Le Conseil de gouvernement prend connaissance de textes juridiques et adopte un projet de décret    Le Maroc s'oriente vers une ambitieuse stratégie de défense    Le ministre russe des AE entame en Guinée une nouvelle tournée africaine    Sahara : le Libéria réaffirme son soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Maroc    Aviation: Près de cinq milliards de voyageurs prévus en 2024, un record    Cours des devises du lundi 03 juin 2024    Inflation : Les yeux rivés sur la Banque centrale de Russie    Une délégation d'entreprises espagnoles en prospection au Maroc    Pétrole: L'OPEP+ prolonge sa baisse de production jusqu'en 2025    Présidentielle US: Trump fait son entrée sur TikTok    Mexique: victoire de Claudia Sheinbaum à la présidentielle    20-ème Tour cycliste du Cameroun (3è étape): Le Marocain Mehdi El Otmany classé 2-ème    Madrid fête la 15e Ligue des champions du Real    Botola Pro D1 : le Raja surclasse le WAC (1-0) et s'empare du fauteuil de leader    Le prince-héritier Moulay El Hassan préside la finale du 23e trophée Hassan II des arts équestres traditionnels    Météo: les prévisions du lundi 3 juin    Préparation des JO de Paris-2024: Le match amical Maroc/Belgique se jouera à huis clos    Le Maroc lance un appel d'offres pour un terminal flottant de GNL    Le Maroc participe à la Conférence islamique des ministres du tourisme en Ouzbékistan    Le Prince Moulay Hassan préside la finale du Trophée Hassan II de Tbourida    Elections en Europe : Quelle configuration pour le prochain Parlement?    L'avenir de l'Intelligence Artificielle au Maroc et en Afrique en débat à Rabat    Le Maroc et la Corée s'acheminent vers un nouvel accord commercial plus élargi    Qui est Tarik Hammane, le nouveau DG de l'ONEE?    Le Maroc et la Corée du Sud préparent un accord de partenariat renforcé inédit    Le Roi Mohammed VI adresse un un message de félicitations au président italien Sergio Mattarella    Mbappé signe gratuitement au Real : Une nouvelle étoile pour les Merengues    Délimitation des frontières maritimes : Bourita désormais aux commandes    Le temps qu'il fera ce dimanche 2 juin 2024    Les autorités marocaines interceptent 4T de drogue à Casablanca    Béni Mellal : la nouvelle vie de l'aéroport international de la ville après l'épisode Covid-19    Agadir : fin de cabale pour un faux-policier extorquant des enseignantes    Levée de l'exigence d'un certificat de mariage. Les hôteliers pris « entre deux feux »    Programme « Eco-Ecoles »: L'école Le Mûrier à Ifrane hisse le Pavillon Vert    Rabat et Séoul entament des discussions pour établir un cadre juridique sur le commerce et l'investissement    Paris: ouverture de la 30e édition du « Maghreb des livres » avec la participation d'écrivains marocains    MAGAZINE : Mohamed El Baz, le mâle aimé    L'Humeur : Le bricoleur et l'incurable    Qualifications africaines Mondial 2026 / J3: El Jadida et Oujda accueillent deux matchs ce mercredi    Botola D1/J29 (suite et fin): Enorme suspense ce soir !    Météo: soleil et chaleur au programme ce dimanche 2 juin    Paris: Ouverture de la 30ème édition du "Maghreb des livres" avec la participation d'écrivains marocains    Une secousse tellurique de 3,1 sur Richter enregistrée à Tétouan    Fès: Le virtuose du flamenco Vicente Amigo enchante le public    Diaspo #340 : Samia Benchaou inspire confiance à travers la mode du hijab    Cessez-le-feu à Gaza : le Hamas juge «positive» la nouvelle feuille de route    Revue de presse de ce samedi 1er juin 2024    Musiques électroniques : Laurent Garnier à l'Oasis festival, pour danser sur tous les sons    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Représentation politique des MRE : Pourquoi le Maroc est-il frileux ?
Publié dans Yabiladi le 23 - 11 - 2011

Entre grandes promesses et petites concessions, le Maroc avance à pas comptés. La méconnaissance du comportement électoral de ces «citoyens» explique les craintes du gouvernement.
Le 20 septembre nous avons rencontré des représentants des principaux partis politiques marocains pour leur demander de relayer nos doléances sous forme d'amendements au projet de loi organique de la Chambre des représentants mettant en place la procuration. Ils ont tous soutenu nos demandes, mais ils ont tous voté pour la procuration, exception faite du PJD», raconte Salem Fkire, président de l'association Cap Sud MRE, fondée en 2009, et nouveau porte étendard, pour les prochaines législatives, avec la Coordination Europe de l'Union Nationale de l'Initiative Syndicale Libre, de la cause du droit de vote MRE.
Double discours
Le comportement des partis politiques est très révélateur du double discours que tient le Maroc sur la question du vote des MRE. En 2005, le roi promet le vote depuis le pays d'origine, mais, en 2006, les listes électorales sont seulement rouvertes pour eux ; le 1er juillet 2011, la constitution entérine ce droit, mais, en septembre, la procuration remplace le vote direct. De grandes promesses en petites concessions, le Maroc hésite. Observateurs et chercheurs avancent plusieurs explications.
