La vedette des fêtes de fin d'année à Marrakech est le quartier Sidi Youssef Benali, théâtre, le vendredi, de violents heurts entre la police et les habitants. Ces derniers contestent la cherté des factures d'eaux et d'électricité. Aujourd'hui dix personnes comparaissent, en état d'arrestation, devant la justice. Une manifestation contre la hausse des factures d'eaux et d'électricité jugées trop salée dégénère en affrontements avec les forces de l'ordre. Cette scène s'est répétée dans plusieurs villes du royaume. Cette fois, ce sont les habitants du très populaire quartier Sidi Youssef Benali à Marrakech, qui ont repris le flambeau de la contestation contre la RADEEMA, la régie autonome publique chargée de cette mission. Le vendredi, ils ont organisé une manifestation pour marquer leur ras-le-bol contre des factures de plus en plus chère. La réaction de la police ne s'est pas faite trop attendre, dépêchant sur place des unités afin de disperser les manifestants. Dix manifestants déférés devant la justice «Suite à des face à faces violents, nous avons constaté des blessés, mais sans aucune gravité, dans les rangs des habitants et des forces de l'ordre. Nous avons relevé, le vendredi, l'arrestation d'une trentaine de personnes résidents dans le quartier. Mais aujourd'hui, des informations recueillies sur place rapportent qu'ils ne sont que dix encore détenus dans les locaux de la police qui seront déférés devant la justice après avoir terminé la phase de la garde à vue, les autres ont été tous libérés immédiatement après de brefs interrogatoires», nous indique une source syndicale dans la ville ocre. Le vendredi un communiqué du ministère de l'Intérieur expliquait que ces interpellations sont survenues contre les auteurs «d'actes de violences et vandalisme» et «de jets de pierres causant des blessés parmi les citoyens et les forces de l'ordre». Les habitants promettent d'autres manifestations Ce lundi matin, la situation à Sidi Youssef Benali est calme. «Il n'y a pas eu d'affrontements mais le quartier est, toujours, encerclé par les unités des forces de l'ordre», poursuit la même source. Et d'ajouter que «la semaine prochaine, les habitants promettent de battre le pavé encore une fois en signe de protestation contre la cherté des factures d'eaux et de l'électricité». Les conditions de regain de tension ne manquent pas, d'autant plus que la population attend, avec impatience, la décision du juge d'instruction de poursuivre ou non les dix jeunes du quartier qui comparaissent, aujourd'hui, devant la justice en état d'arrestation. Des mouvements sociaux en cascade En une semaine, deux mouvements de contestations éclatent, le premier à Figuig et le second à Marrakech. Dans les deux cas, les revendications sont purement sociales. Dans l'Est, c'est l'imposition d'une taxe de 5000 dh contre les propriétaires de taxis en échange du droit d'accéder à la gare routière qui aurait mis le feu à la poudrière. Alors que dans la ville ocre, ce sont des factures d'eau et d'électricité salées qui ont fait sortir de ses gonds la population. Que ce soit à Figuig ou Marrakech, les conditions qui poussent les habitants à battre le pavé ne manquent pas : précarité, chômage et absence de structures adéquates et de relais citoyens à même de canaliser la colère des gens. D'aucuns diront que ce n'est pas inquiétant tant que ces mouvements ne sont pas animés par des demandes politiques. Une lecture approximative, sachant que c'est la succession de ces actions, un fait réel à Béni Mellal, Tata, Khénifra, et dans d'autres localités très loin des grandes villes, qui devraient inciter les autorités à les prendre très au sérieux.