En mal d'alliés influents, le Front Polisario multiplie les démarches pour obtenir la reconnaissance de sa «république» autoproclamée. Après Moscou, sans grand succès, le mouvement séparatiste tente désormais de rallier le président brésilien Lula à sa cause. Mais au Brésil, même le Parti des travailleurs, autrefois soutien fidèle, penche désormais en faveur du plan d'autonomie marocain. Après avoir tenté de séduire Vladimir Poutine sans succès notable, le Polisario se tourne désormais vers le président brésilien. «Oui, nous cherchons à convaincre Son Excellence le président Lula, qui a reconnu la Palestine, de faire de même avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Cette république est un membre fondateur de l'Union africaine, ce qui signifie que nous avons déjà de nombreuses ambassades», a déclaré le représentant du Front à Brasilia lors d'une interview accordée hier à un média brésilien. «Nous pensons que l'histoire de la Palestine et celle du peuple sahraoui sont intimement liées. Lula a d'abord reconnu l'OLP, l'Organisation de Libération de la Palestine, et des années plus tard, il a franchi une étape historique en reconnaissant la République palestinienne (le 5 décembre 2010, ndlr). Nous souhaitons maintenant qu'il reconnaisse la république sahraouie et nous permette d'ouvrir une ambassade», a ddéclaré Ahmed Moulay Ali Hamadi. Mais il reconnait que le président brésilien ignore toujours les sollicitations répétées du Polisario pour reconnaître leur «république». «Jusqu'à présent, nous avons tenté d'établir un contact direct avec Lula, mais nous n'avons pas encore reçu de réponse. Nous sommes en discussion avec le ministère des Affaires étrangères, et nous avons eu des réunions avec des membres de la division Afrique, mais il semble qu'ils n'aient aucun pouvoir de décision. Tout le monde dit que c'est Lula qui décide.» Ahmed Moulay Ali Hamadi Le Polisario en perte de vitesse au Brésil En réalité, le Front perd du terrain au Brésil, y compris au sein du Parti des travailleurs (PT), actuellement au pouvoir, qui était jadis un allié traditionnel du mouvement séparatiste. «Le plan d'autonomie pour le Sahara proposé par le Maroc repose sur les principes du dialogue et du droit international et devrait contribuer au bien-être des populations concernées», avait déclaré en novembre 2024 Romenio Pereira, secrétaire aux relations internationales du Parti des travailleurs, la formation politique du président Luiz Inácio Lula da Silva (PT). «Je pense que le Brésil devrait apporter un soutien plus marqué à l'initiative proposée par le royaume et continuer à appuyer ces efforts et initiatives qui favorisent la paix et la stabilité dans la région.» Romenio Pereira (PT) Or, en mars 2014, les députés du PT avaient voté en faveur d'une résolution invitant l'ancienne présidente Dilma Rousseff (2011 - 2016), également du PT, à reconnaître la «RASD». C'est dire le changement d'orientation radical au sein du parti en l'espace d'une dizaine d'années. D´ailleurs, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, a salué «les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour avancer vers un règlement du différend autour du Sahara, dans le cadre de l'initiative d'autonomie présentée par le royaume en 2007». Cette position a été exprimée dans un communiqué conjoint, adopté à l'issue de ses entretiens, le 7 juin 2024 à Rabat, avec son homologue marocain, Nasser Bourita.