Pour Thomas Lacroix, chercheur à l'Institut international des migrations, il ne faut pas croire que l'Etat soit une entité homogène. Par exemple, lors du Programme d'Electrification Rural Global (PERG) au Maroc, lancé en 1996 par le ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, «un système de cofinancement avait été imaginé où le village, en associant les envois d'argent des migrants, apportait la moitié des fonds. Ce système nécessitait la création d'associations prenant en charge le projet.
Le ministère de l'Intérieur était, lui, très réticent, parce qu'il ne voulait pas que se crée une société civile dans le monde rural», se souvient Thomas Lacroix. Désintérêt des MRE. Le CCME, crée en 2007, avait, notamment, pour mission de réfléchir sur une éventuelle mise en place du droit de vote pour les MRE. Il est aujourd'hui régulièrement pointé du doigt par ses défenseurs. Driss El Yazami, président du CCME, et Abdellah Boussouf, secrétaire général, ont fréquemment affirmé que le droit de vote, objet très polémique, n'était pas la priorité des MRE eux mêmes.
«On ne se donne pas les moyens de faire une grande campagne électorale», dénonce Ali El Baz, coordinateur national pour l'Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF). «Il faut réfléchir à la façon d'intéresser les gens à la chose politique. L'exemple des primaires socialistes, tenues récemment, en France, est un bon exemple», soutient-il. «Si personne ne s'y intéresse, c'est que personne n'a réellement le sentiment qu'il peut voter, qu'il fait partie de la communauté citoyenne faute de droit de vote direct. C'est un cercle vicieux», analyse Salem Fkire.
Le taux de participation des MRE est également difficile à envisager dans l'absolu car il est également beaucoup influencé par le mode de scrutin. Le cas de l'Italie est frappant : «tous les Italiens inscrits auprès d'un consulat reçoivent pour les élections des bulletins de vote. Avec ce système, près de 30% des Italiens émigrés votent aux législatives», détaille Jean-Michel Lafleur, enseignant et chercheur en relations internationales à l'université de Liège en Belgique, spécialiste du droit de vote à distance.
Compliqué
Le ministère de l'Intérieur et les députés qui assument avoir voté oui à la loi organique de la Chambre des représentants se justifient principalement par la difficulté à le mettre en place concrètement. «Il est très coûteux d'organiser des élections dans des bureaux de vote à l'étranger et surtout de mettre en place les listes électorales puis d'imaginer une campagne électorale ciblée, mais le vote à distance [qui exclut la procuration, ndlr] est très répandu : une centaine d'Etats le pratique déjà», explique Jean-Michel Lafleur.
«La Tunisie est parvenue à élire des représentants aux élections du 23 octobre, le Maroc veut organiser la Coupe du monde de football, mais nous ne serions pas capable d'imaginer un découpage des circonscriptions électorales !?», s'indigne Salem Fkire. «Ce n'est pas très sérieux comme argument, estime Gérard François Dumont, professeur à la Sorbonne à Paris, et spécialité des migrations; le Maroc a les moyens de donner ce droit de vote grâce à son réseau de consulats en Europe.»
Peur du PJD
Derrière les explications officielles se cachent une idée persistante : en cas de vote, le parti islamiste Justice et Développement (PJD) remporterait la majorité des suffrages des MRE. «Nous sommes très bien implantés à l'étranger, c'est pour ça qu'ils ont peur, explique, dans un sourire, Lahcen Daoudi, député PJD ; l'association Maroc Développement est notre représentant officiel, en France, par exemple.» Le PJD a également été le seul parti rencontré par l'association Cap Sud MRE à voter contre la loi instituant la procuration.
Le PJD en tête des votes ? Lui même en est convaincu, mais, souligne Salem Fkire, «aucun sondage n'a été fait pour connaître les tendances politiques des MRE.» Une réalité bien concrète s'est toutefois faite jour en France, lors des élections de l'Assemblée constituante tunisienne : Ennahda, le pendant tunisien du PJD, a remporté 4 des 10 sièges des représentants les Tunisiens de France. «Les résultats du vote ne sont pas de nature à encourager le Maroc», estime Gérard François Dumont.
De plus, le Maroc a cette spécificité de posséder une diaspora très importante. Les 5 millions de MRE, représentent près de 10% de tous les Marocains. Leur poids politique ne serait pas marginal dans une élection même s'il reste dépendant du taux de participation. «L'Italie a donné, en 2006, le droit de vote à ses émigrés. Les résultats lors de ces législatives étaient très serrés. Finalement, Romano Prodi a gagné contre Silvio Berlusconi grâce à un député d'Argentine qui a décidé de retourner sa veste au dernier moment à son profit», raconte Jean-Michel Lafleur. La méconnaissance a priori du comportement politique des MRE, en dehors de toutes considérations démocratiques, fait peur.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.