Sahara : After advocating for a compromise solution, Angola reconnects with the Polisario    Algérie : Avec son homologue somalien, Tebboune prudent sur la question du Sahara    Amir Richardson fait ses adieux à son père, l'ancienne star de la NBA Michael Ray Richardson    Moroccan Karateka Chaimae El Haiti wins silver at Islamic Solidarity Games    Marine Le Pen absent from trial over public insult as plaintiff Yasmine Ouirhane challenges claims    Sahara: El jefe de la MINURSO recibido por la embajadora de China    Amir Richardson se despide de su padre, el exastro de la NBA Michael Ray Richardson    Cinéma : Maryam Touzani reçoit le prix du public du meilleur long-métrage à Denver    Le déficit budgétaire du Maroc atteint 55,5 milliards de dirhams en octobre    Transport aérien : Royal Air Maroc renforce la connectivité nationale    Gouvernance opérationnelle de l'eau : où en est le Maroc ?    Deux prestigieuses distinctions pour 2M!    La première partie du projet de loi de finances 2026 adoptée    Emploi des femmes : Talents inexploités, croissance non réalisée    Bourse de Casablanca : ouverture en territoire positif    Inauguration du Centre Dar Al Moukawil à Errachidia    Hammouchi décoré à Madrid de la Grand-Croix de l'Ordre du Mérite de la Garde civile espagnole    L'Allemagne fait plier Alger : une "grâce humanitaire" qui cache une capitulation diplomatique    Le partenariat entre BlueBird Aero Systems et Rabat progresse sur le plan technique, mais le lancement de l'usine marocaine reste un mystère    Le jour où New York a voté pour elle-même    Macron et Abbas conviennent de mettre en place un comité conjoint pour « la consolidation de l'Etat de Palestine »    Tuberculose: Plus de 1,2 million de morts en 2024, avertit l'OMS    Trafic transfrontalier par drones : un réseau sophistiqué neutralisé grâce à une coopération maroco-espagnole    Tebboune "omet" le Sahara lors de sa rencontre avec le président somalien : un tournant diplomatique ?    L'Allemagne admet la plainte du Maroc contre plusieurs journaux pour diffamation dans l'affaire Pegasus    Nigeria : les Super Eagles en grève avant leur barrage décisif face au Gabon    Lions de l'Atlas : Omar El Hilali accepte sa non-convocation et reste concentré sur l'Espanyol    CDM U17 / 16es de finale : répartition, jours et horaires dévoilés    Prépa CDM (F) Futsal : lourde défaite des Lionnes face à l'Espagne à Tolède    Mondial U17 / Afrique : 9 nations qualifiées pour les 16es    Ayoub El Kaabi dans le viseur des Canaris    Abdessamad Ezzalzouli intéresse deux clubs de Premier League    Chambre des Représentants : adoption en commission de la 1ère partie du PLF 2026    Rapport international : progrès du Maroc dans la lutte contre le crime organisé et le blanchiment d'argent    Réforme du pôle public audiovisuel : Lancement d'une étude sur les chaînes publiques    Alerte Météo: Rafales de vent et averses orageuses de mercredi à jeudi    Espagne : Démantèlement en collaboration avec le Maroc d'un réseau de trafic de haschich à l'aide de drones    AKDITAL-El Jadida : Des caravanes médicales au chevet des zones enclavées : plus de 1 200 patients déjà pris en charge    Ancrage de la qualité dans les universités : 79 établissements accompagnés par l'ANEAQ    Le temps qu'il fera ce mercredi 12 novembre 2025    Commission des finances : Lekjaa défend l'exonération fiscale temporaire accordée aux sociétés sportives    Du nord de l'Europe jusqu'au Maroc : Une carte numérique déterre 300.000 km de routes romaines    La Fondation Trois Cultures reconnue par l'UNESCO comme "Centre de Catégorie 2"    Artisanat: Lancement de la 3è édition du programme «Les trésors des arts traditionnels marocains»    Grammy Awards 2026 : Davido, Burna Boy et Ayra Starr en lice    La Fondation du Forum d'Assilah couronnée à Mascate par le prix du sultan Qabous pour la culture, les arts et les lettres    Aminux signe son grand retour avec "AURA", un album double face entre ombre et lumière    La FNM, la FRMJE et la Ligue régionale Rabat-Salé-Kénitra des jeux électroniques s'allient pour promouvoir la culture numérique    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Maroc : A quand le test ADN pour la filiation des enfants nés hors-mariage ?
