Dans le cadre de sa nouvelle doctrine commerciale, le Royaume-Uni a formellement reconnu, pour la première fois, son engagement aux côtés du Maroc en faveur de l'organisation de la Coupe du monde de football 2030, à travers un partenariat bilatéral intégré au sein de sa UK Trade Strategy, publiée jeudi 26 juin. Un partenariat public affirmé avec Rabat Dans un document de cent pages intitulé The UK Trade Strategy, les autorités britanniques détaillent leur conception renouvelée des échanges internationaux, fondée sur la recherche de débouchés commerciaux et diplomatiques stables. Au sein d'une infographie synthétisant les partenariats stratégiques du Royaume-Uni dans le monde, une mention explicite est faite d'un «partenariat pour la livraison de la Coupe du monde masculine 2030» avec le Maroc, accompagné d'un pictogramme de ballon, au même titre que les projets ferroviaires avec le Panama ou les chantiers numériques à Cape Town. Ce soutien s'inscrit dans ce que Londres décrit comme «un nouvel effort stratégique pour créer les conditions de prospérité des entreprises britanniques dans un environnement mondial instable». Le rapport affirme que «depuis l'entrée en fonction de ce gouvernement, et conformément aux intentions de cette stratégie commerciale, nous avons fait de la croissance économique une priorité». Cette orientation se traduit, entre autres, par des accords sectoriels, dont celui scellé avec Rabat sur la Coupe du monde 2030. Ce soutien reflète une approche gouvernementale qualifiée de «flexible toolkit», mêlant assistance technique, diplomatie ciblée, partage normatif et mécanismes de financement adaptés. L'objectif affiché est de doter les entreprises britanniques d'un cadre opérationnel leur permettant d'investir et de co-produire dans les territoires partenaires — en l'espèce, le royaume chérifien, qui codirige la candidature avec l'Espagne et le Portugal. Le Maroc parmi les partenaires commerciaux ciblés Parallèlement à cet appui sportif, le Maroc figure parmi les six pays africains avec lesquels Londres a amorcé une révision de ses barrières tarifaires. Aux côtés de l'Afrique du Sud, de l'Egypte ou de la Tunisie, le royaume est inclus dans les négociations sectorielles engagées pour réduire les entraves résiduelles aux échanges de biens, selon les termes du chapitre consacré aux «Right Trading Partnerships». «Le Royaume-Uni continuera d'exploiter ses relations commerciales actuelles au maximum de leur potentiel», précise le rapport, qui cite expressément le Maroc parmi les Etats concernés par ces discussions tarifaires dites «ciblées». Il s'agit, poursuit le document, «d'identifier des possibilités concrètes pour les entreprises britanniques, et de contacter activement d'autres partenaires potentiels pour des discussions fondées sur des données, chaque fois que cela est pertinent». Ces discussions visent à identifier des domaines précis, appuyés par des données quantitatives, dans lesquels un abaissement douanier ou une harmonisation réglementaire permettraient aux entreprises britanniques de gagner en efficience. Une réponse à la fragmentation du commerce mondial Ce document stratégique, le premier de cette ampleur depuis le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, traduit la volonté du gouvernement de se repositionner dans une géographie commerciale en recomposition. Constatant la montée des replis protectionnistes et la remise en cause de l'ordre multilatéral, Londres revendique une posture ouverte et adaptable, fondée sur la négociation directe d'accords de libre-échange (Free Trade Agreements, FTA) et de protocoles techniques avec des puissances intermédiaires. Le rapport insiste sur le fait que «le Royaume-Uni a prospéré dans le passé — et prospérera à l'avenir — en tant que nation commerçante ouverte», tout en reconnaissant que «le système commercial mondial tel que nous le connaissons est aujourd'hui soumis à de nombreuses ruptures et chocs». D'où, selon le gouvernement, «la nécessité d'une approche nouvelle et plus stratégique». Dans cet esprit, le Maroc est mentionné au même titre que des acteurs d'importance comme la Corée du Sud, le Conseil de coopération du Golfe ou la Confédération helvétique. Pour les auteurs du rapport, «ces accords peuvent servir de socle stable dans un environnement géopolitique marqué par l'incertitude».