Du nouveau dans l'affaire Adib-Bennani. L'ancien capitaine à la base d'Errachidia, condamné à deux ans et demi de prison après avoir dénoncé des faits de corruption dans l'armée, vient de poster sur YouTube une vidéo sur sa «visite» à la chambre du général dans un hôpital parisien. Détails. Mustapha Adib réplique à la version officielle marocaine faisant d'état d'une «agression morale» de l'ex-capitaine de l'armée sur le général Abdelaziz Bennani. Il vient de poster sur YouTube une vidéo montrant le déroulement de sa «visite», mercredi dernier, à l'ancien inspecteur général des FAR, alité à l'hôpital Val-de-Grâce. Muni d'un bouquet de fleurs, Mustapha Adib a pu atteindre la chambre du malade sans aucun problème, si ce n'est l'intervention d'une femme (la belle fille du général) qui a tenu à fermer la porte du patient. A côté d'elle un homme, apparemment un garde du corps de Bennani. «On est là pour vous recevoir… Marhba bik» Durant les trois minutes et 9 secondes qu'a duré l'enregistrement, il ne s'est produit aucun moment de tension entre les trois protagonistes. La vidéo a en revanche montré une conversation très courtoise qui s'est engagée entre la dame et Adib sur l'état de santé du général. La belle fille a assuré son interlocuteur qu'il «va bien». Et même lorsqu'elle a su l'identité du «visiteur», elle n'a montré aucun signe de nervosité ou de rejet. Mieux, elle a accepté les fleurs et le petit message d'Adib, tout en lui assurant qu'il est le bienvenu, précisant au passage qu'«on est là pour vous recevoir… Marhba bik». A l'issue de cet échange d'amabilités entre les trois personnes, l'ex-capitaine de l'armée a quitté tranquillement et calmement le pavillon dans lequel se trouvait le général Bennani. La vidéo donne raison aux interrogations de Benmoussa Cette vidéo met à mal la version publiée par certains supports de presse marocains parlant d'agression ou de coup de force. Le seul élément qui pourrait justifier l'expression "agression morale" employée dans la version officielle est à chercher dans le contenu de la lettre remise par Mustapha Adib à la famille Bennani et qui comporte des attaques très dures sur la personne du général. Cette vidéo peut néanmoins être utilisée comme preuve par la partie marocaine. En effet, dans la soirée du mercredi 18 juin, une dépêche de la MAP, résumant la version officielle, a rapporté que l'ambassadeur du royaume à Paris, Chakib Benmoussa, a fait part à ses interlocuteurs français d'interrogations quant à la complaisance dont aurait bénéficié l'ancien capitaine de l'armée pour entrer à l'hôpital Val-de-Grâce et s'approcher jusqu'à la chambre du général Bennani. Sachant que l'établissement en question est réputé pour ses mesures de sécurité draconiennes. Une réputation qui se trouve remise en cause par les trois minutes de la vidéo. En 2005, lors de la première hospitalisation de Abdelaziz Bouteflika, officiellement pour «un ulcère hémorragique», son frère, Said, avait formellement exigé de la direction du Val-de-Grâce de ne laisser entrer aucune personnalité politique, du monde des affaires ou des arts, visiter le président à l'exception du chanteur Mami. La responsabilité semble être assumée par les autorités françaises notamment par la voix de son ambassadeur à Rabat, Charles Fries, qui vient de préciser sur l'Economiste que les mesures ont été prises pour renforcer la protection du général Bennani, et que des poursuites judiciaires étaient envisagées à l'encontre de Mustapha Adib.