Publié dans Yabiladi le 27 - 12 - 2024

Depuis l'annonce des grandes lignes de la réforme du Code de la famille, la reconnaissance de la filiation paternelle pour les enfants nés hors-mariage fait débat. La société civile, ainsi qu'une précédente jurisprudence – finalement rejetées en cassation – soutiennent l'expertise ADN comme moyen juridique et scientifique irréfutable, pour préserver l'intérêt supérieur de l'enfant en toute circonstance. Un principe garanti par l'article 32 de la Constitution marocaine.
L'annonce gouvernementale des grandes lignes de la réforme du Code de la famille, mardi dernier à Rabat, fait débat sur les points qui constitueront une base pour la révision du texte. Parmi eux, des dispositions successorales non-égalitaires, une exception favorable au mariage des mineurs, ainsi que la non-reconnaissance de l'expertise ADN pour la filiation des enfants nés hors-mariage font l'objet de questionnements.
Réagissant ce vendredi aux grandes lignes annoncées, la Coordination féministe pour la réforme globale et profonde du Code de la famille a salué la démarche participative de l'Instance en charge du processus, laquelle a procédé à des consultations élargies auprès de la société civile, des partis politiques et de diverses institutions. Auditionnée dans ce contexte, la structure, qui compte plus de 33 organisations, s'est félicitée de voir nombre de ses observations retenues. Pour autant, ses objections portent sur six points principaux, dont l'intérêt supérieur de l'enfant et les droits des femmes.
Code de la famille : Abdellatif Ouahbi présente les grandes lignes de la réforme
Dans sa déclaration écrite, consultée par Yabiladi, la Coordination a en effet pointé une continuité de dispositions qu'elle considère déjà comme non-égalitaires dans le texte en vigueur, notamment en matière d'héritage, de polygamie, de gestion des biens, de liens conjugaux coutumiers, d'exception favorable au mariage des mineurs, ainsi que la non-reconnaissance du test ADN comme preuve de la filiation pour les enfants nés hors-mariage.
L'intérêt supérieur de l'enfant, un principe constitutionnel
Selon la Coordination, «le contexte actuel impose de reconnaître pleinement aux femmes leurs droits à une vie digne et sûre, en reconsidérant tout ce qui mine cette exigence et limite leur jouissance égale des droits constitutionnels et des droits humains».
Avocate et membre de la structure, Aïcha Alahiane a affirmé à Yabiladi que «les normes égalitaires positives ne sont contradictoires ni aux préceptes religieux, ni aux jurisprudences théologiques éclairées, lorsque ces trois éléments ont vocation à asseoir la justice, laquelle commence par garantir protection et dignité aux enfants et aux plus vulnérables».
Code de la famille : Plus de 30 ONG s'activent auprès des élus pour une réforme égalitaire
Contactée par notre rédaction, la militante estime, dans ce sens, que la reconnaissance des enfants nés hors-mariage par test ADN «est rendue possible grâce aux nouveautés scientifiques en phase avec notre temps, même que les tribunaux marocains tiennent compte de cette expertise comme élément de preuve d'un crime, sans pour autant affilier le nouveau-né à son parent naturel».
«Aux premières ères de l'islam, des siècles avant le progrès technologique, on procédait déjà à la 'qyassa' (ressemblance) pour affilier des enfants à un parent. Alors maintenant que nous avons accès à un outil qui nous permet d'établir cette filiation sans marge d'erreur, on fait le choix de passer outre, aux prix de la dignité des nombreux enfants nés hors-mariage, qui sont privés de leurs droits les plus élémentaires, à savoir connaître leurs parents, avoir une identité et une famille.»
