Lahcen, 38 ans, et Mohsine, 25 ans, deux homos marocains, ont été condamnés à quatre mois de prison ferme pour "outrage public à la pudeur" et "acte contre nature avec un individu du même sexe". Les deux hommes s'étaient embrassés sur l'esplanade de la Tour Hassan, le 5 juin, au lendemain d'une action similaire de deux Femen qui, elles, avaient été expulsées du Maroc. Lahcen et Mohsine Les deux homosexuels avaient créé autour de leur cas une mobilisation générale, mondiale pour appeler les choses par leur nom. Lors du procès, ils sont revenus sur leurs aveux en garde à vue et ont démenti s'être embrassés (il n'y a pas de photos, contrairement aux Femen qui avaient posé devant une caméra) ; ils ont reçu le soutien du collectif LGBT marocain Aswat qui a lancé une pétition réclamant la "libération immédiate de Lahcen et Mohsine", réunissant quelque 75.000 signatures. Au Maroc, l'homosexualité est passible d'une peine de trois ans de prison, selon l'article 489 du code pénal. Lahcen et Mohsine ont été condamnés à 4 mois, ce qui pourrait laisser croire à une certaine « clémence » du tribunal, mais leur avocat a déclaré qu'il allait interjeter appel. Les deux homosexuels de Taourirt On ne peut ne pas penser à une certaine « sélectivité » des défenseurs des libertés sexuelles, quand on sait que trois hommes ont été condamnés à trois ans de prison ferme, le 22 mai dernier, à Taourirt, pour « homosexualité ». Deux des trois hommes ont été surpris en plein acte sexuel et, arrêtés, ils ont expliqué avoir été mis en relation par une tierce personne qui a été interpellée à son tour, jugée et condamnée. On notera que, contrairement à Lahcen et Mohsine, on ne connaît même pas le nom de ces trois personnes pas plus qu'il n'y a eu une levée de boucliers internationale pour les défendre, alors qu'ils ont été envoyés en prison pour 3 ans, et non quatre mois. Seule le colectif Aswat avait réagi à cette condamnation, précisant qu' « il y a certainement des arrestations et des procès qui se déroulent dans le secret sans que le public ne le sache ». Sélectivité dans la défense des homosexuels… C'est ce genre de sélectivité qui décrédibilise l'action des défenseurs des libertés… Lahcen et Mohsine, qui effectuent leur action juste après les Femen, en public (ont-ils avoué avant de revenir sur leurs déclarations), et deux homosexuels qui avaient leur rapport sexuel, dans leur intimité, et dont personne, ou presque, ne défend la liberté d'avoir leurs propres orientations sexuelles. Notons enfin que selon un sondage réalisé pour le compte du magazine TelQuel, 80% des Marocains sont opposés à toute forme de tolérance à l'égard de l'homosexualité. Ce n'est pas avec des actions tapageuses comme celle au profit de Lahcen et Mohsine que l'on défendra mieux le droit des homosexuels à l'être.