Diplomatie : Bourita en visite officielle en Chine    ANME. Driss Chahtane reconduit pour un second mandat    Hydrogène vert : le Maroc valide la clôture de la phase préliminaire du projet «Chbika 1» et autorise 319 milliards de dirhams d'investissements    Royal Air Maroc ouvre une liaison directe entre Casablanca et N'Djamena, portant son réseau africain à 29 destinations    L'ACAPS digitalise l'éducation financière    Laâyoune : la pêche des petits pélagiques retrouve des couleurs    Le roi Mohammed VI inaugure pour cinq milliards de dirhams de projets portuaires à Casablanca    Soutien des jeunes entrepreneurs : la BERD prête 10 millions d'euros à Arrawaj    Conseil international des sociétés nucléaires : Khadija Bendam, première femme présidente !    Infrastructures. Le Ghana dévoile son plan « Big Push »    USA : la Fed en passe de baisser ses taux    Alassane Ouattara, figure de paix en Afrique    Classement FIFA : le Maroc grimpe au 11e rang mondial avec 1706,27 points    Course à pied : Casablanca se donne dix mille raisons de courir    Le nouveau stade Moulay Abdellah de Rabat, habillé par le groupe espagnol Alucoil, revendique une entrée au livre Guinness pour son achèvement en dix-huit mois    Ligue des Champions : Eliesse Ben Seghir attendu contre Copenhague    Amical U17 : Les Lioncelles s'inclinent lourdement face à la France    Botola Pro : La RS Berkane déroule en championne    Cosmétiques : le marché national en route vers les 3,6 milliards USD d'ici 2032    Jazz au Chellah change de lieu et devient Jazz à Rabat    Le Forum d'Assilah consacre sa 46e édition automnale au dialogue des cultures et prépare un hommage à Mohammed Benaïssa    Le tribunal de Rotterdam souhaite entendre le chef du renseignement marocain dans une affaire d'espionnage    La Mauritanie justifie la fermeture d'un média critique avec l'Algérie    Football : Le Maroc rencontre Bahreïn en match amical le 9 octobre 2025    Maroc : Exonération totale en deux temps pour la pension de retraite des régimes de base    Una manifestación organizada en Cádiz en solidaridad con Mohamed Ziane    Canary Islands President Clavijo to visit Agadir in 2026 to boost cooperation    Une manifestation organisée à Cadix en solidarité avec Mohamed Ziane    La visite de députés marocains en Finlande irrite l'Algérie    Après avoir présenté son Plan Afrique, le président des Îles Canaries attendu à Agadir    «Sirat» : Un film tourné au Maroc représentera l'Espagne aux Oscars    Nabila Maan et Tarik Hilal amènent les sonorités marocaines au Kennedy Center de Washington    Lahcen Saâdi: «Ce qui est essentiel pour nous, c'est d'investir dans l'humain»    Alerte météo: Averses orageuses localement fortes avec rafales de vent ce jeudi    Santé: Des lots du médicament LECTIL retirés du marché pour non-conformité    Hôpitaux publics : Tahraoui lance des commissions de terrain    Meydene dévoile une programmation exceptionnelle pour septembre 2025    Real Madrid : Trent Alexander-Arnold blessé et absent plusieurs semaines    UNITAS 2025: le Maroc participe au plus grand exercice naval aux USA    OpenAI renforce la protection des mineurs sur ChatGPT en demandant une pièce d'identité    À Genève, la société civile internationale met en avant le modèle marocain de développement durable    Le temps qu'il fera ce jeudi 18 septembre 2025    Israël : La tentation spartiate de Netanyahou    Gaza: plus de 100 Palestiniens tués depuis l'aube dans des attaques de l'armée israélienne    UE : Bruxelles propose des sanctions contre des ministres israéliens    Jazz à Rabat : un nouveau souffle pour un festival emblématique    Bibliothèque nationale du Royaume: Les travaux de rénovation confiés à Bora Construction    Le Prix Antiquity 2025 revient à la découverte de la première société néolithique au Maroc    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le CNDH dresse un rapport accablant sur les inégalités entre hommes et femmes
Publié dans PanoraPost le 21 - 10 - 2015

Ce n'est encore qu'un prélude à un rapport bien plus long… Le CNDH a publié mardi 20 octobre le « résumé exécutif » sur l' « état de l'égalité et de la parité au Maroc », eu égard à la centralité de la question dans le pays. Ce rapport est analytique et évaluatif, 10 après l'adoption du Code de la Famille et 4 ans après celle de la constitution.
Le "résumé exécutif" comporte des dizaines de points et de recommandations, mais les médias se sont tous focalisés sur un seul et unique point, en l'occurrence celui de l'égalité successorale, c'est-à-dire l'égalité des sexes devant l'héritage. En effet, le « résumé » du CNDH recommande d' « amender le Code de la famille de manière à accorder aux femmes les mêmes droits dans la formation du mariage, dans sa dissolution et dans les relations avec les enfants et en matière successorale, en conformité avec l'article 19 de la Constitution et l'article 16 de la CEDEF ». Le Conseil présidé par Driss Yazami est donc très clair sur ce point, mais il y en a d'autres, beaucoup d'autres, qui œuvrent à réduire, en vue d'éliminer, les voies conduisant à la paupérisation des femmes. Se focaliser sur l'héritage sera de nature à occulter toutes les autres problématiques qui retardent une égalité effective des sexes.
Et là, tout le monde pourrait s'accorder sur le fait que dans un pays où près de 1,2 million de ménages (soit une moyenne de 5 millions de personnes) sont gérés et dirigés par des femmes seules, selon les chiffres du HCP, les inégalités entre les femmes et les hommes peuvent participer à une paupérisation des femmes par rapport aux hommes. Et donc à un retard dans le développement du pays.
