification    Países Bajos: Un testigo clave en el juicio de Ridouan Taghi será liberado próximamente    Un marroquí muere en un accidente de coche en el norte de Italia    Prince Hicham Alaoui calls to «break with Netanyahu» but not with the Israeli people    Maroc : Les anti-normalisation appellent à boycotter le Forum mondial des femmes pour la paix    Laâyoune : 6e Congrès de la Société Marocaine d'Anesthésie et de Réanimation (SMAAR), sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI    Plaques d'immatriculation des véhicules en circulation internationale: Les PV dressés pour non-conformité au Code de la route (ministère)    Prépa CDM féminine de futsal : Italie - Maroc ce mardi    Qualifs CDM 26 (CAF) : un mardi décisif pour les cadors africains    Conservation des rapaces : Une stratégie nationale voit le jour    Le secteur manufacturier chinois..moteur de plus de 30 % de la croissance mondiale entre 2021 et 2025    Un élève rend hommage à son professeur après 22 ans : une Omra en guise de gratitude    Entretien téléphonique entre Nasser Bourita et son homologue sénégalais    La société singapourienne Thunes déploie des paiements transfrontaliers instantanés vers le Maroc    Classement MiM 2025 : Rabat Business School parmi les meilleures mondiales    Casablanca s'anime avant les 10KM : le village sportif donne le ton    Le ministère du transport s'explique sur les procès-verbaux relatifs aux plaques d'immatriculation internationales et les infractions constatées    Algérie–Mozambique : une coopération bilatérale instrumentalisée par Alger autour du Sahara    Le nouveau Global Hub américain de l'UM6P renforcera les liens entre le Maroc, l'Afrique et le Etats-Unis    Fado Festival revient à Rabat pour sa 8e édition marocaine    Les températures attendues ce mardi 9 septembre 2025    Le Maroc figure sur la liste européenne des pays d'origine sûrs tandis que l'UE+ voit chuter ses demandes d'asile de 23 % au premier semestre 2025, un chiffre historique    Le Maâlem Mustapha Baqbou n'est plus    L'Alhambra de Grenade accueille un nouvel espace amazigh en l'honneur de la Dr Leila Mezian    Moroccan Gnaoua master Maalem Mustapha Bakbou passes away at 72    Azemmour: Le melhoun, un patrimoine vivant au cœur de l'identité nationale    Erick Baert, l'homme aux 100 voix, de retour au Maroc avec son spectacle "Illusions vocales"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Ce phénomène politique qu'est Abdelilah Benkirane, par Taoufiq Bouachrine
Publié dans PanoraPost le 28 - 09 - 2017

Lors de leur rencontre de la semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a interrogé le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane sur le secret de sa popularité, bien qu'il ait pris des mesures fort impopulaires. Laurent Fabius : « Vous êtes le seul homme politique au monde qui préserve sa popularité tout en ayant pris des décisions qui ne font pas plaisir. Quel est donc votre secret ? ». Réponse de Benkirane, selon une personne présente à la rencontre : « Il n'y a pas de secrets, cher M. Fabius… je me contente de dire la vérité au peuple… c'est tout ».
Quant à Christine Lagarde, la patronne du FMI, elle avait failli en devenir lyrique en louant le gouvernement qui a réussi à très fortement réduire la charge de la compensation des prix des matières de première nécessité, faisant passer l'enveloppe de la Caisse éponyme de 56 à 23 milliards de DH. Mme Lagarde a donc dit à Benkirane, comme il le rapporte lui-même : « Votre politique nous inspire, au FMI, surtout que nous ne vous avons rien imposé »…
Le mois dernier, le Financial Times avait sorti un article expliquant que la politique du gouvernement marocain en matière de compensation devrait être un exemple pour les pays en développement car, d'une part, elle n'a pas eu de répercussion sociale notable et, d'autre part, elle est le fait d'une équipe regroupant des islamistes, des libéraux et des gens de gauche. L'ambassadeur US, pour sa part, a maintes fois exprimé son admiration pour Abdelilah Benkirane et, un jour, en meeting public, il avait affirmé que le personnage était digne de confiance…
Les sondages continuent de lui attribuer une forte popularité, bien qu'il ait déjà trois ans de gouvernement au compteur et qu'il n'ait pas honoré toutes ses promesses.
