Ikram Kabbaj n'abandonne pas si facilement son rêve de «doter le Maroc d'un musée de sculpture contemporaine à ciel ouvert, essaimé dans plusieurs villes». Elle organise la cinquième édition du Symposium international de sculpture à Taroudant du 1er au 16 octobre, avec la participation d'une dizaine d'artistes internationaux de renom, qui se déplaceront d'Italie, ….. Les réussites des quatre premiers symposiums internationaux de sculpture (El Jadida en 2000 ; Tanger en 2001 ; Fès en 2002 et Essaouira en 2003) ne l'ont pas encouragé à dormir sur ses lauriers. Elle avait continué à taper aux portes des décideurs publics et privés afin de toucher, chaque année, une ville. Hélas, la culture, en plus du fait qu'elle ne nourrit pas l'artiste, n'est pas une cause suffisamment ancrée, y compris chez les franges les plus acquises. Malgré la sourde oreille des autorités communales et territoriales de bien des villes, elle a continué à défendre son projet, y compris dans les grandes rencontres internationales de sculpture, où elle était omniprésente. Elle sillonnera le monde, depuis 2003 pour marquer sa présence dans les grands forums de sculpture et défendre son projet qui préconise une démocratisation de l'art et de la culture. Outre la tenue d'expositions dans les grandes villes du Maroc. Son périple l'amena en Europe (Espagne, France, Belgique, Suède et Grande Bretagne), aux Etats Unis d'Amérique, au Vietnam et en Corée du Sud, en Turquie et dans les pays arabes (Liban, Egypte, Emirats arabes, Koweït, Syrie). Le petit bout de femme, qui ne se sépare que rarement de sa blouse, persévère et remet sur le tapis, à chaque fois, les valeurs qui l'animent, le partage durable avec le public et la contribution au rayonnement artistique du Maroc, par un travail bénévole et tenace. Partout, elle a plaidé pour la «constitution d'une collection de sculptures au profit du citoyen et du domaine public et l'initiation d'une culture de l'art public». Pour cela, elle frappe à la porte des décideurs pour « intégrer l'art dans la conception du paysage urbanistique », tout en menant des actions de sensibilisation des citoyens à la création et plus particulièrement à la sculpture, sans omettre de s'adresser à ses pairs artistes afin qu'ils soient conscients du rôle qu'ils peuvent et doivent jouer dans le développement du pays. Car, naturellement, les œuvres des artistes nationaux et internationaux, qui deviennent du domaine public et qu'il faudra «protéger contre toutes les atteintes», est un cadeau inestimable offert à la ville, à habitants et visiteurs, tant nationaux que ceux qui viennent des quatre coins du monde. Il a fallu attendre l'initiative du président de l'Association Art Point de Taroudant, Giampetro Moretti, cet Italien amoureux de Taroudant, «le petit Marrakech» où il a élu domicile, et que le Maroc a adopté. C'est grâce au mari d'Akram, le dramaturge Mohamed Kaouti, que l'initiative a été concrétisée, après une rencontre entre les deux hommes sur le Net, sans laquelle «rien n'était possible», comme l'affirme le président d'Art Point. Pour lui, «les autorités locales ont manifesté leur volonté d'ouverture à la coopération utile et au développement des initiatives culturelles, tout particulièrement, les murailles ». Ce partenariat donnera naissance à cette cinquième édition qui verra la participation d'une brochette d'artistes sculpteurs de grand talent de Belgique, du Maroc, d'Egypte, d'Italie, de Grèce, d'Iran, de Turquie, de Bulgarie et du Japon. Ainsi, du 1er au 16 octobre, Ikram Kabbaj et ses illustres invités raviront la vedette à Taroudant, travailleront d'arrache pied pour doter la ville d'un espace publique artistique, qui sera une belle contribution au développement du patrimoine artistique de la ville et du pays. Ils « tailleront marbre et pierre en plein air et Taroudant gardera ces sculptures monumentales dans un espace public », comme dira Ikram Kabbaj lors d'une conférence de presse tenue dernièrement à Casablanca. Il s'agira, ajoutera l'artiste, d'œuvres de 3 mètres cubes dont «l'inspiration est respectée, plutôt que la thématique». Elle a opté «pour un jardin public et travaille avec un paysagiste». L'artiste ne délaisse pas ses œuvres dans les quatre villes. Elle fait souvent des déplacements d'observation et de suivi afin de s'enquérir de leur état. Et si pour Essaouira, Tanger et El Jadida, celles de Fès ont « été malheureusement déplacées ». Ce qu'elle déplore avec une grande amertume. Il est clair que la cause de l'art, si elle fait, très lentement, fait son bout de chemin, le terrain n'est pas jonché que de roses. Le combat doit se poursuivre pour sensibiliser les autorités nationales et locales sur l'apport des initiatives artistique de grande portée publique. C'est pourquoi, Ikram Kabbaj, qui a tenu à remercier les responsables de la ville pour leur coopération efficace, ne perd pas l'espoir que l'aventure de Taroudant soit suivie par l'ouverture d'autres villes à cette démarche citoyenne hautement désintéressée.