L'UA salue la contribution du Maroc à la formation des observateurs électoraux en Afrique    La Commission européenne et le Maroc en pourparlers pour un accord stratégique sur la migration    Défense : Le Maroc et la France créent un comité armement    Errachidia : Mise en service du réseau d'irrigation associé au barrage Kaddoussa    Sahara : Le Polisario et l'Algérie se concertent après le soutien de Zuma au Maroc    Maroc : Ahmed Faras, une légende du football de Chabab Mohammedia à la gloire continentale    Marruecos: Ahmed Faras, una leyenda del fútbol del Chabab Mohammedia a la gloria continental    Five defining moments in the career of late Moroccan football legend Ahmed Faras    Mercado: Youssef El Khadim se une al Deportivo Alavés    Secteur des fruits : Le Maroc, contributeur majeur à la chaîne d'approvisionnement mondiale    Akhannouch : L'extension de l'usine Stellantis confirme l'attractivité du Maroc pour les investissements    Mohamed Lahlou : «Il faut instaurer une assurance contre les loyers impayés»    Le Maroc dépasse le million de tonnes de blé russe importé à fin juin    Fès-Meknès: La Société régionale multiservices projette plus de 29 MMDH d'investissement    Bourse de Casablanca : clôture dans le vert    Marhaba 2025 : Baitas évoque plus de 67.000 arrivées par jour    Démantèlement d'un réseau de drogue lors d'une opération conjointe en Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni    L'UE s'insurge contre l'Algérie suite aux nombreuses violations de l'accord d'association    Réforme du CNP : entre liberté d'expression et exigences de responsabilité    Real Madrid : l'espoir subsiste pour la signature d'Abdellah Ouazane    CAN féminine: « les joueuses sont motivées pour décrocher le billet des demi-finales » (Jorge Vilda)    Yahya Jabrane marque son retour au Wydad de Casablanca    Fenerbahçe dans l'impasse avec Amrabat : aucun club intéressé et un salaire trop élevé    Bouchouari sur le départ    Brahim Diaz, un avenir compliqué...    Maroc–Tchéquie : le gouvernement approuve le nouvel accord de coopération militaire    Le gouvernement marocain adopte un projet de loi instituant une fondation sociale pour les agents de l'administration pénitentiaire    Vers un ministère public citoyen, garant des droits et de la sécurité    États-Unis : les demandeurs de visas étudiants priés de rendre leurs réseaux sociaux « publics »    Agadir: L'Agence marocaine du sang installe sa représentation régionale    Festival des Plages Maroc Telecom : Une soirée d'ouverture réussie à M'diq sous le signe de la fête et du partage    Temps'Danse fait rayonner le Maroc à la Coupe du monde de danse en Espagne    Rabat réunit Marc Riboud et Bruno Barbey pour une exposition inédite    Mobilité académique : Les opinions numériques désormais passées au crible par Washington    Températures prévues pour vendredi 18 juillet 2025    Meurtre d'Erfoud : le coupable condamné à 30 ans de prison ferme    CPI-Israël : Rejet de la demande d'annulation des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant    Alerte au tsunami après un séisme au large de l'Alaska    LNFA. Barrages : Salé aura son derby la saison prochaine !    2ème édition du Festival national de l'Aïta : El Jadida ouvre le bal sous le thème: Fidélité à la mémoire, ouverture sur l'avenir".    Marchés publics : Tamwilcom et Finéa élargissent leur soutien aux entreprises    Message de condoléances de S.M. le Roi à la famille de feu Ahmed Faras    Irak : un centre commercial ravagé par les flammes fait 61 morts    Les prévisions du jeudi 17 juillet 2025    Interview avec Faraj Suleiman : « La musique doit laisser une empreinte »    14 juillet à Fès : quand l'histoire et la culture tissent les liens franco-marocains    L'UNESCO inscrit les tombeaux impériaux de Xixia au patrimoine mondial... La Chine poursuit la valorisation de son héritage civilisationnel    Festival des Plages 2025 : Maroc Telecom donne le coup d'envoi    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Sahara : Les dessous des gesticulations de la droite espagnole [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 17 - 07 - 2025

