Le Comité de soutien à Ibtissame (Betty) Lachgar exprimé, ce mercredi, son indignation et son incompréhension face au verdict rendu en appel, le 6 octobre à Rabat. Ce jugement a condamné de l'activiste féministe à deux ans et demi de prison et à une amende de 50 000 dirhams, pour des propos considérés comme portant atteinte à la divinité. L'été dernier, la militante a publié une photo d'elle prise à l'étranger, portant un t-shirt avec une expression perçue comme blasphématoire au Maroc. Dans un communiqué, les membres du comité estiment que le verdict «ignore les éléments essentiels soulevés par la défense», à commencer par «l'absence d'intentionnalité dans les faits reprochés ; l'absence de menace réelle à l'ordre public ; le caractère extraterritorial des faits», outre des manquements à la procédure d'interpellation et à la rédaction du procès-verbal. Le comité pointe également une contradiction entre l'article 25 de la Constitution, qui garantit «les libertés de pensée, d'opinion et d'expression sous toutes ses formes» et l'article 267-5 du Code pénal, retenu pour condamner Betty Lachgar, cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI). La même source estime ainsi que «rien, dans ce dossier, ne justifie une peine de prison ferme». Au-delà du jugement, le comité déplore les conditions de détention de la psychologue clinicienne, «survivante d'un cancer» et souffrant de «douleurs récurrentes liées à sa prothèse, qui nécessite un remplacement chirurgical». A ce titre, ils alertent que «chaque jour sans soins adaptés est un jour de souffrance supplémentaire». Par ailleurs, la même source fait état d'«un accès limité au téléphone, aux promenades et aux activités, alors même que la loi marocaine prévoit des peines alternatives, plus humaines et proportionnées, auxquelles elle est pleinement éligible». Dans ce sens, le comité affirme ne demander «aucun privilège», mais «l'application égale et cohérente de la loi» par la mise en œuvre d'une peine alternative à même de permettre une «prise en charge médicale spécialisée», ainsi que des conditions de détention respectueuses de la dignité. Par la même occasion, la structure appelle à ce que la justice «cesse de punir au lieu de réparer, et qu'elle applique la loi dans ce qu'elle a de plus humain : l'égalité, la dignité et le soin». Précédemment, elle a alerté que la criminalisation d'«une provocation artistique et militante» constituait une mise en danger de la liberté d'expression.