De plus, on rappelle que cette question des femmes est l'une des priorités de l'Etat, à son plus haut niveau, c'est-à-dire à celui du roi, qui a encore appelé dans son derniers discours devant le parlement à activer la mise en place de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination. Mais le problème se situe au niveau venant juste après, celui du gouvernement, plus rétif, voire réactionnaire, à toute évolution de la situation des femmes.
Les constats
Le CNDH épingle ainsi ce qu'il qualifie d' « évaporation progressive des promesses constitutionnelles », incarnée par les retards dans l'adoption des instances de la parité et aussi par l'absence de la mention de la parité dans nombre de lois organiques, comme celle sur la désignation aux hautes fonctions.
Le gouvernement est également cloué au pilori, en cela que selon le Conseil, visant à « contourner la loi sur l'autorisation du mariage polygame et celui des mineures, le gouvernement persiste à vouloir procéder à une nouvelle prolongation de la période transitoire » de l'action en reconnaissance de mariage, des mineures entre autres.
Pour ce qui concerne la tutelle légale sur les enfants, les mères sont encore en retrait par rapport aux hommes. Ainsi, dit le document du CNDH, si « la mère 'aisée' a l'obligation de subvenir aux besoins de la famille en cas d'incapacité matérielle partielle ou totale du père, cette responsabilité matérielle ne lui confère pas le droit à la tutelle légale sur ses enfants ».
Par ailleurs, « le Code de la nationalité reconnaît aux femmes le droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants (art. 6). Toutefois, ce Code reconnaît aux hommes le droit de transmettre leur nationalité à leur épouse étrangère (acquisition de la nationalité par le mariage) alors que ce droit est dénié aux femmes ». Autre inégalité, donc…
En matière de sexe et de liberté sexuelle, le CNDH affiche là aussi un avis tranché… Ainsi, la législation pénale introduit « une hiérarchie entre les victimes du viol (mariées, non mariées, vierges, non vierges), n'incriminent pas le viol conjugal et criminalisent les relations sexuelles hors mariage entre adultes consentants », d'où contradiction morale dans cette législation. Mais cette injustice va plus loin, et plus gravement, en matière d'avortement où les inégalités sociales sont entérinées. Les femmes de milieux favorisés peuvent avorter dans de bonnes conditions, contrairement aux autres, moins « aisées », qui doivent avoir recours qui mettent en péril leur santé et leur vie.
Autre constat, ce que le Conseil désigne par les violences fondées sur le genre (VFG). Or, relève le CNDH, « la forte prévalence des violences (62,8%) qui concerne 6,2 millions de femmes ayant subi, à un moment ou à un autre de leur vie, un acte de violence est liée en grande partie à l'acceptation sociale des VFG et à l'impunité dont bénéficient les agresseurs », une impunité entérinée par les manuels scolaires et les médias, tous deux discriminatoires dans les faits envers les femmes, et aussi par la « masculinité » des corps chargés de la défense de la société, à savoir le législateur, la magistrature et les service de sécurité.
Les recommandations
La sensibilisation aux textes internationaux. « Assurer une large diffusion de la CEDEF, notamment auprès des magistrats et des professionnels de la justice et les inciter à prendre en considération ses normes et dispositions ».
L'avancement du Code la Famille par le retrait de la Tradition et des traditions. « Amender le Code de la famille de manière à accorder aux femmes les mêmes droits dans la formation du mariage, dans sa dissolution et dans les relations avec les enfants et en matière successorale, en conformité avec l'article 19 de la Constitution et l'article 16 de la CEDEF ; appliquer avec rigueur les dispositions du Code de la famille relatives à la pension alimentaire ; élargir les bénéfices du fonds de la solidarité familiale aux enfants nés hors mariage et adopter un plan de mesures destinées à sensibiliser, former et responsabiliser l'ensemble des intervenants du secteur de la justice ».
Transmission de la nationalité. « Reconnaître aux femmes le droit de transmettre leur nationalité à leur époux étranger dans les mêmes conditions exigées pour l'épouse étrangère ».
Egalité économique et politique. « Promouvoir la participation paritaire à tous les niveaux et prévoir des sanctions pour l'ensemble des parties prenantes qui ne respectent pas le principe de la parité », et aussi « mettre en œuvre l'article 39 de la loi organique des finances (prise en compte de l'aspect genre pour la fixation des objectifs et des indicateurs) ainsi que les mécanismes institutionnels en charge de l'égalité de genre dans tous les départements ministériels et au niveau territorial, et les doter du pouvoir, mandats et moyens requis et améliorer le dispositif statistique et assurer une large diffusion des données auprès des décideurs et de l'opinion publique ».
Les femmes en situation précaire. « Améliorer la connaissance sur la situation des femmes âgées, en situation de handicap ainsi que les femmes détenues par le biais de la collecte, l'analyse et la diffusion des données et des statistiques normalisées, actualisées et sensibles à la dimension genre ».

A lire ce résumé, et dans l'attente du rapport plus complet (sachant que le résumé est déjà très parlant), on prend la mesure du retard accusé en matière de parité et de lutte contre les inégalités. Mais voyant la « résistance » des médias traditionnels et des réseaux sociaux, on prend également la mesure du (très long) chemin qu'il reste à parcourir.
Une véritable amélioration de la situation des femmes dans ce pays passe par une évolution des mœurs et une révolution morale qui, elles-mêmes, nécessitent une sérieuse et radicale modification des programmes scolaires. Mais cela est une autre histoire, qui ne relève pas des compétences du CNDH…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.