Talbi Alami : L'Afrique peut devenir le continent du siècle    Elevage. L'Etat injecte 6,2 MMDH pour sauver le cheptel    ONEE. 300 millions d'euros pour moderniser le réseau national    Télécoms. IAM et Inwi mutualisent leurs infrastructures    Yassir Chakib : "Adopter tôt des technologies locales est de nature à permettre de faire des sauts comparables à ceux de la Corée ou de la Chine"    Investissement. L'AES met en place sa propre banque    Après l'Algérie, la Tanzanie ... La RS Berkane ou la malédiction des aéroports    « Sans justice sociale, pas d'émancipation pour les femmes amazighes »    Kinshasa fête le tourisme et la musique    Festival de Fès : Valentin Zellweger : « La culture, levier stratégique entre la Suisse et le Maroc »    Organisation de manifestations sportives : une importante matrice de développement pour le Royaume    Le Maroc réorganise la gouvernance du médicament et transfère des compétences à deux nouvelles agences publiques    Manœuvre navale des forces spéciales marocaines et ghanéennes au large d'Agadir    Une célébration culturelle réunissant les patrimoines du thé chinois et sri-lankais... renforçant les liens entre les deux pays    HB. 41e CACVC 25 : ce vendredi, Derb Sultan - Espérance (Bronze) ; Ahly - Zamalek (Or) !    LDC : La CAF dévoile le nouveau design du trophée    MMA : Le Maroc accueille le premier événement du Maghreb Fighting Championship le 14 juin    Boufal vs Talbi : duel marocain à distance pour le sacre en Belgique    Trump annonce un "gros échange de prisonniers" entre Russie et Ukraine    Moroccan women of the diaspora walk from Fès to Laayoune to celebrate history    Séisme de magnitude 4,5 ressenti près de Roummani (province de Khemisset)    Service militaire 2025 : Formation approfondie dans les domaines de spécialisation au profit des conscrits qualifiés    Série A / J38 : Le Napoli ou l'inter, lequel sera champion ce soir ?    FICAM 2025 : Clôture d'une édition alliant animation et jeu vidéo    Le Niger redessine la carte des alliances au Sahel : l'hommage à Saddam Haftar, une gifle pour le régime algérien    Le Real Madrid fait ses adieux à Carlo Ancelotti    Lionceaux de l'Atlas : le FC Barcelone sur les traces d'Abdellah Ouazane    Beijing et Washington conviennent de maintenir le dialogue malgré les tensions    Services automobiles : Piassaty étend son maillage national    Terrorismo: Un artículo le recuerda a Trump los estadounidenses asesinados por el Polisario    Alerte météo : fortes averses orageuses avec risque de grêle dans plusieurs régions    Edito. Ce que le Maroc joue vraiment    Maroc : Mohamed Boudrika poursuivi en détention    Bourse de Casablanca : ouverture en bonne mine    Dakhla : Démolition de l'arche emblématique pour moderniser l'avenue Al Walae    Le Maroc renforce ses capacités militaires avec des unités spéciales pour contrer les menaces liées aux tunnels grâce à des technologies avancées    Benali et son homologue malienne s'accordent sur une coopération renforcée en matière climatique    Les prévisions du vendredi 23 mai    Morocco at the heart of rising migrant deaths on irregular routes in 2024, report finds    Les températures attendues ce vendredi 23 mai 2025    Pékin : La Chine et les Pays-Bas renforcent leur partenariat stratégique    Algérie : Chengriha supervise les exercices militaires 'Forteresse 2025' près de la frontière marocaine    Les Ittihadies dénoncent la situation des femmes détenues dans les camps de Tindouf    Terrorisme : Un article rappelle à Trump les Américains tués par le Polisario    Dancing on the rooftop : Le combat de Hajar Ameziane pour suivre sa passion    FICAM 2025 : À Meknès, une révolution cartoonesque de l'animation !    Tourisme : Grenade fait sa promotion à Rabat    «La Huppe et les Douze Oiseaux» : Une comédie musicale soufie et poétique au cœur de l'enfance    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Sans une école inclusive, les personnes en situation de handicap restent marginalisées» [Interview]
Publié dans Yabiladi le 01 - 07 - 2019

Le ministère de l'Education nationale a récemment conclu six conventions de partenariat, dans le cadre d'un nouveau programme national de l'éducation inclusive au profit des enfants en situation de handicap. Idir Ouguindi, membre du Conseil d'administration de l'Amicale marocaine de handicap (AMH) et acteur associatif, commente cette démarche auprès de Yabiladi.
Dans le cadre de six accords de partenariats initiés par le ministère de l'Education nationale, les acteurs de la société civile, mais également le ministère des Affaires sociales, convergent leurs efforts pour faire des établissements publics marocains des écoles inclusives, mettant ainsi fin au principe des classes intégrées et permettant aux enfants en situation de handicap de bénéficier équitablement de leur droit à la scolarisation.
A la lumière de sa longue expérience dans le domaine de l'éducation et du handicap, le militant associatif Idir Ouguindi fait une première lecture de cette approche ministérielle.
Jusqu'à quel degré ces mesures prouveront leur efficacité alors que le cadre normatif existant à ce propos n'est pas correctement mis en œuvre ?
