… Ce qui était prévisible, au vu de la levée de boucliers qui a eu lieu au début de l'été dernier sur la simple appellation de la matière. Depuis hier, des images des nouveaux manuels scolaires ont fuité et les réseaux se sont enflammés, et pas toujours dans la bonne direction. Ainsi, les premières images dévoilées par les médias ont suscité la colère de plusieurs internautes et intervenants sur la toile, critiquant la suppression de plusieurs sourates ou versets. Le plus emblématique de ces versets, selon eux, est le dernier de la sourate al Fatiha (Prologue) : « Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés » (1 :7). L'explication communément admise, et qui a été exprimée par le Prophète Mohammed, est que ceux qui ont encouru la colère divine et les égarés sont respectivement les juifs et les chrétiens. Or, tous les autres versets de la sourate ont été expliqués, sauf le dernier de la Fatiha. Les internautes contestent cette décision, semblant regretter que l'on n'ait pas gardé l'explication sur les autres religions monothéistes. Or, c'est là précisément le sens de la réforme, à savoir inculquer aux jeunes apprenants le sens profond du Coran, dans la tolérance des autres religions, du respect de soi et de l'Autre et de l'ouverture sur les cultures, civilisations et religions du monde, afin de faire face aux exégèses classiques qui créent une différence, qualitative, entre l'islam et les autres religions. D'autres internautes ont exprimé leur colère sur le fait qu'il existe plusieurs sourates qui ont été expliquées, sans que leur texte ne figure dans les manuels, une décision dans laquelle ils voient un manque de respect pour le texte divin. Une autre image reflétant l'énervement des internautes est celle où il est montré que les concepteurs des manuels ont supprimé l'expression « mémorisation du Coran dans les premières années de la vie », ne gardant que « mémorisation du Coran ». Il est à prévoir de rudes protestations quand les livres seront enfin disponibles en librairie, ce que le ministère promet pour les 10 prochains jours… en pleine période électorale, avec toute l'instrumentalisation qui pourra en être faite. Rappelons qu'en juillet, lorsqu'il était question de changer « éducation islamique » par « éducation religieuse », c'était le PJD qui était monté au créneau par la voix de sa passionaria Amina Mae Elainine qui s'était interrogée en posant cette question : « Belmokhtar a-t-il un problème avec la religion des Marocains, approuvée par la constitution ? »… Si l'affrontement avait été dur au niveau du nom de la matière, on devra alors s'attendre à des joutes plus âpres quand on connaîtra le détail de la réforme des manuels et des programmes, tant cette question de la religion reste vivace au sein de la société marocaine, fort conservatrice.