Le Maroc s'est érigé comme principal partenaire du Japon en Afrique, indique une analyse publiée par le Policy Center for the New South (PCNS), soulignant que le géant économique asiatique consolide et diversifie sa présence en Afrique. Le Japon a commencé à s'intéresser au continent africain avec les crises énergétiques qu'a connu le monde, notamment à partir de la première crise pétrolière de 1973, rappelle le PCNS dans son rapport intitulé « Le Japon en Afrique : un acteur actif mais discret », élaboré par Redouan Najah, spécialiste en Relations internationales au sein du centre de réflexion. Durant la période allant de 1974 à 1980, parallèlement à l'augmentation des importations en pétrole qui atteint 3%, l'Aide publique au développement (APD) japonaise à l'Afrique a augmenté de manière significative, atteignant 15 % de l'aide totale à l'Afrique à la fin des années 1980. Depuis le premier prêt d'APD au Maroc, qui date de 1976, plus de 37 projets de prêts ont été réalisés au Royaume pour un montant de 310 milliards de yens japonais (environ 27 milliards de dirhams) dans différents domaines, fait valoir le PCNS dans son chapitre intitulé « le Japon et le Maghreb ». Dans cette perspective, le Japon place le Maroc dans sa grande vision stratégique. « Le Maroc et le Japon entretiennent des relations marquées par une profonde amitié entre la famille royale marocaine et la famille impériale japonaise depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1956 », a relevé ladite analyse, notant que les deux pays collaborent ensemble dans différents secteurs. Selon les dernières données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'aide bilatérale du Japon au Royaume a presque doublé, passant de 34 millions de dollars à 61 millions de dollars entre 2019 et 2020, ajoute-t-on. Au cours des dix dernières années, le nombre des entreprises japonaises opérant au Maroc a plus que doublé, atteignant 75 contre 35 en 2015, et faisant du Royaume la deuxième destination des entreprises nippones en Afrique et du Japon le premier employeur privé étranger au Maroc, avec près de 50 000 employés, fait observer l'analyse. Le Japon souhaite ainsi développer davantage ses relations économiques avec le Maroc à travers une forte implantation des entreprises nippones, qui considèrent le Maroc comme une porte d'entrée vers l'Afrique, a souligné le Policy Center, citant le dernier rapport annuel 2021 « livre bleu diplomatique 2021 » du ministère japonais des Affaires étrangères. S'agissant du secteur bancaire, en marge de la TICAD 2019, Attijariwafa Bank a signé un mémorandum d'entente avec Mizuho Bank, l'une des banques leaders au Japon, rappelle-t-on. Le groupe Banque Centrale populaire (BCP) et le groupe Sumitomo Mitsui Banking Corporation (SMBC), deuxième plus grande banque du Japon, ont signé un MoU pour développer des opportunités d'affaires sur le continent, relève le rapport. De même, le volet agricole de la coopération maroco-nippone connait une dynamique caractérisée par la réalisation de nombreux programmes et projets de développement, liés notamment au conseil et à la formation agricoles, ainsi qu'au développement hydro-agricole, observe le Policy Center, précisant que le volume moyen des échanges dans ce secteur s'élève à 200 MDH, avec une prédominance des exportations du Maroc qui s'élèvent à environ 180 MDH en moyenne annuelle. Au niveau continental, l'implication du Japon en Afrique s'est traduite par des échanges commerciaux et des investissements directs, notamment en ce qui concerne les matières premières (minières, énergétiques et agricoles), principaux secteurs d'investissements des entreprises japonaises en Afrique, confirme le PCNS, ajoutant que le Japon importe environ 20 % de sa demande intérieure en engrais et en phosphate du Maroc. La coopération de deux pays a été renforcée par la tenue de la 5ème session de la commission mixte Maroc-Japon à Rabat en 2020, ponctuée par la signature de deux accords de coopération entrés en vigueur en 2022. Le Policy Center for the New South (PCNS) est un think tank marocain dont la mission est de contribuer à l'amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l'Afrique, parties intégrantes du Sud global.