Actrice et comédienne émérite, en plus d'être polyglotte, Latifa Ahrar a récemment montré à son public quʼelle pouvait aussi être sans tabou. Le public présent le 13 octobre 2010 à la maison de la culture de Marrakech, nʼoubliera certainement pas de sitôt la pièce «Capharnaum». En effet, la comédienne a progressivement retiré ses vêtements, et nʼa gardé sur elle qu'un bikini, devant un public composé de femmes et d'hommes de tout âge. Peu habitué à ces formes dʼexpression artistique, une partie du public quitte la salle. Les réactions ne sʼarrêtent pas là. Les forums et les réseaux sociaux, dont Facebook, où lʼartiste possède une page, sont pris dʼassaut par ceux qui ne comprennent pas quʼune femme ait osé défier de cette manière le tabou (très sensible) de la «nudité». Devant les critiques dont elle a fait lʼobjet après sa représentation, Ahrar sʼest montrée insensible. Cʼest ainsi quʼelle déclare quelques jours plus tard, dans une interview quʼelle accorde à lʼhebdomadaire Tel Quel : «ce genre dʼattaque ne me fait ni chaud ni froid. Le jour où ces gens là comprendront quelque chose à lʼart et donc au théâtre on pourra alors discuter». Dans une autre interview quʼelle a accordée au quotidien Aujourdʼhui Le Maroc (ALM), lʼartiste sʼest dite «surprise par la réaction des gens qui nʼont pas vu le spectacle et qui ont commencé à donner leur avis à tort et à travers». De même, après avoir présenté son choix de se mettre en sous-vêtements comme un «choix artistique», elle a annoncé que la pièce qui avait été bien accueillie par le public de Marra- kech (du moins une partie) et de Rabat (le 28 octobre 2010), serait vue dans dʼautres pays, notamment en Belgique, en Pologne, ou encore en Jordanie. Elle déclarait à cet effet : «Le spectacle est fait pour être joué et moi, je nʼoblige personne à venir le voir malgré lui». Notons quʼauparavant, dans lʼinterview quʼAhrar a accordé à Tel Quel, elle avait admis que ça ne la «dérangerait pas» de se désha- biller devant les caméras, comme elle lʼa fait sur scène. Fidèle à son principe de liberté dans les choix, elle sʼétait dite «ouverte à toutes les expériences», du moment que le projet lui semble intéressant. Si lʼattitude de Latifa Ahrar à Marrakech a choqué, il faut dire que certaines de ses déclarations dans lʼinterview quʼelle accorde à Tel Quel vont plus loin encore. Elle y a ainsi mis un point dʼhonneur à désigner la ville dʼAl Qods par «Jérusalem». Sans expliquer davantage, elle admettait au passage avoir «prié dans trois lieux saints de cette ville, y compris près du Mur des lamentations». Pour sa décharge, elle estime que «rien en islam nʼinterdit de faire ses prières dans un lieu de culte des deux autres religions du livre». Pas sûr que son point de vue fasse lʼunanimité, elle qui se dit «fan de Mohammed VI». Elle devrait le savoir, le roi est aussi le président du comité spécial Al Qods justement...