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Entretien avec Noureddine Saïl : Engouement pour les films marocains
Publié dans Agadirnet le 21 - 09 - 2006

Le directeur du CCM explique l'engouement du public pour les films marocains. Philosophe, romancier, producteur, scénariste... l'actuel directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM) a été directeur des programmes de la première chaîne marocaine TVM, puis de la chaîne française Canal Plus Horizon, avant de diriger pendant plus de trois ans la deuxième chaîne marocaine 2M. Il est également fondateur du Festival du cinéma africain de Khouribga, vice-président délégué du Festival international de Marrakech, et président du Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger. Il nous dresse le bilan du cinéma marocain, en plein essor, et de son public qui fréquente de plus en plus les salles du royaume.
Jeune Afrique : Le cinéma marocain serait en plein essor. Est-ce votre sentiment ?
Noureddine Saïl : C'est effectivement le cas. Le Maroc produit actuellement une quinzaine de longs-métrages et une quarantaine de courts-métrages par an, ce qui est assez impressionnant par rapport à ce qui se fait sur le continent. Depuis quelques années, nous multiplions les efforts afin que les films marocains soient nombreux, variés et diversifiés, en nous attachant plus particulièrement à ouvrir la porte aux jeunes talents qui sont en train de renouveler le discours cinématographique marocain. À ce titre, les différents indicateurs ne trompent pas : de nombreux films marocains sont primés lors des festivals internationaux. Il y a de plus en plus de producteurs et de jeunes cinéastes. Depuis environ cinq ans, ce sont systématiquement des films marocains qui sont plébiscités par le public national, bien loin devant les succès américains.
Quels sont les derniers succès du box-office marocain ?
En 2003, c'était le film de Moustapha Derkaoui, Casablanca by Night, puis l'année suivante celui de Saïd Naciri, Les Bandits. En 2005, c'était le deuxième volet de Elle est diabétique, hypertendue et elle ne veut pas crever, de Hakim Noury. En 2006, Marock, de Leïla Marrakchi, était en passe de battre les records en avoisinant les 130 000 entrées deux mois à peine après sa sortie. Ces dernières années, certains films marocains ont fait 400 000, voire 500 000 spectateurs, alors qu'aucun film américain n'est arrivé à dépasser les 100 000. Pour un marché assez exigu comme celui du Maroc, c'est énorme !
Le public se serait-il réconcilié avec son cinéma ?
Le public marocain vient petit à petit à son cinéma, les cinéastes ont fini par se faire reconnaître chez eux, les films s'améliorent, et les réalisateurs prennent désormais la mesure de la chose technique. En outre, les acteurs sont plus nombreux, les talents commencent à éclore de plus en plus et, de manière générale, le secteur se professionnalise énormément. De plus, l'État marocain a choisi d'être du côté des producteurs grâce notamment au mécanisme d'avance sur recettes. Il s'agit de mettre à la disposition d'un producteur un certain pourcentage du budget du film, qu'il devra par la suite rembourser au fonds d'aide du cinéma après la sortie en salles. C'est un mécanisme qui est relativement simple et qui a permis à des producteurs de pouvoir élaborer des projets plus développés et plus onéreux que ce qu'ils faisaient auparavant. Ce dispositif a vraiment contribué à « booster » la production marocaine, et il laisse espérer un développement ininterrompu de la chose cinématographique au Maroc. À cela s'ajoute notre laboratoire de cinéma qui permet de réaliser toutes les étapes de la confection des films et qui confère une certaine autonomie. Tout cela nous permet de développer une petite industrie du cinéma national tout à fait viable.
Qu'est-ce qui pourrait mettre en péril cette industrie ?
Le cinéma marocain vit de ce qu'il produit, des films qui sont distribués en salles, mais aussi grâce aux tournages étrangers qui se font dans le pays. En 2004, par exemple, nous avons perçu pas loin de 75 millions de dollars d'investissements cinématographiques étrangers, ce qui n'est pas rien... Au cours de cette année, nous avons vu deux gros projets être détournés par l'Espagne : Astérix et les jeux Olympiques et le dernier film de Jean-Jacques Annaud, qui auraient représenté pour le Maroc respectivement 15 millions et 7 millions d'euros. Il ne s'agit pas là de compétition saine et loyale, car le Maroc était clairement choisi dans les deux cas. Le fait est que la région de Valence, en Espagne, a donné une grosse somme d'argent - de l'argent public - pour attirer les producteurs. J'appelle ça du dumping, c'est déloyal !
