Le Maroc accorde soixante bourses d'études à des étudiants équatoriens dans le sillage du rapprochement diplomatique    José Manuel Albares : «Madrid et Rabat s'étaient entendus sur un dispositif pour suspendre temporairement le transit de marchandises lorsque la fluidité du passage des voyageurs l'exige»    Le souverain chérifien se félicite du «partenariat d'exception renforcé» entre Rabat et Paris dans un message adressé au président Emmanuel Macron    Le Maroc engage des négociations avec trois groupes émiratis pour édifier des parcs éoliens dans la région du Sahara    Un séisme ressenti au Maroc après une secousse de magnitude 5,5 au large de Cabo de Palos    Maroc Telecom célèbre la 21e édition de son festival estival autour de la musique et du lien social    Les prévision du lundi 14 juillet    Violences racistes à Murcie : la FEERI dénonce une vague d'islamophobie et appelle au calme    Droits de l'Homme au Sahara : Le Royaume-Uni exprime sa position    Morocco advances to Women's Africa Cup of Nations quarter-finals with victory over Senegal    Casablanca: Un nuevo tramo vial para descongestionar el eje Hay Hassani - Dar Bouazza    Casablanca : Un nouveau tronçon routier pour désengorger l'axe Hay Hassani - Dar Bouazza    Jazzablanca 2025 : Une édition qui fête le jazz avec les habitants, au-delà de la scène    Macklemore clôt le festival Jazzablanca avec un puissant message de solidarité pour la Palestine    Blessés dans un accident à Marrakech, Fidji Ruiz et Anas donnent des nouvelles    EHTP : Un Pôle d'excellence et d'ingénierie technologique    Ce Maroc qui ingénie...    Diplomatie : Rabat entre le poids de l'Occident et l'infortune des BRICS    Mondial des clubs : Achraf Hakimi sacré meilleur défenseur avant la finale contre Chelsea    Sofiane Kiyine impliqué dans un nouvel accident de la route    Manchester United : André Onana forfait pour la tournée américaine de pré-saison    Fès, la spiritualité Tidjane au cœur du lien entre le Maroc et l'Afrique de l'Ouest    Trottinettes électriques : l'ombre des incendies de batteries lithium-ion    Sit-in à Ouled Youssef : la réaction du CNDH    Prévisions météorologiques pour le lundi 14 juillet 2025    Arafat Najib, le gardien d'Al-Aqsa... des années de résistance face à l'exil et à l'arrestation    Dubaï : Trois fugitifs recherchés par Interpol et Europol, dont El Ballouti, arrêtés et extradés vers la Belgique    Renforcement du partenariat stratégique entre Moscou et Pékin : Lavrov rencontre Wang Yi à Pékin    Finale. CDMC : dispositif sécuritaire exceptionnel pour la venue de Donald Trump    Rissani : Lancement des travaux de sauvegarde et de valorisation du site archéologique de Sijilmassa pour 245,5 MDH    El Jadida en transe : le come-back triomphal de Saad Lamjarred !    Jazzablanca 2025 : Clôture en apothéose aux rythmes de gnawa et d'un show explosif de Macklemore    Alerte météo. Vague de chaleur extrême de mardi à vendredi dans plusieurs provinces    Marruecos: El Comité de Liberación de Ceuta y Melilla renace de sus cenizas    Corruption au Maroc : Un frein à l'export, mais un "coup de pouce" aux ventes locales    Clap de fin haut en couleur pour Jazzablanca    Le Nigeria et l'UE s'allient pour la promotion des musées et des industries créatives    Plus de 311.600 candidats scolarisés décrochent leur baccalauréat en 2025    Un objet céleste mystérieux venu de l'extérieur du système solaire s'approche du Soleil à une vitesse fulgurante, suscitant la perplexité des scientifiques    Copa América Féminine 2025 : Le Chili démarre fort ; cette nuit le Brésil entre en lice    Les cavaliers de la DGSN brillent au championnat national équestre    Stagiaires.ma: Plus de 400.000 candidats inscrits et 12 millions de candidatures générées sur six mois    Coopération Sud-Sud: le Maroc a fait de la solidarité et du codéveloppement un pilier de sa politique étrangère    Trump menace d'imposer des tarifs douaniers de 30% à l'UE et au Mexique    Bitcoin: le portefeuille du Salvador dépasse 700 millions de dollars    Le Maroc atteint les quarts de finale de la CAN féminine en battant le Sénégal    Ballon d'Or 2025 : Un front africain se forme pour soutenir Hakimi    Rencontre sino-américaine à Kuala Lumpur : ouvre-t-elle la voie à une désescalade entre Pékin et Washington ?    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Histoire : La naissance de la mouvance féministe au Maroc du XXe siècle
Publié dans Yabiladi le 19 - 03 - 2022

Le mouvement du féminisme marocain se structure intensément au cours des années 1940. Dans le contexte du Protectorat, l'émancipation est un double enjeu pour les femmes. Elles devaient s'affranchir de la domination coloniale, tout en bouleversant les fondements d'une société patriarcale.
À l'aube de la Seconde guerre mondiale (1939 – 1945), les mouvements de libération des femmes se multiplient. Les espoirs d'un monde plus égalitaire se concrétisent et gagnent peu à peu le Maroc. De nature partisane, «Akhawat Assafâa» est le premier groupe féministe structuré du royaume. Né en 1946, il prend la forme d'une association affiliée au Parti démocratique de l'indépendance (PDI). L'essentiel de ses revendications concerne la scolarisation des filles, souvent manquée ou réduite aux études primaires.