L'accueil du Polisario au Congrès du Parti Populaire espagnol n'est que le point culminant d'une longue remise en cause du soutien de Pedro Sanchez à la marocanité du Sahara. Décryptage d'une animosité de plus en plus flagrante.
Lundi, devant les journalistes, le porte-parole du Parti Populaire espagnol, Borja Sémper, a répondu aux remontrances du Parti de l'Istiqlal sur la position de sa formation politique sur le Sahara. Avec un langage hermétique, le porte-voix du PP est resté fidèle à son ambiguïté. "Notre position est publique et transparente, contrairement aux décisions prises par le gouvernement Sanchez», a-t-il déclaré, ajoutant que la politique étrangère de l'Espagne demeure indépendante et ne doit nullement être subordonnée à d'autres pays.
C'est en effet cette ambiguïté qui a poussé le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, à adresser une lettre au patron du PP, Alberto Núñez Feijóo, où il fait part de sa préoccupation quant à cette attitude controversée sur le Sahara, surtout après avoir reçu une délégation du Polisario lors de son congrès général. Le représentant du front séparatiste en Espagne, Abdullah Arabi, a été reçu publiquement en tant qu'invité spécial avec une cordialité excessive comme si le Parti Populaire voulait signifier que le soutien espagnol au plan d'autonomie n'engageait que le gouvernement de Pedro Sanchez qui a pris cette décision en 2022.

Une volonté de liquider l'héritage de Pedro Sanchez ?
D'ailleurs, le PP a assumé son opposition à la politique des socialistes en plaidant ouvertement pour le Droit international et les Résolutions des Nations Unies concernant l'affaire du Sahara. Dans son programme politique publié à l'issue du Congrès, le parti de l'opposition a appelé à des relations équilibrées à la fois avec le Maroc et l'Algérie. Allusion claire à une volonté de liquider l'héritage de Pedro Sanchez et détruire tout ce qu'il a bâti pendant son mandat où les relations maroco-espagnoles ont atteint leur apogée suite à la réconciliation triomphale des deux pays en 2022.
Les objurgations du Parti de l'Istiqlal ne sont pas passées inaperçues dans la presse ibérique. Quelques médias sont allés jusqu'à accuser Nizar Baraka de vouloir faire pression sur le PP. Mais cette mise en garde est une réaction à un acte jugé provocateur de la part d'un parti apte à gouverner un jour, qui demeure la principale force d'opposition en Espagne. Le Maroc devient ainsi un leitmotiv et un cheval de bataille dans le bras de fer de la droite contre les socialistes au pouvoir. "C'est certainement un acte provocateur, le PP veut manifestement se distinguer par rapport au Parti Socialiste, surtout sur la question du Sahara, à la veille d'une probable élection anticipée sur fond des accusations de corruption qui pèsent sur l'entourage de Pedro Sanchez", nous explique Mohammed Badine El Yattioui, Professeur d'Etudes Stratégiques au Collège de Défense (NDC) des Emirats Arabes Unis à Abou Dhabi. Selon cet expert, le patron du PP, Alberto Nunez Féijoo, n'a pas encore digéré sa défaite aux élections précédentes et semble avoir du mal à s'imposer politiquement face à Pedro Sanchez qui se porte bien avec un bon bilan économique. D'où le pari sur la question du Sahara qui continue de peser dans le débat politique et médiatique en Espagne. Cela permet au PP de se distinguer des socialistes au Parlement.
Le PP n'a eu de cesse de pourfendre la décision de Pedro Sanchez de soutenir le plan d'autonomie qu'il a essayé à maintes reprises de révoquer au Parlement à travers des motions et des propositions parlementaires.