Qu'en est-il des aides financières étrangères ?
Comme dit le vieux proverbe chinois, « au lieu de donner un poisson à quelqu'un qui a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher ». Or le Maroc, cinématographiquement parlant, pêche, et pêche très bien. L'Europe (et traditionnellement la France), avait pris l'habitude d'aider financièrement certains films. Aujourd'hui, sur les douze à quinze films que nous produisons chaque année, deux, voire un seul, sont coproduits par un pays européen. Alors, qu'on nous aide par exemple en nous ouvrant les marchés !
L'humour et l'audace des films marocains en tête du box-office expliquent-ils leur succès ?
Oui, l'audace plaît, mais il n'y a pas d'exclusive. Une industrie cinématographique, pour petite qu'elle soit, est obligée malgré tout de respecter la variété des goûts. Quoi qu'en pensent les esprits chagrins, nous avons affaire à un public globalement adulte, qui n'est pas obligé de rentrer dans une salle, et qui est en train de découvrir ce principe de proximité qui fait qu'on apprécie ce qui se fait chez soi. Quand les Français vont voir un film français comme Les Choristes, qui a fait 7 ou 8 millions d'entrées, on peut estimer que le film est intéressant ou pas, superficiel ou pas, mais les gens vont le voir et se passent le mot. De la même manière, le fait que des films comme ceux de Hakim Noury, de Saïd Naciri ou de Leïla Marrakchi rencontrent un public signifie que ce dernier a aussi envie de se voir à l'écran sans préjugés. Le plus important, c'est que le Marocain lambda considère qu'aller voir un film marocain est un acte normal. C'est une très grande réussite qu'il n'y ait plus cet air de mépris discret que certains réservaient à la chose nationale. Aujourd'hui, on ne dit plus « ce n'est qu'un film marocain », mais « c'est un film, bon ou mauvais », et le fait qu'il soit marocain devient un argument supplémentaire pour qu'on aille le voir. Si on maintient le cap, je pense qu'on va renforcer cette petite industrie, qui pourrait devenir grande.
Les salles ferment pourtant les unes après les autres. N'est-ce pas paradoxal ?
Elles ferment d'abord pour des raisons urbanistiques. Le Maroc est un pays en pleine mutation, mais les centres-villes n'ont hélas pas été très respectés dans les plans de développement. Même si c'est en train de changer, ces centres étaient devenus désertiques à un certain moment. Or tous les grands cinémas étaient dans les centres-villes. Une autre cause de la fermeture des salles, c'est que jamais l'offre d'images n'a été aussi puissante que depuis les cinq dernières années. Jamais il n'y a eu autant d'offres de chaînes, d'images, de films, de matchs, d'émissions, de jeux, de populisme télévisuel rampant, sans parler du piratage et du développement exponentiel de DVD et VCD. Résultat : les gens qui n'avaient pas les moyens d'aller souvent au cinéma étaient confortés dans leur envie de rester chez eux. Pourtant, continuent miraculeusement d'aller au cinéma tous ceux qui aiment la vie. C'est miraculeux parce qu'ils continuent de fréquenter des salles qui souvent ne sont pas aux normes, qui ont une acoustique approximative, un écran pas toujours immaculé, des appareils de projection brinquebalants, un confort minimaliste, et qui projettent en première sortie des films qui ne sont pas très frais.
Alors avec tout ça, allez obliger quelqu'un à payer 15 ou 30 dirhams pour aller au cinéma ! Oui, des salles ont fermé, et d'autres vont fermer. Mais l'avenir est aux nouvelles salles et aux multiplex. C'est ce qui se fait actuellement au Maroc. L'expérience est partie de Casablanca avec un complexe de seize salles, et elle fait tache d'huile. À Marrakech, à partir d'octobre ou novembre, un multiplex va ouvrir avec dix salles. À Agadir, il existe un projet du même genre. De même à Rabat. Tous ces multiplex risquent fort dans les cinq années à venir de rééquilibrer la donne comme cela a été le cas ailleurs à travers le monde. Évidemment, les salles de cinéma à forte identité et qui ont su évoluer avec les progrès technologiques continuent d'exister et de bien se porter. Et c'est une chance pour le Maroc de pouvoir compter sur quelques vrais passionnés du métier d'exploitant de salles de cinéma.


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