Neuf mois après le lancement du dernier appel à manifestation pour l'exploitation des lignes maritimes reliant le Maroc à l'Europe, le ministère de l'Equipement et du transport serait sur le point d'officialiser le retour des compagnies chérifiennes, selon les informations circulant au sein de la profession. Les cahiers de charges ont déjà été signés par les opérateurs sélectionnés, qui – pour certains – préparent déjà le lancement prochain de leurs activités. Détails. «Nous savons très bien que les autorisations sont déjà accordées, ce qui reste c'est qu'on nous les remette», déclare à Yabiladi Rachid Chrigui, directeur générale d'Intershipping, cette jeune compagnie maritime à capitaux 100% marocains qui opère sur le détroit depuis 2012. A l'époque, c'était le seul opérateur chérifien présent sur les lignes reliant Tanger Med à Tarifa et Algesiras, après le retrait de la Comarit au moment où IMTC connaissaient des difficultés. Le ministère de l'Equipement et du Transport militant pour le retour des compagnies marocaines sur le détroit, avait lancé un premier appel à manifestation d'intérêt (AMI) auquel seul Intershipping avait soumissionné en tant qu'opérateur national. Un deuxième AMI intervenu en mai 2014 a vu émerger deux autres opérateurs à savoir Naveline SA et Red Fish, une filiale de FRS. Les cahiers des charges déjà signés En octobre dernier les premiers résultats de cet AMI révélaient que ces trois compagnies avaient été retenues par le ministère. La dernière phase devait consister en un examen détaillé des dossiers financiers de chacun des opérateurs. Et c'est chose faite. «Nous [les compagnies, ndlr] avons été contactées par la Marine marchande et nous avons signé les cahiers des charges ainsi que les conditions qui y sont attachées le 16 janvier. Nous avons fait les légalisations le 19, avant de les remettre à la Marine marchande», indique M. Chrigui. Les opérateurs espèrent qu'ils pourront obtenir leurs autorisations en main propre «très bientôt». Nous avons tenté en vain de joindre le département de Najib Boulif en charge de ce dossier. Mais citant des sources dans le secteur maritime, l'hebdomadaire La Vie éco affirme que le dossier «devrait connaitre son dénouement dans les prochains jours». Cela ne serait que bénéfique pour les opérateurs qui attendent depuis des mois. Pour Rachid Chrigui, l'obtention d'une licence «signée par le ministre en personne» est plus que nécessaire pour que les compagnies marocaines puissent opérer au mieux sur le détroit, «surtout qu'il y a beaucoup de formalités pour les lignes qui lient l'Europe à l'Afrique», souligne-t-il, citant notamment les formalités liées aux contrats d'assurance ou celle liées aux banques. Les banques à nouveau confiantes ? La faillite de la Comarit avait d'ailleurs entraîné une sérieuse défiance de la part des banques vis-à-vis des compagnies maritimes marocaines. On se souvient qu'alors au cœur d'énormes difficultés, le patron d'IMTC s'en plaignait. La décente aux enfers de poids lourds comme ces deux compagnies ne laissait, à l'époque, aucune lueur d'espoir pour un petit opérateur comme Intershipping notamment. Rachid Chrigui estime que «c'est le temps qui juge» de la viabilité de ce type d'entreprise. D'après lui, les banques sont de moins en moins réticentes lorsque la compagnie ne présente pas d'ambiguïté et lorsqu'elle mène son activité dans la transparence. Actuellement, les compagnies sélectionnées se préparent déjà. Selon MaritimeNews, Naveline SA, qui aurait eu des autorisations pour l'exploitation de deux lignes, «est en train de chercher ses navires». D'après M. Chrigui, Intershipping retenu pour Tanger Med-Algesiras, dispose déjà de ses «bateaux dernière génération». L'opération transit de cet été devrait donc être mieux fournies !