Ce que le PP fait semblant de ne pas voir !
En gros, la droite, y compris VOX, accuse le PS d'avoir sacrifié des intérêts de l'Espagne pour se réconcilier avec le Maroc. Frôlant le complotisme, le PP soupçonne Pedro Sanchez de cacher les termes d'un accord prétendument secret conclu avec le Maroc à la veille de la réconciliation de 2022.
Quelques cadres du PP jugent même que cette réconciliation est trop favorable au Royaume, faisant fi des nombreux avantages qu'en tire Madrid sur les plans migratoire, sécuritaire, économique... Les acquis sont nombreux : essor de la coopération sécuritaire grâce à laquelle l'Espagne a pu déjouer une série d'attentats terroristes et démanteler nombre de réseaux de narcotrafic, réouverture des douanes commerciales, maîtrise de l'immigration clandestine, organisation conjointe de la Coupe du Monde et les nombreux contrats juteux engrangés par les sociétés espagnoles au Maroc sont la parfaite illustration du partenariat mutuellement bénéfique que les deux pays ont réussi à édifier après la parenthèse aujourd'hui oubliée de "Ghali Gate".
Mais pour la droite espagnole, dont une partie reste encore prisonnière des vestiges de l'ère franquiste et des phalangistes, l'idéologie prime sur la Realpolitik. Une partie importante des nationalistes espagnols, y compris l'extrême droite de VOX, peine à accepter le fait que le Maroc et l'Espagne puissent coopérer d'égal et égal. D'où cette perception du Maroc comme ennemi historique qui remonte souvent dans les sondages et les déclarations politiques. Une perception souvent partagée par des franges conservatrices à la fois dans les services de Renseignement et dans l'Armée.
La droite espagnole a de tout temps flirté avec le Polisario et considéré la question du Sahara comme un moyen de pression vis-à-vis du Maroc. Les déclarations de l'ancien Premier ministre José Maria Aznar le prouvent.
Le PP serait-il disposé à faire marche arrière sur le Sahara s'il arrive un jour au pouvoir ? Un scénario peu probable selon l'historien Abdelouahed Akmir, l'un des plus fins connaisseurs de la scène politique espagnole.
"L'Histoire des relations maroco-espagnoles pendant la dernière décennie montre qu'elles sont régies par la Realpolitik. Raison pour laquelle la position espagnole devrait transcender les clivages politiques parce que les intérêts sont tellement enchevêtrés qu'un changement aurait des conséquences irréversibles", explique-t-il dans une déclaration à «L'Opinion». Selon notre interlocuteur, l'ancien gouvernement de Mariano Rajoy, de droite, était conscient que l'Espagne avait intérêt à soutenir le plan d'autonomie sans avoir le courage de le faire puisque le scénario d'un Etat fantoche au Sahara a été jugé funeste par une étude de l'Institut royal d'études stratégiques Elcano. Pour sa part, M. El Yattioui estime que le PP aurait du mal à aller jusqu'au bout de sa contestation de la décision de Pedro Sanchez, car ses déclarations anti-marocaines ne sont qu'un discours destiné à la consommation interne.

Anass MACHLOUKH
Trois questions à Mohamed Badine El Yattioui : "Il y a une volonté chez le PP de ne pas laisser la question du Sahara à l'extrême gauche"
* Le PP semble très ambigu sur la question du Sahara. S'agit-il d'une conviction ou d'une stratégie politique ?
Cette ambiguïté est délibérément assumée sachant que l'ancien Premier ministre, José Maria Aznar, avait qualifié la décision de Pedro Sanchez d'erreur historique. Une partie du PP, surtout l'ancienne génération, qui est encore sur le devant de la scène, peine encore à considérer le Maroc comme un partenaire égal de l'Espagne car le Royaume avait imposé ses conditions à la veille de la réconciliation entre les deux pays en 2022. La déclaration conjointe a instauré une nouvelle ère et une coopération plus équilibrée qui tient compte des intérêts des deux pays. Pour le Maroc, la question du Sahara est le prisme par lequel il mesure la sincérité des partenaires. Cela est inacceptable pour une bonne partie de l'ancienne génération du PP qui semble vouloir revenir à tout prix à la position traditionnelle de la diplomatie espagnole. Là, il y a aussi une volonté de ne pas laisser le discours pro-Polisario à l'extrême gauche qui demeure l'un des plus fervents défenseurs du front séparatiste au Parlement.

* Pensez-vous que le PP puisse révoquer le soutien espagnol au Plan d'autonomie s'il arrive un jour au pouvoir ?
Je ne pense pas que le PP soit en capacité de le faire sachant qu'une telle décision aurait des conséquences majeures sur la coopération avec le Maroc aux niveaux sécuritaire, migratoire et économique. N'oublions pas qu'il y a des intérêts majeurs avec 800 millions d'euros d'investissements et d'accords à long terme. Raison pour laquelle je ne pense pas que le PP fasse volte-face car cela engendrerait immédiatement une réaction marocaine, sans oublier l'opposition des cercles d'affaires espagnols et une partie importante de la classe politique à un tel sacrifice de ce qui a été bâti durant l'ère Sanchez. Cela est d'autant plus improbable que l'Espagne n'a rien à gagner, au moment où le conflit s'approche de son dénouement aux Nations Unies. Un tel scénario ne ferait qu'isoler l'Espagne dans le cercle des pays qui pèsent sur le conflit à l'ONU, dont la majorité soutient la marocanité du Sahara.

