Personne ne l'a encore vu, mais des centaines de milliers de gens ont déjà visionné les extraits. Dans le premier passage, le propos est cru, dans le second, le geste est obscène, et dans le troisième, l'info est brute et brutale. Trois extraits et quatre minutes de film plus tard, le Maroc devient sexe et frustration, hurlant ou s'apprêtant à le faire. Encore un grand débat du (et sur le) sexe qui se profile à l'horizon... Les uns décrient cet étalage de vulgarité et la débauche de stupre et de lucre qui l'accompagnent. Les autres détournent les yeux, et les oreilles, pour ne pas avoir à entendre ce qui, quelque part, les remue. Tous sont heurtés ou dérangés par ce qu'ils ont vu de ce film, et chacun a quelque chose à dire, la plupart du temps passionnée. Marrakech by night, avec ses mecs aux sourires gras et aux portefeuilles avantageux, alcool, tabac, noceur du Golfe, et des filles, des filles, des filles… Et pourtant, ce qui se passe durant ces trois minutes est su et connu de tous. Certains s'adonnent à ces plaisirs, d'autres les refusent, et l'écrasante majorité de ceux qui se trouvent entre les deux aimerait y être. Tout en s'en défendant. Dans l'extrait 1 (300.000 vues), les filles sont dans un taxi et se préparent mentalement à la soirée, et celle qui semble diriger les choses leur parle un langage cru et se livre à des rêves de soirée, une soirée qui devra être de préférence pas astreignante mais lucrative… Cela est dit en des mots directs, sans fioritures, appelant les organes par leur nom. Dans l'extrait 2 (mis en ligne aujourd'hui, à peine 3.000 vues, pour commencer), la soirée bat son plein, les filles s'exposent, et pas par rivalité de QI… ôtons le I. Ôtons toute retenue, flirtons avec la ligne rouge de l'atteinte à la pudeur… et tout le reste est permis, tourné, montré, jeté à la figure de celles et ceux qui savent, mais qui vont aujourd'hui voir à quoi ressemblent ces soirées colorées, désignées par toutes les couleurs. Dans l'extrait 3 (idem que le 2), la scène montre un travesti assumé qui parle en termes vrais, évocateurs et crédibles de la prostitution féminine et masculine à Marrakech et aussi de ces étrangers qui viennent dans la ville ocre chercher, et trouver, des enfants tout juste sortis de l'enfance. Encore une fois, on sait tout ça, mais l'entendre et le voir dit par ces personnages est une chose inédite à mettre au crédit du réalisateur. Mais avant d'insulter Ayouch, qui aura fait une excellente opération com en laissant passer ces trois extraits, il faudra garder à l'esprit que tous ces gens qu'on voit dans le film sont d'excellents acteurs, que ce que l'on voit n'est que fiction (du moins à l'écran), très bien scénarisée et encore mieux interprétée. Un travail d'art et d'artiste(s) qui ne sont pas responsables des travers de la société qu'ils montrent dans toute sa nudité. La société a ses vices et eux, acteurs et réalisateur, ont leur métier. Et ce ne sont, répétons-le, que quatre minutes du film… Si le teasing a donné cela, qu'en sera-t-il de la révélation ?... en espérant qu'elle ne soit pas décevante, dans le sens de l'excès comme dans celui de la facilité.