Me Aïcha Alahiane
Dans ce sens, l'avocate rappelle qu'en vertu de l'article 32 de la Constitution de 2011, l'Etat «assure une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale». Ce principe est en phase avec la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), signée et ratifiée par le Maroc.
Me Aïcha Alahiane explique ainsi que «le législateur marocain ne différencie pas entre les mineurs en fonction des circonstances de leur naissance dans un cadre matrimonial légalement reconnu ou non, pour veiller à leur épanouissement et au respect de leurs droits élémentaires». L'associative insiste qu'il s'agit ici d'«un devoir étatique envers l'ensemble des enfants du pays, qui ne sont pas responsables du contexte dans lequel ils ont été conçus».
Maroc : Le Code de la famille, cheval de bataille pour l'égalité depuis 2004
En septembre 2020, la Cour de cassation a refusé la filiation parentale à une enfant née hors-mariage en 2014, décrétant ainsi la nullité d'une jurisprudence rendue en 2017 par le tribunal de première instance de Tanger. Cette décision définitive appuie celle de la Cour d'appel de la ville. Aïcha Alahiane se dit «étonnée que l'on ne tienne pas compte d'une expertise ADN comme preuve de filiation, alors qu'on autorise encore le mariage coutumier de 'fatiha', qui est non-acté et où la reconnaissance par le parent reste au bon vouloir de ce dernier».
A ce titre, l'avocate met en garde sur «la nécessité de préserver l'équilibre et la dignité de tous les enfants», en «acceptant le progrès scientifique comme on le fait dans tous les domaines», de manière à «ne pas créer des citoyens de seconde zone et générer des phénomènes sociétaux susceptibles de devenir des défis majeurs, d'autant qu'il s'agit de nos générations futures, des femmes et des hommes de demain».
Mariage des mineures : Abdelilah Benkirane tancé sur sa vision des droits des enfants
La protection par l'abrogation de l'article 20 du Code de la famille
Ce débat intervient dans un contexte où de récents procès ont remis en question la non-recevabilité des tests ADN pour la filiation, notamment en cas d'inceste ou de viol sur mineure. En avril 2023, l'affaire de Tiflet est devenue emblématique, après les peines légères de deux ans rendues en première instance, à l'encontre de trois coupables de crimes passibles entre 10 et 20 ans, voire de 30 ans.
Joint au dossier, un test ADN a confirmé la compatibilité du nouveau-né avec l'un des coupables, sans contraindre le concerné à reconnaître l'enfant et à lui verser une pension. En appel, les accusés ont écopé de 20 et de 10 ans de réclusion. Dans le temps, l'avocat de la défense a plaidé l'acquittement, arguant que l'expertise scientifique était fiable «seulement» (sic) à 99,99%.
Viol à Tiflet : 20 et 10 ans de réclusion en appel contre les trois accusés
Outre cette question, la Coordination féministe pour la réforme globale et profonde du Code de la famille s'est interrogée sur l'exception laissée au mariage à partir de 17 ans. Dans le cadre du débat actuel, institutions et organisations de la société civile ont préconisé l'abrogation de l'article 20 du texte en vigueur. Dans des déclarations publiques, le ministre de la Justice s'est lui-même dressé contre le phénomène.
Dans un entretien donné à la chaîne saoudienne d'information Al Arabiya, en juillet 2023, Abdellatif Ouahbi a en effet insisté que «l'âge légal du mariage est de 18 ans, pour les filles et les garçons, car c'est l'âge de la majorité». Par ailleurs, il a souligné qu'à ce sujet, «les enfants n'ont pas de devoirs mais des droits» et qu'à partir de là, «la place des filles de moins de 18 ans est à l'école». Précédemment, il s'est interrogé sur l'intérêt de maintenir le statu quo autour de la question.
Dans ce contexte, la Coalition féministe appelle «à l'implication de chacun pour un véritable changement législatif à même de protéger les droits de tous les membres de la famille, sans discrimination».
Article modifié le 27/12/2024 à 19h37


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.