Le principe fondamental et l'objectif de la société civile est que l'éducation des enfants en situation de handicap devienne une obligation nationale et une affaire du ministère de tutelle. Vu le déficit criant de politiques publiques, les ministères de l'Education nationale et des Affaires sociales, avec la société civile, ont jusque-là mis en place des classes intégrées où les associations s'occupent de l'enseignement de ces enfants-là.
Aujourd'hui, j'espère que ce programme donnera enfin aux concernés la possibilité d'accéder pleinement aux établissements publics et que le gouvernement et que l'Etat marocain prennent enfin leur responsabilité dans la scolarisation de ces enfants. On sait que seuls 42% des enfants en âge de scolarisation au Maroc vont à l'école. Une bonne partie de la scolarité régulière et continue est assurée par la société civile, en partenariat avec les ministères de tutelle.
Mon espoir est donc que ce programme aboutira à la généralisation de la scolarisation qui est un droit constitutionnel. De plus, la Loi-cadre 97.13 relative à la protection et à la promotion des droits des personnes en situation de handicap, dans ses articles 11, 12 et 13, insiste également dessus, en plus des engagements internationaux du Maroc sur la mise en place d'un système éducatif global et non-discriminatoire, en lien notamment avec les Objectif de l'ONU pour le développement durable (ODD).
Tout ce cadre normatif impose à notre pays d'investir dans ce domaine et de permettre aux enfants en situation de handicap d'accéder équitablement à l'école. Encore faut-il passer des paroles et des signatures de textes à leur application effective. Il faut se donner du temps, mais je pense que nous pourrons l'espérer.
S'agit-il pour vous d'une décision politique ou craignez-vous que la mise en œuvre de ces accords soit entravée par le vide existant quant à l'approche inclusive dans le cursus de la formation des enseignants et du personnel des écoles, avec le risque que cette concrétisation prenne des années ?
C'est là toute la crainte, en effet. J'ajouterai que si nous voulons véritablement mettre en œuvre cette stratégie et cette école inclusive, cela ne peut pas être défini uniquement par une prise d'initiatives ministérielles mais surtout par l'accompagnement de ces projets, leur suivi et la fluidité de leur mise en place.
Il faut même aller au-delà en proposant une formation solide aux enseignants et aux maîtres de classes, instaurer des modules dans les écoles et former des formateurs. En plus de la mobilisation des ressources humaines, un engagement et un investissement doit être initié au niveau de l'accessibilité architecturale des écoles, des collèges et des lycées. S'il n'y a pas d'engagement à ce niveau, cela m'étonne que l'on puisse atteindre l'ensemble des objectifs.
Par ailleurs, ne pouvons pas parler d'accès à l'éducation sans penser toute la question de l'inclusion socio-professionnelle des personnes en situation de handicap dans son cadre global. La question de l'accessibilité aux moyens de transport se pose également ; on sait qu'en dehors du tram, disponible uniquement à Rabat et à Casablanca, les transports communs restent inaccessibles aux personnes en situation de handicap. Même lorsque des établissements accessibles existent, on peut donc rater l'école et tomber dans un échec scolaire si le parcours entre le domicile et l'école est rendu difficile, sans parler des aides techniques.
Mais ces conventions parlent de formation continue du personnel éducatif, sans évoquer une inclusion de l'approche handicap dans les établissements de formation des enseignants et des professeurs…
Aujourd'hui, nous vivons une réforme de tous le système éducatif, mais je ne vois malheureusement pas un engagement ferme sur la formation des enseignants et des instituteurs en préparation à leur intégration à leurs fonctions au sein de l'Education nationale.
Il ne faut pas échapper à ses responsabilités ou signer des conventions avec la société civile en se déchargeant d'une tâche primordiale dans ce secteur clé, en laissant aux associations la grande partie du travail qui est censé relever d'une vision du développement tracée par des politiques de l'Etat.
Les associations ont et auront toujours un rôle important dans ce processus, mais il ne faut pas que des départements ministériels substituent ce travail à celui sur lequel l'Etat s'est engagé et a une responsabilité centrale. Aujourd'hui, l'éducation, comme l'emploi et l'accessibilité, doit être un droit protégé et garanti dans les faits, avec l'engagement d'un Etat qui se respecte.
Jusqu'à quelle mesure les récentes démarches gouvernementales tiennent compte des propositions faites, depuis les années 1990, par l'Amicale marocaine du handicap (AMH) pour une approche inclusive des personnes en situation de handicap ?
On ne parle plus de classe intégrée mais d'école inclusive et c'est un premier changement de langage au niveau du ministère de l'Education nationale. Cependant, nous avons proposé au cours de l'adoption de la loi-cadre relative à la protection et à la promotion des droits des personnes en situation de handicap que le gouvernement marocain s'engage sur des dates butoirs pour la concrétisation de ce texte, chose qui n'a pas été retenue. Nous avions également appelé à l'intégration de l'approche handicap dans la loi des finances, ce qui n'est pas encore le cas.
Par ailleurs, nous avons exigé la création d'un Conseil supérieur du handicap au Maroc, dans le respect des principes de la Convention internationale pour relative aux droits des personnes handicapées ratifiée et signée par le notre pays en 2009, projet qui est resté sans suite.
L'école n'est pas inclusive dans les fais, et si les personnes en situation de handicap ne jouissent pas pleinement de leur droit à l'éducation, du primaire jusqu'au supérieur, nous ne faisons qu'amplifier leur handicap avec encore plus de marginalisation et d'exclusion socio-économique ou encore au niveau des services de santé.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.