Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé à l'unanimité, samedi, des sanctions contre l'Iran pour son refus de cesser ses activités nucléaires, dans le cadre de la résolution 1737. Les six pays responsables du dossier nucléaire iranien ont finalement réussi à rapprocher la Russie et les États-Unis, les nations aux visions les plus opposées. Le chef de la commission pour la sécurité au Parlement iranien a déclaré à l'agence Mehr que Téhéran pourrait cesser de collaborer avec les inspecteurs de l'ONU en matière nucléaire si des sanctions sont adoptées. Les principaux points de la résolution sur l'Iran 1) L'Iran doit suspendre toutes ses activités nucléaires sensibles, comme l'enrichissement et le retraitement d'uranium, ainsi que les projets de réacteurs à eau lourde, de manière vérifiable par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) 2) Les États membres de l'ONU doivent empêcher la livraison, la vente ou le tranfert de matériel pouvant servir aux programmes nucléaire ou de missiles balistiques de l'Iran 3) Les États membres doivent empêcher l'Iran de recevoir toute assistance, formation ou aide financière liée à ses programmes nucléaire ou de missiles balistiques 4) Les États membres doivent surveiller l'entrée ou la présence sur leur territoire de toute personne impliquée dans les programmes nucléaire ou de missiles balistiques de l'Iran 5) Les États membres doivent geler les avoirs financiers de toute personne ou entité sur leur territoire ayant des liens avec les programmes nucléaire et de missiles balistiques de l'Iran 6) Les États membres doivent empêcher la formation de ressortissants iraniens sur leur territoire dans des matières liées au nucléaire ou aux missiles balistiques 7) Le directeur général de l'AIEA devra fournir un rapport dans les 60 jours suivant l'adoption de la résolution 8) Le Conseil de sécurité est prêt à réviser les mesures prévues dans la résolution si l'Iran se conforme à ses dispositions 9) Le Conseil se dit prêt à adopter d'autres mesures, mais devra pour cela voter une nouvelle résolution; celle soumise au vote samedi ne prévoit pas l'emploi de la force armée en cas de non-respect L'Iran juge la résolution 1737 illégale En réaction à cette résolution adoptée à son encontre, l'Iran a affirmé son intention de poursuivre son programme nucléaire. Mohammed ElBaradei, directeur général de l'AIEA Le directeur général de l'AIEA, Mohammed ElBaradei (archives) « La nation iranienne, en comptant sur ses capacités nationales et dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP) et de ses droits inaliénables, ira de l'avant dans ses projets nucléaires pacifiques », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini, à la chaîne de langue arabe Al-Alam, tout en ajoutant que cela se ferait sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). M. Hosseini juge la résolution illégale car elle vise un programme nucléaire pacifique. Il fait ainsi écho aux dires de l'ambassadeur de l'Iran à l'ONU, qui a accusé le Conseil de sécurité d'appliquer deux poids deux mesures en sanctionnant l'Iran pour un programme nucléaire pacifique tout en fermant les yeux sur l'arsenal nucléaire israélien. Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, a d'ailleurs annoncé qu'il continuerait à enquêter sur le programme nucléaire iranien et affirmé qu'il « va appliquer les aspects de la résolution [...] qui concernent son travail ». Le Conseil de sécurité demande à l'AIEA, un rapport dans les 60 jours, qui établisse si l'Iran s'est conformé à la résolution. Réactions internationales Insatisfaits des mesures contenues dans la résolution 1737, qu'ils trouvent trop laxistes, les États-Unis demandent à la communauté internationale d'imposer d'autres sanctions contre l'Iran et comptent convaincre d'autres pays d'envisager des mesures financières semblables à celles qu'ils ont mis en place eux-mêmes. Le ministre canadien des Affaires étrangères, Peter MacKay, a déclaré par voie de communiqué qu'Ottawa appuyait « sans réserve » la résolution. La France, pour sa part, invite l'Iran à revenir à la table des négociations et affirme qu'elle s'efforcera à convaincre Téhéran que la voie du dialogue est celle à privilégier, au risque dans le cas contraire de s'isoler davantage du reste de la communauté internationale. Angela Merkel Quant à l'Allemagne, la chancelière allemande Angela Merkel a salué cette résolution, estimant que son adoption unanime servait de « signal important à l'Iran », lui montrait que « la communauté internationale continue à être soudée face à l'Iran dans le règlement du conflit sur le nucléaire ». Israël, qui a souvent été menacé d'attaques par l'Iran, a estimé que la décision du Conseil de sécurité constituait « un premier pas » qui seul n'empêcherait pas Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. Dans un communiqué, le ministère israélien des Affaires étrangères s'est par ailleurs réjoui de voir « que la communauté internationale est d'accord pour ne pas permettre à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. » Négociations serrées, modifications nombreuses Étant donné ses importants intérêts commerciaux avec l'Iran, la Russie tentait par tous les moyens d'atténuer les sanctions proposées. Elle a notamment réussi à faire retirer des sanctions une interdiction de voyager à l'étranger visant 12 ressortissants iraniens liés aux activités nucléaires. Ils feront plutôt l'objet d'une surveillance. iran-nucleaire Tout au long des négociations, les États-Unis, qui ont tout de même signé la résolution, voulaient obtenir un texte plus musclé sur certains aspects. Le projet comprend donc essentiellement des sanctions commerciales et économiques touchant directement les domaines balistique et technologique. Les gouvernements occidentaux craignent que l'Iran ne se dote de l'arme nucléaire en dissimulant ses activités d'enrichissement d'uranium dans un programme d'énergie nucléaire civil. Téhéran a toujours démenti ces allégations et affirmé son droit de produire de l'énergie comme il l'entend.