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Livre/Essai : «Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées» (partie 5) - Chapitre II : un siècle et demi de malentendus
Publié dans Albayane le 27 - 07 - 2012

«España - Marruecos : Heridas sin cicatrizar» (Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées) est le titre d'un essai sociologique qui vient de paraître en espagnol à Madrid. Ecrit par le journaliste-sociologue marocain, Mohamed Boundi, l'ouvrage décortique le discours des médias espagnols sur le traitement de la question marocaine et explique les causes qui motivent la persistance dans le temps et dans l'imaginaire collectif espagnol d'un ensemble de préjugées, stéréotypes et images déformées de la société marocaine.
Dans un exercice de mémoire et d'analyse bibliographique, nous allons explorer dans ce chapitre les conjonctures et le contexte dans lesquels se sont construits les préjugés, stéréotypes et images d'amour/haine. Nous considérons qu'il sera indispensable de répertorier les principaux événements historiques si nous aspirons à mieux comprendre les topiques qui prédominent dans les perceptions négatives.
Dans ce contexte, il nous semble plausible qu'il faudrait citer trois phases cruciales dans l'histoire des relations bilatérales depuis la seconde moitié du XIX siècle : la Guerre hispano-marocaine (Guerre d'Afrique ou de Tétouan selon les espagnols : 1859-1860), la question marocaine dans la Restauration bourbonienne en Espagne (1875-1912) et la présence espagnole au Maroc, au XX ème siècle durant le protectorat (1912-1956).
2.1.- La question marocaine dans la mémoire collective espagnole
L'aventure militaire espagnole avait commencé au Maroc, au XIX siècle, comme une sorte de rivalité avec la France en politique d'expansion en Afrique du Nord et la prétention d'occuper une partie des territoires de la rive sud de la Méditerranée dans le cadre de la stratégie européenne de division de l'Afrique.
C'est en ce moment qu'intervint la Guerre de Tétouan.
Celle-ci fut décisive dans l'équation marocaine pour avoir révélé au grand jour les points de faiblesse de l'armée du Sultan devant la pression exercée de la part d'une puissance européenne de moindre importance. Le paiement des indemnités de guerre exigées par l'Espagne comme conséquence de la défaite dans cette guerre, aura précipité la perte par le Maroc de son indépendance.
2.1.1.- la guerre de Tétouan ou comment se laver l'orgueil national
L'occupation par l'armée espagnole de l'archipel des Iles Jaâfarines, en 1848, fut le détonateur d'une série de tentatives de créer dans le nord du Maroc une zone d'influence. Comme nous allons le voir plus tard, la signature du Traité de Paix et d'Amitié de Tétouan (25 avril 1860) pour mettre un terme à la Guerre d'Afrique, la parenthèse du protectorat espagnol et la rétrocession graduelle au Maroc des territoires de Tarfaya (1958), Sidi Ifni (1969) et du Sahara (1975), illustrent la pérennité des contentieux territoriaux entre les deux Etats.
Le voisin du sud se trouvait au point de mire des intérêts économiques de l'Espagne à cause de la perte des possessions territoriales dans les Antilles et des Philippines. Conscients de l'absence d'une politique extérieure en Méditerranée musulmane, les secteurs colonialistes espagnols allaient opter pour l'appui d'une pénétration pacifique au Maroc. Depuis l'abandon de Cuba, en 1898, ce projet s'est converti en une ambition stratégique pour trois facteurs fondamentaux : la recherche de marchés extérieurs, l'expansion française en Afrique du Nord, et, les conséquences de la révolution industrielle en Europe.
Cette attitude s'appuie sur un antécédent. Le soutien apporté par le Maroc à l'Emir Abdelkader, leader de la résistance algérienne à l'occupation française, avait servi de prétexte pour l'armée française pour écraser l'armée marocaine dans la bataille d'Isly, le 14 août 1844. Dans une phase postérieure, elle procéda au bombardement de Tanger et Essaouira, respectivement les 6 et 15 du même mois. Ces deux actes furent décisifs pour mettre en évidence les carences dues à l'absence d'une préparation professionnelle dont souffrait l'armée marocaine. La conclusion du Traité de Lalla-Maghnia, le 18 mars 1845, entre français et marocains pour mettre fin aux hostilités avait déterminé le tracé de la frontière entre le Maroc et l'Algérie. Le traité, considéré comme outrageux par la population, eut comme conséquence la perte de l'autorité morale et l'attrait dont il jouissait depuis le moyen-âge, en tant qu'empire et défenseur des valeurs de l'islam en Occident. Encouragés par l'apogée de l'industrialisation en Europe, les appétits colonialistes se sont accrus, en plaçant parmi leurs objectifs, le marché marocain pour son faible tissu économique et entrepreunial.