Si ce droit semble acquis de nos jours, du temps du Protectorat (1912 – 1956), la société a été réticente à cette avancée. Latifa El Bouhsini, écrivaine et chercheuse en Histoire du féminisme au Maroc affirme : «Cette époque-là est marquée par l'opposition exprimée par certains dignitaires et représentants de l'élite marocaine. Il y a eu surtout une résistance de la part de la population qui voyait d'un mauvais œil la sortie des filles en dehors du foyer.»
La lutte par la formation des filles
En réponse à cette hostilité, la mobilisation pour promouvoir l'intégration des filles dans le milieu scolaire naît de l'intérieur du mouvement de l'action nationale. Mais d'abord, la princesse Lalla Aïcha a incarné aux yeux du grand public un modèle de la libération féminine. En 1947, alors âgée de 17 ans, la fille du sultan Mohammed Ben Youssef a prononcé un discours à l'occasion de la fête des écoles des fillettes musulmanes de Tanger, dans lequel elle a invité la femme marocaine à participer à la vie nationale.
Page 12 du n°33 du journal Démocratie du 19 août 1957
Dans le numéro n°33 du journal Démocratie du 19 août 1957, organe du Parti démocratique de l'indépendance, un article est consacré aux efforts de la monarchie en la matière : «S.M. le Sultan a donné un nouvel essor au mouvement d'émancipation de la femme. Des écoles furent créées dans les villes et dans les campagnes et S.A.R. la princesse lalla Aïcha a consacré une grande partie de ses activités à encourager et d'organiser l'éducation de la femme, l'instruction étant un des meilleurs moyens de la libération». Cet article est le compte rendu d'une conférence sur les droits des femmes, présidée par la princesse.
Histoire : L'éducation, élément central de l'évolution de la place des femmes au Maroc
Cette préoccupation monarchique doublée des efforts de l'association Akhawat Assafâa et de l'aile féminine du Parti de l'Istiqlal posent les premier jalon du féminisme marocain dans son sens moderne. Un des combats phares menée par les femmes membres de l'Istiqlal demeure l'ouverture de l'enseignement des sciences religieuses du cycle supérieur de la prestigieuse Université Al Qaraouiyyine aux femmes. Cet engagement est d'autant plus symbolique, vu que la fondatrice de cette institution est une femme : Fatima al-Fihriya.
Université Al Quaraouiyi, la plus ancienne au monde. / DR
L'affirmation des revendications
Si le cheval de bataille de Akhawat Assafâa est la scolarisation des filles, d'autres aspirations sont formulées. La mixité sociale en est un exemple. Ainsi, dans une tribune sous le titre «Assez de conservatisme» du n°5 du journal Démocratie, datant du 4 février 1957, plusieurs militantes du parti s'interrogent sur la séparation physique des hommes et des femmes dans les meetings et réunions politiques. Elles expliquent cette distinction par le conservatisme de certains dirigeants du parti. Elles affirment ainsi leur opposition à cette pratique, qui constitue une forme de discrimination.
Page 8 du n°5 du journal Démocratie du 4 février 1957
Dans un article du même numéro, d'autres revendications sont évoquées telles que le droit de vote des femmes, inaccessible avant 1963. L'abolition de la polygamie que les militantes qualifient de conception périmée de la famille et une source de maux sociaux, l'égalité dans l'héritage ou encore le comportement paternaliste que certains hommes peuvent manifester, sans oublier l'accession aux fonctions étatiques (ministres, deputées, ambassadrices).
Latifa El Bouhsini explique : «Là où les membres de Akhawat Assafâa se sont le mieux illustrés, c'est leur combat pour l'adoption des juridictions équitables dans le cadre de l'institution matrimoniale. Il s'agissait en l'occurrence, et à titre d'exemple, de revendiquer l'abrogation de la polygamie et la répudiation, en mettant en place le divorce judiciaire, l'élévation de l'âge du mariage et la lutte contre les agressions auxquelles les premières femmes dévoilées faisaient face dans la rue».
Page 8 du n°5 du journal Démocratie, datant du 4 février 1957
Une Moudawana insuffisante aux yeux des féministes
En 1958, le roi Mohammed V missionne un groupe d'Oulémas pour concevoir le premier Code du statut personnel au Maroc. Ce groupe de réflexion réunit entre autres Mokhtar Soussi, Fqih Daoud et Allal El Fassi, rapporteur du projet. Au cours de l'année est adopté le texte. Malgré qu'il comporte des avancées majeures en matière d'éducation, il est discrédité pour sa dimension traditionnaliste de la part de Akhawat Assafâa.
«Les seules réactions à ce nouveau Code sont celles qui ont été exprimées par AKS, qui se sont élevées avec virulence en mettant sur la table de nouveau le débat autour des formes diverses de la discrimination à l'égard des femmes reproduites par le texte de la Moudawana.»
Latifa El Bouhsini
Les années 1940 sont la période de naissance de la première vague féministe constituée au Maroc. A partir de 1959, la question des droits des femmes est éclipsée par le contexte des affrontements politiques avec la monarchie, que connaîtront les décennies 1960 et 1970. Entre temps, Akhawat Assafâa perd de son influence et disparaît du monde associatif. Ce n'est qu'au milieu des années 1980 que des nouveaux mouvements féministes s'organiseront pour constituer la deuxième vague féministe.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.