Au parlement, les affligeantes séances ne sont suivies et vraiment suivies par la population que lorsque le chef du gouvernement s'y « produit », parlant la langue du peuple, éructant, vitupérant, plaisantant avec les uns, réagissant aux propos des autres, critiquant, dévoilant des secrets et révélant ses contacts avec le roi… L'homme sait s'excuser quand il se trompe et sait aussi placer la barre très haut face à ses adversaires.
Un jour, Abdelilah Benkirane était en réunion avec des ministres, et son téléphone se mit à sonner… Le chef du gouvernement ne répondit pas, ne connaissant pas le numéro appelant. A la fin de la réunion, il rappelle et tombe sur une personne qui s'était tout simplement trompée de numéro. L'interlocuteur, qui s'était planté en composant les 10 chiffres du numéro de Benkirane, n'avait pas non plus reconnu l'appelant. Il décrocha et demanda « qui est à l'appareil ? » et l'autre lui répondit « c'est Abdelilah Benkirane ». Difficile à croire qu'il avait le chef du gouvernement au bout du (sans) fil, et il lui lança « si tu es le chef du gouvernement, alors moi je suis Bachar al-Assad ». Le chef du gouvernement éclata alors de son célèbre rire et mit fin à la conversation…
Sa maison au quartier des Orangers est devenue la destination habituelle de ceux qui se sentent lésés dans leurs droits et son numéro de téléphone est connu des journalistes et d'un nombre incroyable de simples citoyens.
Oui, nous le disons : Abdelilah Benkirane est un phénomène de communication et de politique, un homme qui a su sortir les politiques des coulisses et les décisions des couloirs, un responsable qui a révélé les secrets et dévoilé tant de confidences, rendant honneur à la langue parlée marocaine et faisant honneur aux dictons populaires…
Ses adversaires voient en lui un populiste en campagne électorale permanente, un homme politique de second ordre qui privilégie les décisions faciles consistant à aller puiser de l'argent dans les poches des plus pauvres… Ils pensent que c'est un homme qui ne cesse de manœuvrer et de ruser avec le pouvoir, dans l'attente de ce jour où il se présenterait sous son vrai jour, tombant le masque pour mettre en pratique son programme réel. Ses partisans voient en revanche dans Benkirane un homme humble, franc et sincère, un homme qui a su résister au pouvoir tout en gardant (ou parce qu'en gardant) les mains propres.
Le chef du gouvernement est en fait royaliste plus que le roi, et il a pu prendre et faire passer des décisions périlleuses qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait pu décidé comme il l'a fait.
Entre ses adversaires et ses partisans, les autres… qui le considèrent comme un animal politique, un bulldozer dont le Maroc avait besoin dans la période post-printemps arabe. Mais malgré sa spontanéité apparente, il sait parfaitement où il met les pieds… Sa mission est en autres de normaliser les relations entre les islamistes et le palais, mais en même temps il ne perd pas de vue la rue et ceux qui ont placé tant d'espoirs de le voir changer leurs quotidiens, au moindre coût possible, social et économique. Saura-t-il concilier les deux contraintes ? Nul ne se hasarderait à répondre à cette épineuse question. L'entreprise est difficile et Benkirane peut tout aussi bien réussir que s'étaler de tout son long. Mais dans les deux cas, il aura parfaitement su incarner une nouvelle génération d'hommes politiques, en bien et en mal…
En un seul mois, il aura donné un cadeau aussi bien aux riches qu'aux pauvres. Les seconds auront obtenu une aide pour les veuves vivant seules, et c'est la première fois que l'Etat accorde des faveurs financières directes aux personnes dans la précarité. Mais il a aussi fait plaisir aux riches, avec quelque 7 milliards de DH en différentiel TVA… Il faut le faire, il l'a fait, riches et pauvres sont contents.
Quand l'opposition sillonnait les rues de Rabat dans sa marche pour les femmes, lui s'exprimait dans le Maroc profond, à Dcheira Jihadia. Et quand Chabat, Lachgar et Bakkoury se réunissaient avec le ministre de l'Intérieur pour négocier quelques petites « faveurs » électorales, lui leur tirait dessus depuis Tétouan, s'adressant aux foules : « Si Benkirane ne vous plaît pas et si sa politique vous dérange, alors allez voter pour le baltaji (hooligan), pour Satan ou pour le magouilleur ». Chacun se reconnaîtra et les électeurs les identifieront.
Benkirane est un véritable phénomène politique et les gens diront leur mot en septembre 2015, puis le confirmeront en 2016.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.