Le gouvernement britannique a annoncé jeudi 26 juin qu'il renonçait à apporter son soutien au projet privé Xlinks visant à acheminer de l'électricité verte depuis le Maroc vers le Royaume-Uni, estimant que cette proposition ne concorde pas suffisamment avec ses priorités énergétiques nationales. Le secrétaire d'Etat parlementaire à l'Energie, Michael Shanks, a précisé dans une déclaration écrite à la Chambre des communes que «le gouvernement a conclu qu'il n'est pas dans l'intérêt national du Royaume-Uni, à ce stade, de poursuivre l'examen d'un appui au projet Maroc-Royaume-Uni de Xlinks.» Le projet jugé trop risqué et peu cohérent avec les objectifs domestiques La société britannique Xlinks proposait de construire un câble électrique sous-marin à courant continu haute tension (HVDC), d'une longueur de 3 800 km, afin de livrer de l'électricité solaire et éolienne générée au Maroc vers le réseau britannique. Pour garantir la viabilité économique de cette opération inédite, Xlinks avait sollicité un contrat bilatéral de type CfD (Contract for Difference), d'une durée de vingt-cinq ans, en vertu de l'article 10 de la Energy Act 2013. Un groupe interministériel relevant du Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ) a procédé à une évaluation technique et stratégique approfondie. Cette instruction a notamment analysé la compatibilité du projet avec les objectifs de décarbonation du Royaume-Uni et les risques inhérents à son exécution. «Ce projet serait le tout premier de cette ampleur, avec un cumul de risques structurels : sur le plan de la réalisation, de l'exploitation et de la sécurité», a indiqué le ministre. «Nous saluons les efforts remarquables déployés par Xlinks pour atténuer ces incertitudes, mais leur ampleur demeure un facteur décisif.» Priorité donnée aux solutions nationales Le gouvernement a souligné que sa «mission» énergétique, énoncée comme l'une des cinq grandes priorités de Rishi Sunak, repose sur deux piliers : parvenir à une électricité décarbonée d'ici à 2030 et accélérer la transition vers la neutralité carbone. Selon Michael Shanks, «le projet Xlinks ne s'aligne pas clairement avec notre objectif de développer une électricité produite localement sur le territoire britannique.» Il a également ajouté que «des alternatives nationales plus solides sont disponibles, présentant des bénéfices économiques plus manifestes pour l'emploi et les chaînes de production locales, tout en exposant moins les contribuables et les consommateurs aux aléas financiers.» Hommage à la coopération marocaine Dans un ton mesuré, le gouvernement a tenu à dissocier cette décision du partenariat qu'il entretient avec le Royaume du Maroc. «Le gouvernement exprime sa gratitude au Royaume du Maroc pour sa disponibilité à examiner ce projet novateur et pour l'appui constant de ses ministères tout au long de l'instruction», peut-on lire dans le communiqué. Le Royaume-Uni, qui a récemment signé un Partenariat stratégique renforcé avec Rabat lors d'une visite du secrétaire aux Affaires étrangères, David Lammy, réaffirme sa volonté de développer ses relations bilatérales. «Le Royaume-Uni considère le Maroc comme une destination d'investissement attractive et innovante, ainsi qu'un partenaire stratégique de premier plan dans les domaines de l'énergie propre, de la décarbonation et de la lutte contre le changement climatique», souligne la déclaration du DESNZ. Michael Shanks a rappelé que les deux pays codirigent ensemble le groupe de travail «Power» de l'Agenda des percées technologiques (Breakthrough Agenda) et collaborent étroitement dans le cadre du Conseil pour la transition énergétique de la COP. «Cette décision ne constitue en rien un jugement sur le Maroc comme partenaire stratégique, ni comme terre d'investissement», conclut le gouvernement britannique, qui dit espérer «ouvrir de nouvelles pistes de coopération» dans les secteurs d'avenir.