Les échanges commerciaux avec l'Afrique subsaharienne et l'Algérie ainsi que l'ouverture sur le commerce avec l'Europe sont des facteurs qui ont aussi incité les négociants et marchands de Gibraltar, de Marseille et Manchester à venir s'installer aux ports de Larache, Mazagan (El-Jadida actuellement) et Anfa (Casablanca).
Comme conséquence de la forte pression exercée par les intérêts européens, fut signée en 1856 une convention qui attribue à la Grande-Bretagne une série d'avantages douaniers et d'autres d'ordre juridictionnel. Considérant insuffisants les privilèges accordés dans des conventions similaires, la France et l'Espagne durent renoncer à revendiquer les droits de la Nation la plus favorisée.
C'est dans ces conditions qu'intervient un imprévisible incident entre marocains et espagnols. Débordés par les abus des autorités de Sebta, les habitants de la localité d'Anjra ont détruit une fortification espagnole. L'incident fut considéré comme une offense à l'orgueil espagnol et un idéal prétexte pour soupeser la capacité de réaction du voisin du sud. De pareils incidents, fussent-ils plus ou moins graves, ne furent jamais considérés comme une justification pour entreprendre une attaque armée. Nous rappelons, à titre d'exemple, que l'assassinat du consul d'Espagne à Mazagan, en 1844, ne fut qualifié de motif suffisant qui aurait conduit à un conflit armé. De la même manière, les fréquentes attaques contre les présides occupés par les tribus rifaines furent constamment ignorées. Toutefois, l'incident de Sebta fut présenté à l'opinion publique espagnole comme étant une très grave agression contre l'intégrité nationale pour justifier une réaction impitoyable de la part du gouvernement alors dirigé par le général Leopoldo O'Donnell Y Joris. Comme conséquence immédiate, la mobilisation d'une armée forte de 50.000 hommes avait conduit à l'Union Sacrée et plus tard à l'occupation de Tétouan après « une campagne sans gloire », comme signalaient Lecuyer et Serrano dans leur ouvrage intitulé « La guerre d'Afrique et ses répercussions en Espagne : 1859-1904 » (PUF, 976). Incapable de convaincre la Grande-Bretagne et la France de créer une Alliance Tripartite en vue de s'approprier la cote méditerranéenne du Maroc, l'Espagne avait entrepris ainsi en solitaire la guerre comme s'il s'agissait d'une expédition punitive contre les villages limitrophes de Sebta. En même temps, le général O'Donnell avait obtenu sans grande peine le soutien unanime des Cortes (parlement) qui avait adopté la Déclaration de Guerre au voisin du sud, el 22 octobre 1859. Grâce à l'appui des groupes d'intérêts, le gouvernement devait mener durant deux mois une campagne de persuasion d'une opinion publique indécise sans se décider à élucider les nombreuses inconnues que comportait le projet belliqueux. Il a joué sur la fibre sentimentale rappelant la campagne de haine à l'égard du « el moro » et qualifiant de «croisade» la guerre contre le Maroc. Les hostilités ont commencé le 19 novembre 1859, le jour où les premiers contingents de l'armée se sont mobilisés à partir de Sebta en direction des zones limitrophes. Une armée irrégulière marocaine, composée de 25.000 hommes venus à l'appel du Sultan pour la défense des frontières nationales, a résisté pendant deux mois de bataille avant de succomber devant les attaques des troupes d'O'Donnell pourtant bien armées. Tétouan a été occupée finalement le 6 février 1860. En dépit du déséquilibre des forces, 8.000 soldats espagnols sur les 50.000 engagés sur le champ de bataille, ont péri soit dans les combats soit à cause des maladies et le cholera.
L'intervention des anglais a finalement forcé les deux parties à s'asseoir à la table des négociations pour conclure un accord d'armistice, le 23 mars 1860, mais Tétouan ne sera évacuée de ses occupants que le 6 mai 1862. Pour éviter la progression des troupes espagnoles vers Tanger et avorter toute tentative d'annexion totale de Tétouan au préside de Sebta, l'Angleterre avait décidé d'intervenir pour parrainer la conclusion du traité d'Oued Ras, le 26 avril 1860. Le sultan Mohamed IV (1859-1873) avait ainsi autorisé des rectifications dérisoires introduites par l'Espagne au tracé frontalier dans la banlieue de Sebta et Melilla. Il avait également concédé un port, dans un endroit imprécis de Santa Cruz de Mar Pequenia, que la diplomatie espagnole avait confondu avec Santa Cruz de Aguer (port d'Agadir). A suivre ...


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