* La droite espagnole, en général, et le PP, en particulier, semblent porter une hostilité historique à l'égard du Maroc. Comment analysez-vous cette sensibilité ?
Cela remonte à l'époque coloniale. N'oublions pas que le PP est un agrégat de tendances libérales, conservatrices et réactionnaires, y compris les franquistes de la Phalange. Une partie de la droite espagnole a vécu la récupération du Sahara comme une humiliation. Il y a également cette sensibilité qui existe chez les nationalistes espagnols, y compris dans l'Armée qui voit le Maroc comme une menace substantielle. Raison pour laquelle ils sont nombreux à croire que le règlement de la question du Sahara donnerait lieu à des revendications marocaines sur Sebta et Mellilia. Le PP est tout de même face à un paradoxe puisqu'une grande partie des cercles d'affaires vote pour lui. Les entrepreneurs et les hommes d'affaires ont une vision plus pragmatique du Maroc. Donc, la Realpolitik s'impose souvent face aux considérations historiques et idéologiques.

Recueillis par
Anass MACHLOUKH
Idylle maroco-espagnole : Les gains mutuels qu'on ne veut pas voir !
Depuis la réconciliation maroco-espagnole, la coopération n'a jamais été aussi étroite entre Rabat et Madrid. Chacun semble trouver son compte dans la refondation des relations qui a visiblement instauré un nouveau climat de confiance ô combien vital dans une relation aussi sensible entre deux pays condamnés par la géographie à coopérer. Pour l'instant, les gains sont mutuellement bénéfiques. En témoigne le commerce bilatéral qui a atteint des records historiques en 2024 avec un volume d'échanges de 22,7 milliards d'euros. En quatre ans (2020-2024), les exportations espagnoles ont flambé passant de 7,4 à 12,5 milliards d'euros, faisant du Maroc le septième client mondial de l'Espagne et le troisième hors de l'Union Européenne. Idem pour les investissements espagnols au Maroc qui ont culminé à 1,905 milliard d'euros. Un stock qui devrait augmenter dans les années à venir sachant que le Premier ministre Pedro Sanchez avait annoncé 800 millions d'euros d'investissements en marge du Conseil d'affaires en 2023. Par ailleurs, le commerce a progressivement repris à Sebta et Mellilia, en dépit des contraintes logistiques et techniques.
VOX : Le piège électoral du PP
Bien qu'il soit arrivé premier aux élections législatives anticipées de 2023, le Parti Populaire n'a pas pu reconquérir le pouvoir après avoir échoué à construire une coalition. Son alliance avec l'extrême droite de VOX ne lui a pas suffi pour obtenir la majorité au Congrès des députés. Ce fut un camouflet douloureux pour le patron du PP, Alberto Nunez Feijoo, qui a promis de redonner à la droite sa gloire perdue après le départ humiliant de Mariano Rajoy, renversé impitoyablement en 2018 par une motion de censure qui l'a contraint à remettre les clés du pouvoir à son rival Pedro Sanchez. Maintenant, le Parti Populaire compte toujours sur VOX pour gouverner. Or, l'extrême droite demeure tiraillée sur la question du Sahara puisqu'il y a un fort courant hostile au Polisario qu'il considère comme une organisation terroriste suite aux assassinats de plusieurs ressortissants espagnols aux Îles Canaries durant les années 80. "Compte tenu de cela, les deux partis peinent à parler d'une même voix sur le front séparatiste", fait remarquer Mohamed Badine El Yattioui.
Cependant, le PP et VOX ne tiennent pas moins le même discours sur Sebta et Mellilia qu'ils accusent sans cesse le Maroc de vouloir étouffer économiquement bien que les douanes commerciales soient rétablies. Cette hostilité partagée pour le Maroc n'est que le reflet d'une vieille animosité qu'entretiennent les cercles nationalistes espagnols. Un récent sondage de l'Institut royal Elcano a montré que 55% des Espagnols interrogés considèrent encore le Maroc comme un ennemi et une menace substantielle.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.